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En souvenir du bon vieux temps [PV Nathanael]

Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
Rang IV - Sénateur
Messages : 1007
Date d'inscription : 17/03/2018
Dim 18 Mar - 23:00
Alyvan Chaldren
Assis dans son bureau sénatorial sur sa planète natale, Alyvan contemplait d’un air absent la pile de documents qui se trouvaient devant lui, sans aucune envie de les parcourir. Pour la plupart, il s’agissait essentiellement de rapports sur la situation sur Coruscant, ainsi que de discussions en cours avec le nouveau sénateur de Saleucami, le précédent ayant péri dans des circonstances tragiques un an auparavant. De manière générale, les wrooniens tenaient à entretenir des relations étroites avec leurs colonies, et le trentenaire ne dérogeait pas à cette règle, s’inscrivant de plein pied dans la continuité de ses prédecesseurs. Même si, en fait, dans bien des domaines, il n’avait guère fait preuves d’originalité. N’avait-il pas été élu sur un programme qui prônait précisément la continuité des traditions diplomatiques de Wroona, entretenues patiemment depuis des millénaires par son peuple aussi riche que tolérant ? Oui, par bien des aspects, le politicien n’avait rien d’un révolutionnaire. Il avançait à petits pas, fidèle à son instinct et à son esprit rationnel plutôt qu’à une réelle idéologie, sauf en ce qui concernait son goût pour les sciences, qu’il encourageait dans les hautes sphères. Ainsi, son implication dans le développement des nouveaux programmes médicaux et technologiques républicains n’était un secret pour personne, tout comme ses diatribes enflammées pour l’ouverture de davantage de places dans les universités du Noyau dévolues aux jeunes en difficulté des planètes de la Bordure.

Soupirant, incapable de se concentrer, le Sénateur se leva de son confortable fauteuil pour observer l’étendue bleutée qui se trouvait en bas. Il adorait ce bâtiment, érigé à l’ouest de la capitale wroonienne qui était entourée d’un bras de mer, qui surplombait avec douceur l’immense océan dont le ressac s’échouait délicatement sur la plage près de l’immeuble. Seul face à cette vue magnifique, apaisante, digne de cette planète où il faisait bon vivre, Alyvan se prit à rêvasser de temps meilleurs, où la République ne paraissait pas sur le point de se déchirer et où le Noyau n’était pas sourd aux cris d’alarme de la Bordure Extérieure. Plusieurs fois, le scientifique avait été alerté par des explorateurs wrooniens des mouvements alarmants venant du nord, de ces raids au nom de Mandalore effectués en un temps record sur quelques planètes, ou sur des transporteurs commerciaux. Il avait tenté de faire remonter ces faits aux acteurs influents de la Rotonde, sans guère de succès. Pour beaucoup, il ne s’agissait que des méfaits ordinaires des clans mandaloriens, de la piraterie tout au plus. Et puis, la Bordure Extérieure était si loin … Pourquoi s’en soucier, alors qu’il avait déjà tant à régler au cœur de la République ? Evidemment, la mort du Sénateur de Coruscant avait tout balayé. Impossible de parler du reste de la galaxie quand le mastodonte républicain avait été touché, frappé en plein cœur, et que tout accusait l’éminent et respectable Sénateur de Camaas. Des représentants diplomatiques qui s’assassinaient, voilà qui faisait les choux gras de la presse, et le cauchemar de tous les démocrates et pacifistes qui assistaient à cette déliquescence avec horreur.

« Monsieur, un vaisseau du Corps d’Exploration Jedi s’est posé à l’astroport. Le Gouverneur a pensé que vous aimeriez en être informé, puisque vous avez déjà eu affaire à eux … »

La voix de son secrétaire personnel avait résonné derrière lui. Intrigué, Alyvan acquiesça sans se retourner, se demandant bien quel était le message caché derrière cette transmission singulière. Etait-ce un moyen pour le gouvernement de Wroona de lui faire comprendre qu’il serait de bon ton qu’il sonde le Jedi sur les agissements ou les positionnements de son ordre ? A moins qu’il ne s’agisse d’une façon délicate de lui annoncer qu’aucun autre officiel ne désirait se déplacer, et qu’il était de son devoir de faire office d’envoyé des autorités ? Ou bien, tout simplement, une attention sincère de la part des dirigeants de la planète ? Difficile de le savoir. Il demanda doucement, son ton trahissant cependant sa curiosité :

« Ils ont indiqué quelque chose à propos de l’identité de notre visiteur ? »

« Un certain … Kort ? Chevalier Kort, je crois. »

Un sourire s’épanouit sur le visage grêlé du Sénateur. S’il s’agissait bien de celui qu’il croyait, alors, cette rencontre allait s’avérer amusante, même si elle risquait de ne pas le faire rajeunir, en le renvoyant dix ans en arrière, quand il était encore un jeune et insouciant scientifique, heureux d’accomplir des missions d’exploration et d’étudier de nouvelles formes de vie pour ses recherches … Quand il travaillait encore pour Curax Entreprise. Et que l’enfer ne s’était pas abattu sur Vortex. Qu’il … Bref. En fait, quand il était une toute autre personne que celle qu’il était à présent. Est-ce qu’il la regrettait ? Un peu. Tout était infiniment plus simple, à cette époque. D’un autre côté, il avait le pouvoir d’agir, aujourd’hui. Il n’y avait pas que du mauvais à son évolution. Ne se départissant pas de son air rêveur, comme s’il peinait à s’arracher à ses souvenirs, Alyvan répondit dans un souffle :

« Je vais aller l’accueillir. »

Attrapant un manteau, le Sénateur sortit de son bureau pour s’engouffrer dans l’ascenceur qui allait le mener en bas du bâtiment. Une fois sur le parvis, il attendit que le speeder que son secrétaire n’avait pas manqué d’appeler arrive pour monter dedans, et il se laissa conduire jusqu’à l’astroport, présumant que les autorités avaient dit au Jedi d’attendre, qu’un officiel n’allait pas tarder à l’accueillir. Quelques minutes à peine plus tard, il était arrivé et bientôt, il se trouvait face à l’invité, qu’il détailla avec un léger amusement. Evidemment, lui n’avait pas changé. Merveille de la physiologie de son espèce !

« Chevalier Kort, c’est un plaisir de vous accueillir sur Wroona, en tant que Sénateur de cette planète, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue … »

Bien sûr, il avait commencé par utiliser les paroles protocolaires d’usage, comme il convenait en pareilles circonstances. Néanmoins la formalité céda rapidement place à une expression plus chaleureuse, alors qu’il ajoutait :

« Je suis ravi de te revoir, Nathanael. Tu n’as pas changé. J’avoue que j’aimerais pouvoir en dire autant. »

Son visage grêlé disait les années écoulées et les événements passées, même si son aspect juvénile l’avait préservé de l’essentiel des affres du temps. Pour combien de temps encore bénéficierait-il de ce métabolisme étrange, qui avait cependant l’inconvénient de le rendre relativement ridicule face à tous les bonzes du Sénat ? Impossible de le savoir.
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
Rang III - Chevalier Jedi
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Lun 19 Mar - 11:02
Nathanael Kort
Là où bon nombre de jedis passaient le plus clair de leur temps entre les quatre murs de leur temple, à méditer et répéter les mêmes leçons pour s'ouvrir à la Force et tâcher de la comprendre, plusieurs d'entre eux avaient choisi une voie un peu moins orthodoxe. Sans parler des sentinelles qui étaient encore un cas à part, plusieurs jedis choisissaient en pleine connaissance de cause de rejoindre l'un des quatre corps jedi qui possédaient chacun leur importance. Bien sûr la plupart de ses membres étaient des candidats de l'Ordre Jedi rejetés par manque de capacités mais plusieurs membres à part entière de l'Ordre n'hésitaient pas à prêter main forte à ces pauvres hères, Nathanael était l'un de ces individus. Au moment de couper sa tresse quelques trois décennies plus tôt le jeune Kort aurait pu choisir de se détourner du Corps et de vivre à sa manière, de parcourir la galaxie sans aucune attache et de revenir ensuite vers l'Ordre pour former un padawan à son tour, mais il en avait décidé autrement. Il avait pour ainsi dire grandi au sein du Corps d'Exploration Jedi et à ce titre il s'y sentait plus à sa place que dans n'importe quel Temple Jedi de cette galaxie. Son rôle était de parcourir les étoiles et d'explorer les confis de la galaxie pour découvrir des territoires encore inexplorés, pas de rester enfermé dans une salle de classe à répéter les mêmes leçons à des élèves au regard vide d'intérêt  pareil à celui d'un poisson mort. C'était son insatiable curiosité alliée à une énergie semblant inépuisable qui faisait de ce chevalier l'un des membres les plus actifs du corps d'exploration, sans compter un pilote de talent et un bretteur presque inégalé, mais cela il le savait déjà.
Aujourd'hui encore le jeune anzati s'était porté volontaire pour une énième mission de reconnaissance dans la bordure sud de la galaxie, là où restait encore tellement de territoires à découvrir. Alors pourquoi faisait-il cette tête déconfite, alors qu'il avait l'occasion d'explorer une nouvelle planète ? Parce qu'il revenait justement de cette planète où il n'avait trouvé absolument rien d'intéressant. Ce n'était rien de plus qu'un gros caillou stérile ne comportant pas la moindre trace de vie et, pour couronner le tout, après analyse ce gros rocher ne comportait même pas le moindre métal ou minéral pouvant avoir un quelconque intérêt. Nathanael avait-il perdu son temps ? Oui, mais au moins il avait l'occasion de voyage et de piloter, ce qui n'était déjà pas si mal.
Enfoncé dans son siège de pilotage, il fut sur le point d'aller s'allonger tout en laissant le pilote automatique le ramener à la maison lorsqu'un voyant rouge s'alluma sur son tableau de bord. À la vue de l'identité dudit voyant, le chevalier comprit ce qui était en train de se passer et lâcher un :

« Oh mais quel con...»

Ce voyant était celui du carburant, indiquant son niveau relativement bas qui ne permettrait pas au vaisseau d'exploration de rentrer à la maison. Avait-il oublié de faire le plein avant de partir ? Avait-il oublié de demander à ce que le plein soit fait ? Apparemment oui. L'air bougon il se mit donc à pianoter sur l'ordinateur de bord pour trouver une planète suffisamment grande pour abriter un spatioport ou autre bâtiment dans lequel il pourrait faire le plein. Wroona , Hum, cela devrait faire l'affaire. Une fois le vaisseau sorti d'hyperespace et cette planète océanique enfin en vue, le garçon entra en communication avec l'astroport pour demander :

« Ici le chevalier Kort du Corps d'Exploration Jedi. Demande autorisation d’atterrir pour refaire le plein. »

Le jedi n'était pas connu pour s’embarrasser de manières, mais être poli en transmettant une demande ne lui coûtait vraiment rien. Quelques instants plus tard il reçut une réponse positive ainsi que l'emplacement auquel il pouvait se poser. Son vaisseau d'exploration au ton gris toucha donc enfin la terre ferme quelques instants plus tard, avec que le propriétaire ne s'en extirpa par la soute désormais ouverte. Alors que des droïdes et autres personnels de maintenance s'affairaient déjà à remplir le réservoir du vaisseau, une paire de garde indiqua au jedi qu'il devait attendre. Attendre qui ? Un officiel qui viendrait l'accueillir, chose qui ne manqua pas de le surprendre. D'ordinaire il ne s'arrêtait jamais assez longtemps pour que quelqu'un vienne l'accueillir, mais ce geste n'était pas hors du commun. La plupart du temps un officiel venait accueillir un jedi afin de lui soutirer des informations ou, dans l'autre cas, pour se faire bien voir afin de s'attirer les faveurs de l'Ordre : après tout il fallait bien tenter, non ?
Se demandant bien quel rond de cuir allait bien vouloir l'accueillir et l'endormir à coup de flatteries et de discours ronflants, un sourire amusé se dessina sr le visage de l'éternel lorsqu'un visage familier apparut dans son champ de vision. Oh oui une telle longévité s'accompagnait d'une mémoire impressionnante si bien qu'il ne fallut qu'un instant pour que Nathan se souvienne du jeune wroonien de jadis, aujourd'hui devenu sénateur de sa planète d'origine. Quelle ascension !
Alors que les mots du sénateur arrivèrent à ses oreilles, c'est avec amusement que le jedi répondit :

« Sénateur, en voilà une bonne surprise. »

Du fait de sa profession le jeune homme était régulièrement en contact avec de nouveaux peuples si bien qu'il avait appris comment fonctionnaient les rouages politiques, les ronds de cuir avaient toujours deux visages : celui qu'ils montraient en public et celui qu'ils s'autorisaient à dévoiler à leurs proches. Apparemment le jedi tombait dans la seconde catégorie, en effet rares étaient ceux – même au sein de l'Ordre – qui se sentaient assez proche de lui pour s’autoriser à l'appeler par son prénom.
Souriant de plus belle à la remarque du wroonien sur son physique inchangé, le garçon répondit :

« Bah il n'faut pas dire ça. T'es pas mal conservé non plus. »

Avec le temps l'anzati avait fini par accepter sa situation en sachant que tous finiraient par vieillir et disparaître tandis qu'il resterait toujours le même. Cadeau ou malédiction ? C'était par ses actes que sa vie tomberait dans la première ou la seconde case, nul besoin de dire qu'il avait l'intention de tirer le meilleur d'une existence potentiellement éternelle. Ce fut alors avec son manque de tact et sa franchise habituels que le chevalier conclut par une question très simple :

« Il y a quelque chose à boire par ici ? Je me rincerais bien le gosier. »

Bien sûr il n'avait techniquement pas besoin de boire ou de manger, son corps étant un véritable mystère pour la médecine moderne, mais cela ne l'empêchait pas d'apprécier ce liquide corsé lui réchauffant les entrailles. Eh bien quoi ? Il n'y avait pas de mal à se faire du bien !
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
Rang IV - Sénateur
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Mar 20 Mar - 0:03
Alyvan Chaldren
Objectivement, avant de travailler avec le Corps d’Exploration Jedi, Alyvan avait toujours considéré que les membres de l’Ordre devaient être tous des espèces de sage, disciplinés, des guerriers de la lumière un peu stéréotypés, des diplomates calmes et imperturbables … Ce n’étaient là que des pensées de gamin qui n’avait pas encore été confronté à la pluralité de la galaxie dans son ensemble. Les Jedis n’échappaient pas à la règle. Nathanael Kort en était la preuve vivante. Qui aurait pu penser que ce solide gaillard jovial appartienne à cette confrérie ? Clairement, il aurait sans doute plus eu sa place dans un vaisseau de contrebandier ou d’explorateur, vu qu’il était l’image du baroudeur téméraire personnifié. Au départ, en le côtoyant, le wroonien s’était demandé s’il était l’exception qui confirmait la règle. Puis, après avoir effectué plusieurs voyages avec des personnes appartenant à ce Corps particulier, il en était venu à penser que les missions affectées à ce dernier exigeaient sûrement des caractères particuliers, un peu éloignés des standards Jedis. Mais tous l’avaient détrompé. L’Ordre était à l’image de la galaxie : mouvant. Avec les années, le trentenaire ne pouvait s’empêcher de considérer que finalement, les Jedis et les wrooniens n’étaient pas si différents. Après tout, parmi les habitants de Wroona, il y avait les sédentaires, attachés à leurs habitudes, leurs traditions, leurs clans et familles … Et puis il y avait ceux qui ne s’en satisfaisaient pas, les nomades qui partaient à l’aventure et faisait la renommée de son espèce. Il y avait des wrooniens hautains, d’autres perpétuellement joyeux … Et il y avait lui, si peu sûr de lui, jamais très à l’aise, qui ne rendrait pas non plus dans les canons de ce qu’on attendait d’un représentant de son espèce. Pourquoi, après tout, penser qu’il n’en allait pas de même dans n’importe quelle organisation ?

Manifestement, Nathanael n’avait rien perdu de son naturel … Ou bien, peut-être que son approche ayant rapidement écartée les politesses l’avait mis à l’aise ? Ce n’était aucunement calculé. Alyvan avait juste cette impression de retrouver un visage familier … Amical même ? Oui, il le croyait. Ses souvenirs de son temps passé à explorer la galaxie au nom de la science étaient inestimables, à étudier pendant des heures ce que le solide anzat appelait en grommelant « trois brins d’herbe gluants » et qui étaient à ses yeux un trésor inestimable, puis les dîners au coin du feu sur une planète lointaine, les petites histoires des uns et des autres … Il s’agissait d’un autre temps, plus heureux. Plus insouciants, en tout cas, de cela il était certain. A l’époque, il pensait changer le monde, l’avenir de la science et de la médecine … Quel idiot. Comme si les scientifiques changeaient quoi que ce soit sans appui, sans argent. Comme s’ils ne pouvaient pas tout détruire. Se détruire. L’amertume le submergea, mais il se reprit, essayant de ne pas laisser sa si basse estime de lui-même gâcher ces retrouvailles impromptues, mais néanmoins agréables. Pourtant, il tiqua légèrement aux paroles réconfortantes, paradoxalement, du Jedi. Il ne voyait donc pas les cicatrices sur son visage ? Vraiment ? Il n’était pas … laid ? Transformé ? Certes, un non-averti pouvait, de loin, ne rien voir en raison de la teinte bleuâtre de sa peau. Mais lui qui avait toujours eu honte de son apparence … Disons que « l’accident » n’avait pas contribué à rehausser sa confiance en ses charmes. Finalement, il décida d’évacuer la chose par l’humour, afin de cacher son malaise aussi discrètement que possible :

« A la réflexion, vu mon physique de gamin, je ne sais pas si je dois le prendre comme un compliment. Toujours pas de barbe, et apparemment, toujours pas l’air adulte et respectable. Je note, je note. »

Pas le temps de s’appesantir, et Alyvan se sentit envahi d’une réelle gratitude lorsque le Jedi demanda avec naturel s’il n’y avait pas de quoi boire, lui arrachant un petit rire aigu, son rire ordinaire qu’il détestait, sonnant trop féminin à son goût. Enfin … En même temps, il n’y avait pas grand-chose qu’il aimait chez lui, le wroonien. Il y en avait un qui ne perdait pas le nord, en tout cas !

« Sur une planète constituée en majeure partie d’eau, ce serait un comble qu’il n’y ait rien à boire … »


Pince-sans-rire, Alyvan ? Pas du tout ! Juste un peu. Beaucoup.

« On peut aller dans mon bureau. D’abord parce que comme ça, mon gouvernement sera tout content qu’on leur rapport que j’ai obtenu un entretien avec un Jedi … Et ensuite parce que mes prédécesseurs m’ont laissé d’excellentes bouteilles. »

D’un geste, il lui fit signe de le suivre et quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant le speeder sénatorial, suffisamment confortable pour tenir à deux sur la banquette arrière pendant que son chauffeur les reconduisait vers l’imposante bâtisse qui lui tenait lieu de villégiature sur Wroona. Le passage de la sécurité fut une formalité, une fois que le Sénateur eut expliqué que son comparse était un invité, membre de l’Ordre Jedi. Et enfin, ils débouchèrent dans les très confortables appartements qui lui étaient dévolus, et auxquels le mot bureau ne rendait guère justice. L’intérieur était vaste, décoré avec goût, un rien de luxe, quelques couleurs bariolées comme les wrooniens les aimaient, avec un piano au milieu, petit plaisir que le Sénateur s’était accordé en récupérant cette pièce de collection à un antiquaire d’Alsakan.

« Je crois qu’il est par là … Ah le voilà ! »

Triomphalement, Alyvan sortit un brandy corellien d’une cache dans un mur et sortit deux verres du bar qu’il avait à sa disposition, afin d’accueillir dignement ses invités diplomatiques. Une fois le liquide ambré versé, il fit un geste en direction d’un fauteuil pour inviter l’anzat à y prendre place, lui-même s’asseyant en face.

« J’espère qu’il satisfera ton palais … »

Il porta le verre à ses lèvres. Oui, il était parfait.

« Qu’est-ce qui t’a amené dans cette partie de la galaxie ? Une participation à la finalisation de l’avant-poste que l’Ordre Jedi a construit sur Mustafar, peut-être ? »
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
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Mar 20 Mar - 18:53
Nathanael Kort
Le jeune anzati avait passé assez de temps dans le monde extérieur pour savoir ce que le citoyen moyen pensait des jedis et de leur Ordre. Ces individus étaient au moins considérés comme des guerriers nimbés de mystère et au pire comme des illuminés doneurs de leçons. Était-ce nouveau pour Nathan ? Pas le moins du monde mais il n'en tenait rigueur à personne, en vérité il se fichait pas mal de l'étiquette qu'on pouvait lui coller sur le front car il se savait différent des autres. Pas seulement différent sur le plan de la physiologie ou de la longévité, c'était l'évidence-même, il se savait aussi plus curieux et ouvert d'esprit que beaucoup sans parler de son talent naturel. Aussi il savait toujours que les premières rencontres pouvaient décontenancer ses interlocuteurs, ne s'attendant pas à avoir affaire à un individu pareil, mais au final tous arrivaient à s'habituer. Alors que la conversation reprenait avec le jene sénateur, le jeune anzati ne put s'empêcher de sourire à la réponse de son interlocuteur qui fit semblant d'être offusqué par la boutade dudit jedi. Effectivement le jeune ppoliticien semblait assez jeune mais cela ne devait pas l'inquiéter pour autant, son camarade tenta de rattraper le coup d'un:

« Nah je te taquine ! Et le côté jeune et innocent plaît à certaines, j'en suis sûr ! »

La conversation enchaîna ensuite et, quand le jedi fit part de son désir de se rincer le gosier avec quelque chose, son interlocuteur crut bon de faire un petit trait d'humour pour alléger un peu la situation, trait d'humour auquel le chevalier Kort ne fut pas insensible. Écoutant les paroles du wroonien, le jeune anzati ne manqua pas de répondre rapidement:

« Vu sous cet angle...mais je voyais plus un petite breuvage affiné avec le temps, corsé à t'en retourner les entrailles.»

Était-il un fervent consommateur de boissons alcoolisées ? Pas vraiment mais il appréciait les bouffées de chaleur et le sensation du liquide coulant le long de sa gorge. Après tout sa phisiologie n'avait rien de semblable dans toute la galaxie, aussi l'alcool et autres drogues n'avaient clairement pas le même effet sur lui que sur un humain moyen. S'en plaignait-il ? Pas vraiment, mais il n'était pas adepte de ces vices-là de toute façon. Mais bientôt, alors que le politicien convia son camarade à le suivre dans ses quartiers, celui-ci évoqua la présence de bouteilles ce qui ne manqua pas de ravir le jeune jedi se fendant d'un:

«  Ah, là tu sais comment me parler !  »

Restant relativement silencieux tout le temps du trajet, Nathanael ne put cacher sa surprise en pénétrant dans les luxueux appartemment du sénateur qui, de toute évidence, avait très bien réussi sa vie. Sifflant pour faire écho à l'admiration qu'il avait pour ce lieu transpirant la richesse par tous les murs, le jeune jedi fut amusé de faire le comparatif entre son propre foyer et celui de son vieux camarade. Si le politicien dvait beaucoup jouer sur l'apparence pour parvenir à ses fins, jouant de promesses et de discours ronflants, rien n'était moins important que la fonctionnalité pour le chevalier. Celui-ci n'avait jamais vraiment cherché à instaurer un peu de confort dans son vaisseau qui était aussi son foyer, excepté son lit où il s'autorisait un peu de repos de temps en temps, mais il ne pouvait s'empêcher de sourire devant la différence flagrante entre sa façon de vivre et celle du wroonien. Après tout ils venaient de deux monde diamètralement opposés, cette différence ne l'étonnait pas vraiment.
Suivant son camarade, le jeune homme s'enfonça dans le fauteuil qui lui fut indiqué, souriant à la vue de la bouteille que tenait Alyvan. Recevait-il toutes ses connaissances avec d'aussi bonnes bouteilles ou Nathan avait-il droit à un traitement de faveur ? Dur à dire, la réponse n'était finalement pas si importante que cela.
Posant un regard intrigué sur le verre qui lui fut tendu, le jedi porta son nez juste au-dessus du doux breuvage et la senteurqui titilla ses sens ne put que le ravire. Lentement, précautionneusement, le jedi versa une partie du breuvage dans sa bouche et cette sensation si familière ne put faire disparaître le sourire de sa bouche. Une fois le liquide au fond de son gosier, c'est dans un soupir d'enchantement que le Kort lâcha:

«  Ah ça m'avait manqué. »

Alors comme cela le sénateur voulait savoir ce que venait faire le jedi dans le coin ? Assurément les travaux de construction n'étaient guère du ressort de Nathan. Il était parfait pour voyager et découvrir mais s'installer ? Se poser ? Très peu pour lui. Faisant tourner le reste du liquide dans son verre, l'observant d'un air pensif, c'est sur un ton à moitié absent qu'il répondit:

«  Rien d'aussi excitant malheureusement, enfin tout dépend du point de vue. Une petite mission d'exploration vers le sud, mais ça n'a rien donné de concluant. Juste un gros rocher stérile sans rien d'exploitable; J'ai un peu oublié de refaire le plein et...me voilà. »

Et le voilà, c'était tout ? Non. Si d'autres se seraient permis de juger la raison de l'arrivée du jedi sur cette planète, le concerné se fichait pas mal de l'opinion que des inconnus pourraient avoir de lui. Il savait aussi que le wroonien le connaissait assez pour se moquer mais sans aller au-delà.  Ce fut donc quelques instants plus tard qu'il compléta son speech par:

«  Pas de moquerie, ok ? Ça arrive même aux meilleurs...surtout aux meilleurs, apparemment. »

Toussant pour se redonner une contenance mais aussi pour changer de sujet, Nathan dévia la conversation en lançant la balle à son camarade d'un subtil :

«  Et toi ? Qu'est-ce que tu racontes de beau depuis notre dernière rencontre ? T'es sacrément montré en grade. »
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
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Sam 24 Mar - 18:03
Alyvan Chaldren
« Je n’ai jamais eu beaucoup de femmes venant se jeter dans mes bras … Du moins, qui récemment, le font pour moi, et seulement pour moi. »

Le haussement d’épaules qui accompagna cette phrase à l’amertume contenue résumait la solitude du wroonien, qui, outre le fait que son manque de stature l’avait toujours tenu éloigné de la gaudriole, n’appréciait que peu son soudain regain de popularité. Encore sur Wroona, il n’était pas trop sollicité. Mais sur Coruscant, lorsqu’il devait s’y rendre … Les courtisanes avides d’accrocher un politicien d’une planète riche ne manquaient pas, à son grand désespoir. Résultat des courses : incapable de répondre à ces sollicitations autrement que par un balbutiement gêné, Alyvan avait fini par les détester tout à fait, déçu malgré lui de se rendre compte qu’il était désormais logé à la même enseigne que tous les autres. Peut-être que certains en auraient pris leur parti. Sauf qu’il n’oubliait pas l’opprobre jetée par sa propre naissance. Sa bâtardise avait conditionné son enfance douloureuse, et même s’il avait appris à l’accepter, le fait de contempler la famille légitime de son géniteur en s’en sachant exclus, autant par respect que pudeur, et ce alors que sa filiation était désormais un secret de polichinelle, lui causait toujours un pincement désagréable au cœur. Jamais il n’infligerait ça à un de ses enfants. Tant pis. Il s’était fait au célibat, et n’avait plus eu de relation réelle depuis sa rupture avec son amour de jeunesse. Il se souvenait d’une liaison éphémère avec une collègue de laboratoire, plusieurs années auparavant, qui avait fini très rapidement, les deux amants ne désirant pas la même chose de cette relation, de quelques coups de cœur n’ayant abouti à rien, ou si peu … Et la chasteté contrainte depuis son élection, incapable qu’il était de savoir ce qui motivait celles qui l’approchait, tout en étant soucieux de conserver intacte sa réputation. Un scandale était vite arrivé. Il savait que certains membres de la Rotonde peu scrupuleux payaient des prostituées pour se trouver en compagnie galante avec leurs adversaires, avant de faire circuler les images compromettantes … Or une partie de sa popularité demeurait fondée sur sa probité. Bref, non, être seul, ce n’était pas un problème.

Les envies d’alcool de l’anzat le firent sourire, alors qu’ils s’en allaient. Il pouvait comprendre l’envie de se décrasser le gosier à coup de brandy, d’où sa suggestion qui ne paraissait pas être tombée dans l’oreille d’un sourd. Au moins, ainsi, il fera plaisir, se ferait plaisir, et ferait plaisir au gouvernement de Wroona. Tout le monde serait content donc ! Certes, il n’agissait pas précisément pour obtenir les réponses que désirait les wrooniens, même s’il poserait les questions pour étancher sa propre curiosité. Pour autant, dans les arcanes du pouvoir, les amitiés étaient trop rares pour ne pas savoir apprécier et chérir un moment qu’il savait sans arrière-pensées. Même si le Jedi et lui ne s’étaient pas vu depuis des années, Alyvan doutait que Nathanael ait beaucoup changé sur ce point, et leurs échanges jusqu’ici indiquaient à l’inverse que sa personnalité n’avait guère dévié : toujours aussi solaire, naturelle, un peu brute de décoffrage dans le bon sens du terme. Non, le Jedi demeurait semblable à ses souvenirs, et c’était tant mieux. La familiarité n’était pas souvent de mise, en sa présence, même si les mondanités le mettaient toujours aussi mal à l’aise. Finalement, il avait l’impression, en lui parlant, d’être une personne normale. La sensation était plus que plaisante. Il avait envie de ne pas être le Sénateur de Wroona, au moins un peu, mais juste un ami avec qui on parle d’un peu de tout. La perspective le ravissait. Une fois le brandy débouché, et alors que le Jedi exprimait son bonheur alcoolisé, Alyvan laissait un sourire s’épanouir sur son visage, tandis qu’il se calait plus profondément sur sa place, profitant du moelleux du capitonnage rouge, semblable à celui de l’Orbe Bleue, le vaisseau gouvernemental de la planète, la signature du fournisseur de l’élite de Wroona. Son sourire s’élargit à mesure que Nathanael lui narrait ses péripéties, pour finir en un bel éclat de rire alors qu’il commentait son raté avec humour.

« Désolé, c’est juste que … J’essaye d’imaginer la future tête de ton rapport à tes supérieurs … Avec la petite mention à la fin qui dira que ça arrive aux meilleurs. »

Certes, ce n’était guère charitable, mais tout de même. Lui-même tentait de savoir comment le gouvernement allait réagir quand il apprendrait qu’il s’agissait d’un pur hasard malencontreux. Alyvan était prêt à parier qu’ils s’imaginaient déjà tous en pourparlers secrets avec l’Ordre Jedi … Quels idiots. Enfin …

« J’ose espérer que les autres meilleurs n’oublient pas trop de faire le plein, je dois collaborer prochainement avec un autre membre de ton Ordre … Une certaine Neela Acksedge … Je suis mandaté par le Sénat pour une mission sur Ando, et les Aqualish ont demandé un renfort des Jedis. »

Inutile de préciser que travailler avec la femme qui avait permis la mort du Sénateur de Saleucami, un de ses plus proches collègues de travail, n’était pas nécessairement agréable ou rassurant. Lorsqu’il avait reçu la missive de l’Ordre signé de la main de leur Grand maître, son enthousiasme avait été particulièrement limité. Certains wrooniens dans les hautes sphères avaient crié à l’insulte. Cependant, il n’allait pas parlementer quarante ans avec le Conseil Jedi à ce sujet, estimant que l’affaire était trop urgente pour laisser ses craintes altérer son jugement … Finalement, le détournement de la conversation par le Jedi arrivait à point nommé, même si …

« J’avoue que je ne sais pas par où commencer. Effectivement … beaucoup de choses ont changé, depuis mes mois de collaboration avec l’Explocorps. »

Trop. La mélancolie le submergea, même s’il la chassa rapidement, honteux de se laisser aller sans cesse à ressasser un passé fantasmé et qu’il savait correspondre à une fausse réalité. Mais voilà, il avait été heureux, et dénoncer les agissements de Curax Entreprise lui avaient coûté son innocence et sa joie de vivre. Ses illusions envolées, le wroonien avait vainement essayé de reprendre le cours de son existence, dont les heurts lui rappelaient sans cesse que sa vie ne serait plus jamais comme avant.

« Je ne sais pas si tu as entendu parler, il y a plusieurs années, du scandale Curax Entreprise ? C’est … à cause de moi qu’il a éclaté. Enfin, plus exactement, j’ai découvert que mon entreprise a utilisé certaines de mes premières recherches pour vendre à des … personnes peu scrupuleuses une toxine qui a été répandue sur la planète Vortex, afin de la soumettre par la force … Je suis sûr qu’après plusieurs mois, ils seraient venus en héros, leur présentant l’aide de Coruscant et de la République en leur offrant la formule pour combattre la toxine …

Quand j’ai découvert ça … J’ai synthétisé une molécule capable de combattre l’infection sur Vortex, et j’ai rassemblé des preuves contre Curax Entreprise … avec l’aide de … mon père. C’est un ancien Sénateur d’ici. On a jamais vraiment eu de relations, et il ne reconnaîtra jamais officiellement que je suis son fils. Mais il m’a aidé. A ce moment, et puis quand mon nouveau labo a … explosé. »


D’un doigt légèrement tremblant, Alyvan montra les cicatrices grêlant son visage.

« Accident. Officiellement. Tu parles. Mais ça m’a fait comprendre que … je restais une cible. Et j’ai voulu ne plus l’être. Mon père cherchait un candidat pour contrer un adversaire politique qui promouvait justement le rapprochement avec Coruscant et les grandes firmes, rompre avec notre politique ordinaire … Il m’a encouragé. J’ai essayé.

Et … Voilà. Je suis Sénateur, plongé dans les méandres de la politique républicaine, à regarder mes collègues se regarder entre eux comme on observe des bactéries grandir et se phagocyter au microscope. »
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
Rang III - Chevalier Jedi
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Sam 24 Mar - 21:43
Nathanael Kort
Sans être pour autant un spécialiste de la gente féminine le jedi savait qu'il ne laissait clairement pas les demoiselles indifférentes et, si son côté sauvage et mûr ne laissait clairement personne indifférent, force était de constater qu'il n'en profitait pas autant qu'il le pourrait. Pourquoi ? Parce qu'il avait d'autres choses plus importantes en tête comme sa quête de gloire et de renommée, ce qui surpassait toutes les femmes du monde, mais aussi parce qu'il était beaucoup plus souvent en mission que sur la terre ferme. Difficile de nouer une relation avec qui que ce soit lorsque la chose avec laquelle il passait le plus clair de son temps était son vaisseau d'exploration, mais de temps à autres il essayait toujours de prendre un peu de temps pour se poser et discuter un peu avec son maître. Mais ce n'était pas vraiment pareil, pas le même genre de relation. Mais même s'il n'e profitait pas le jeune jedi avait assez d'expérience pour savoir comment faire craquer une demoiselle et, si les atouts de son interlocuteur différaient des siens, le jeune anzati savait que plusieurs demoiselles pourraient facilement fondre pour le politicien sans qu'il n'ait besoin de préciser sa profession. Bien sûr l'agenda d'un sénateur devait être assez rempli mais, du point de vue de Nathanael, quand on voulait obtenir quelque chose on pouvait facilement se trouver du temps. Mais peut-être que le politicien ne le voulait pas autant que cela, peut-être avait-il d'autres priorités en tête à commencer par sa carrière ce que le jedi pourrait très facilement comprendre. Lorsque le wroonien évoqua son manque d'expérience en la matière, n'ayant fait que peu de rencontres sincères, le jedi plongea son regard dans son verre une fois de plus et lâcha sur un ton pensif :

« Je t'aurai bien aidé dans ce domaine, mais je ne pense pas rester assez longtemps pour pouvoir le faire. »

Même s'il n'était pas le meilleur des pédagogues Nathanael était aussi connu pour son côté attachant et la chaleur humaine qu'il diffusait partout où il allait. Dans d'autres circonstances aurait-il pris quelques jours pour arpenter la planète avec son camarade, à la recherche d'une femme qui en valait la peine ? Peut-être bien mais, très honnêtement, depuis son accession au rang de chevalier il avait passé les trois décennies suivantes à ne penser qu'au boulot et enchaîner les missions sans discontinuer. C'était pour cela qu'il ne pouvait promettre son aide à son camarade, car il n'était pas certain de pouvoir tenir son serment : l'appel de l'espace était plus fort que tout. Mais alors quand ? Cette curiosité naturelle connaîtrait-elle un jour des limites ? L'anzati finirait-il par se poser un jour ? Peut-être bien mais au vu de son extraordinaire longévité, au vu de tout ce qui lui restait encore à découvrir à travers la galaxie, il n'était clairement pas prêt de se poser et de prendre le temps de créer quelque chose de durable. Fonder une famille ? Très peu pour lui, de toute façon pour cela il faudrait déjà trouver une autre anzatie et celles-ci ne courraient clairement pas les rues.

Embrayant sur la raison de sa venue ici, admettant bien volontiers son petit oubli de carburant, le jeune homme ne put s'empêcher de sourire à la franche réaction du politicien qui n'avait pas perdu de son humour avec le temps. Le jedi allait-il mentionner son oubli dans son rapport ? Il pourrait le faire, cela n'aurait aucune incidence sur son dossier absent de toute situation similaire, mais bientôt sa réponse se fit entendre.

«Ah oui, mais non. Tu te doutes bien que ce petit oubli sera absent de mon rapport, j'ai quand même une réputation à tenir. Je compte évidemment sur ta discrétion. »

Même si l'exploration de la galaxie lui tenait vraiment à coeur, le jeune jedi n'oubliait pas pour autant que son objectif était la gloire ainsi que la renommée qui allait avec. Il voulait que son nom soit gravé dans le marbre pour les milliers d'années à venir et, de ce fait, il devait commencer par se montrer irréprochable aux yeux de ses pairs. Pourquoi ? Parce que si son attitude était responsable de son inaccession au poste de maître jusqu'à présent, en grande partie du moins, le jedi aimait à penser que ses nombreux faits d'armes et sa contribution au Corps d'Exploration pourraient compenser ce petit détail.
Bientôt son interlocuteur rebondit sur cet oubli pour s'interroger sur la généralité de celui-ci, citant même la mission à laquelle il participerait bientôt. Ce à quoi le jedi répondit:

«C'est le premier truc qu'on vérifie normalement. Mais là...on va dire que j'étais trop pressé de partir. Comme toujours.  »

En vérité l'Ordre était tellement vaste qu'il était compliqué de se souvenir des noms et parcours de chacun, surtout lorsqu'on était très éloigné du Temple comme cela pouvait être le cas du chevalier ici présent. Certes il essayait de rester informé des étoiles montantes au sein des rangs jedis, ainsi que des grands noms de l'Ordre encore en activité, mais son éloignement rendait cette tâche aussi difficile que pénible. Aussi connaissait-il vaguement le nom de la jedi mentionné mais, en toute honnêté, sa connaissance de la personne s'arrêtait à peu près à cela. Bien sûr Nathanael ne souhaita pas faire part de son ignorance dans le sujet et laissa son vieux camarade poursuivre son petit speech sur ses récents déboires. Enfin, récents...selon les critères d'un homme avec une extraordinaire longévité.
Le jedi n'avait pas besoin de la Force pour svoir ce que ressentait son camarade à l'évocation de ces évènements passés, ceux qui avaient définitivement laissé une marque sur son visage. Il avait été trahi, doublé mais au final il s'en était finalement retrouvé grandi notamment grâce à l'appui de son géniteur. Il pouvait être fier de son parcours, Nathanael pouvait au moins dire cela.
Cependant, à bien y réfléchir, le jeune homme ne put s'empêcher de se demander si son camarade était vraiment heureux là où il se trouvait, dans cet espèce de nid de serpents où tous se verraient bien prendre sa place à la moindre occasion. L'univers de la politique était extrêmement froid et cruel de ce que le jedi en savait et, se demandant comment on pouvait être heureux dans ce domaine, il répondit :

« Il y a des moments où j'apprécie la simplicité de ma vie. Celui-ci en est un. Tu n'as jamais eu envie de tout lâcher et vivre plus simplement ? Loin de la vie politique ? »

Rebondissant sur cette demande, l'anzati termina son verre en une seule gorgée avant de demander:

« D'ailleurs, des projets futurs ? »
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
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Lun 26 Mar - 23:49
Alyvan Chaldren
« C’est gentil … Mais je suis bien comme je suis. Tout ça … ça ne m’a jamais beaucoup intéressé je crois. »

En appeler à un Jedi pour des leçons de séduction … Sa fierté en aurait pris un coup tout de même. Même si certains avaient des vies intimes, d’autres étaient d’une chasteté à faire pâlir le plus rigoriste des adorateurs du Pius Dea. Parfois, Alyvan se demandait comment des personnalités si différentes pouvaient cohabiter, défendre les mêmes valeurs, puis il se rappelait qu’au sein de la Rotonde, la même dichotomie existait. Après, peu importait, le trentenaire n’avait pas envie de se lier, pas maintenant, alors qu’il était constamment occupé et sur le devant de la scène … Et qu’il était habitué à être seul, finalement. Sa dernière vraie relation remontait à presque quinze ans. Avec le temps, il avait pris des habitudes de vieux garçon, de célibataire endurci qui aimait sa tranquillité et ses études. De toute manière, sa timidité le rendait peu sociable en dehors des obligations professionnelles, qui avait hélas prit le pas sur son intimité depuis qu’il avait accédé au rang de Sénateur. Alors renoncer à ses petits moments avec lui-même, le soir, avec un bon verre dans la main et un datapad de la dernière revue scientifique de la République ? Sûrement pas ! Sans doute qu’avec l’âge, son confort devenait plus important, et sa tolérance à une acclimatation pour une cohabitation avait considérablement baissé. Ou alors, il se berçait de fausses raisons pour ne pas voir la réalité en face : il avançait vers la quarantaine, ses meilleures années passaient, et il demeurait désespérément seul, incapable de passer outre les barrières qu’il se fixait pour essayer de prendre sa vie en main, et d’y apporter un peu de douceur ou d’agrément, autrement que par une rencontre furtive qui ne mènerait à rien. Sauf que c’eut été reconnaître que cela lui manquait, or il s’y refusait, persuadé qu’il était mieux ainsi, sans attaches, sans personne à décevoir, à mettre en danger aussi.

Plaisanter, boire du vin, voilà qui lui convenait davantage. Même si sa situation personnelle ressurgit brutalement quand le Jedi lui posa la question qu’il ne fallait pas, finalement. Parce que la réponse instinctive, celle qui lui brûlait la gorge autant que ce brandy corellien qu’il vida soudain cul sec, c’était oui, évidemment. Bien sûr qu’il désirait revenir à sa vie d’avant, où il n’avait à se soucier que de molécules et d’expertises médicales. L’ennui, c’était que cette vie s’était terminée le jour où il avait décidé d’affronter Curax Enterprise, et de sortit de son rôle de petit savant bien sage enfermé dans son laboratoire comme un roi dans sa tour d’ivoire. Il avait décidé d’agir selon ses convictions, et toute son existence avait basculé, jusqu’à le mener inéluctablement à ce qu’il était aujourd’hui, qui n’était pas son monde, qu’il détestait parfois. Mais il savait qu’imaginer être autre chose, redevenir un simple scientifique était hors de sa portée, car il serait toujours le Sauveur de Vortex … et son fossoyeur, aussi. Jamais il ne pourrait supporter ne plus avoir de droit de regard sur ses recherches et leur devenir. Certes, il pouvait se contenter de son propre laboratoire … Mais à quoi bon, alors qu’il savait que tant de choses allaient mal dans la galaxie ? A quoi bon oui … Pourquoi espérer des chimères qui étaient passées ?

Surtout, au milieu de ces considérations se dressait sa conscience politique. Même s’il n’avait pas forcément la même éthique que ses collègues de la Rotonde, il en possédait une. Que dire à tous ces hommes et ces femmes qui lui avaient fait confiance, à son peuple à qui il avait promis une représentation digne et honnête, qui se soucierait de garantir l’influence de Wroona dans la galaxie ? Espérer changer d’existence, c’était bafouer la foi qu’ils avaient en lui, donner raison à ceux qui déclaraient qu’on ne pouvait pas mettre l’avenir d’une planète entre les mains d’un novice, d’un homme qui n’était pas du sérail mais venait de la société civile. C’était démontrer que tous ses détracteurs avaient raison depuis le début. Et cela, il ne le supporterait pas.

« Si bien sûr … Bien sûr … Je n’ai pas étudié tout ça … Ce n’est pas mon monde, ni ce pourquoi j’ai travaillé, encore moins ce dont je rêvais …

Redevenir un anonyme enfermé dans son laboratoire, c’est tentant … Mais ça n’arrivera pas. Je le sais bien. Le jour où j’ai causé la faillite de Curax Enterprise … J’ai signé la fin de cette vie que je n’aurais plus. J’ai essayé, tu sais. Et j’ai récolté un paquet de cicatrices. »


Il soupira, avant de poursuivre :

« En plus … Je sais que ça peut paraître ridicule … Et pourtant, je me sens redevable pour mon élection, envers les gens qui m’ont aidé, qui ont cru en moi, qui ont accepté de soutenir un type qui n’avait pas de connaissances, qui était … comme eux, tu vois ? Qui ont bien voulu croire à ce que je leur disais, qui ont pensé que je saurais … les représenter correctement, être leur porte-voix, celui des gens normaux, qui ne comprennent pas ce qu’il se passe sur Coruscant, qui veulent juste qu’on les laisse vivre leur vie, ou qu’on les aide à la vivre mieux.

Et ça … Je peux le faire. Essayer … Que mon peuple conserve ses droits, que nos colonies ne soient pas abandonnées, rassembler du soutien alors que tout le monde se désintéresse de la Bordure Extérieure …

Alors … C’est sûr que pour moi, ce serait plus facile. De revenir à ma vie d’avant. Mais je ne peux pas abandonner ceux qui compte sur moi.

A la fin de mon mandat, peut-être que j’arrêterais, oui. Si je ne suis plus utile. »


Doucement, son regard se fit plus vague :

« A ce moment-là, je reprendrais mes anciennes recherches sur les thérapies géniques multiples. Ou je partirai en exploration … à nouveau. Je n’y pense plus vraiment, en fait. Mon avenir se résume pour le moment à essayer de démêler tout ce qu’il se passe sur Coruscant, en ce moment, et à essayer de préserver les intérêts de Wroona … »

Dardant à nouveau son regard sur Nathanael, il osa enfin demander :

« Je présume que ton Ordre fait à peu près pareil ? Surtout vu votre position là-dedans, les demandes du Chancelier Suprême de lâcher Camaas … Sans doute que pour la majeure partie des Jedis, ça n’a pas d’intérêt, alors que pour vos diplomates, c’est important, même s’ils voudraient peut-être se plonger dans des études de Jedi ?

C’est un peu ça, ici. Pour moi. »
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
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Mar 27 Mar - 21:46
Nathanael Kort
Dire que les jedis n'étaient pas les plus grands spécialistes du monde en drague ou en relations charnelles aurait été l'euphémisme de la galaxie car, si le fait d'avoir des enfants et une famille était encore assez toléré au sein de l'Ordre dans son ensemble, nombreux étaient ceux qui voyaient déjà en cette proximité un risque évident de sombrer et d'emprunter la même voie que leurs cousins déchus. En effet tout attachement émotionnel créait une espèce de dépendance de laquelle rien de bon ne pouvait en ressortir, ou presque. La perte d'un être cher ne provuoquait-elle pas une déchire dans l'âme de l'autre resté seul ? La séparation n'engendrait-elle pas du ressentiment, de la jalousie ou même de la colère ? Les exemples pouvaient être nombreux mais, au final, beaucoup de jedis prenaient ce risque ne serait-ce que pour perpétuer leur lignée et que leur nom ne tombe pas dans l'oubli. Et puis, à bien y regarder, nombre de ces familles voyaient naître des futurs chevaliers plus que capables et ainsi on pouvait y voir un vivier potentiel pour les futurs générations, un moyen de remplir les rangs de l'Ordre. Mais fort heureusement le jeune anzati n'était pas sujet à ces aléas émotionnels, les relations entretenues dans son passé n'avaient été que des passades et aucune d'entre elles n'avait réussi à faire chavirer son coeur...en supposant que son anatomie particulière en possède un. Était-il insensible ou simplement volage ? Certains pourraient dire un peu des deux mais, à l'image de la prise en charge  d'un padawan, l'anzati préférait se laisser le temps de se sentir prêt plutôt que de presser la chose et en être déçu. De plus avec la voie qu'il empruntait il ne rentrait pas assez souvent pour pouvoir fréquenter qui que ce soit, étant plus souvent enfermé dans son vaisseau que dans tout autre lieu, autant dire qu'une relation dans ces conditions n'était guère idéale.
Enfin, si le concept d'une relation était de pouvoir procréer afin que son nom perdure avec le temps, deux choses venaient faire obstacle. La première était le fait de trouver une partenaire compatible pour procréer, cela devait être forcément une autre anzati et celles-ci se faisaient rares et discrètes. Le deuxième point et non des moindres concernait la prolongation de son nom de famille. Sans parlait du fait que son nom n'était qu'une invention car il n'avait jamais connu les siens, un anzati n'avait généralement pas besoin de s'inquiéter car la vieillesse n'était clairement pas une clause plausible de décès. Théoriquement les membres de cette race mystérieuse étaient capables de vivre éternellement, aussi avait-il tout le temps du monde pour faire ce qu'il désirait avant de se poser...en supposant qu'il le veille, car la sédentarité n'était pas du tout attrayante à ses yeux.
Laissant donc son camarade lui dévoiler le manque d'intérêt qu'il avait dans ce domaine, ne souhaitant pas rebondir davantage sur ce sujet sur lequel il ne désirait pas s'attarder, le jedi laissa le politicien s'étendre sur son futur et la possibilité d'une vie plus calme et loins des feux des projecteurs. En vérité la galaxie était suffisamment vaste pour que le plus médiatisé des individus puisse complètement disparaître sans que personne ne le retrouve, moyennant quelques menus dépenses, mais encore fallait-il vouloir disparaître et retomber dans l'anonymat le plus total. Après tout, doux était ennivrant qu'était le goût de la gloire et de la célébrité, bon nombre de concernés n'arrivaient jamais à s'en détacher comme des junkies courrant après leur prochaine dose.

Si au départ le jedi pensait son camarade coincé dans sa vie, ne voyant pas une issue pour s'en sortir, il réalisa son erreur au fur et à mesure des explications. En effet s'il n'arrivait pas à voir la lumière au bout du tunnel, à voir une vie au-delà de celle qu'il menait actuellement, le wroonien se sentait surtout redevables des personnes à qui il devait son poste à savoir tous ses électeurs. Et cela faisait un sacré paquet de monde ! Si l'anzati ne se sentait redevable en personne excepté son maître, il arrivait facilement à comprendre ce qui motivait le bleu à rester à son poste contre vents et marées. Après tout quel capitaine quitterait son navire à la moindre secousse ?
Alors que le politicien faisait le parallèle entre ses objectifs éventuels et ceux des diplomates jedis, ceux qui préféraient amasser des connaissances et appaiser les conflits plutôt que de polir leurs talents au sabre laser, le jeune chevalier se contenter de hocher la tête d'un air absent. En effet cela faisait prêt de trente ans qu'il résidait presque exclusivement entre son foyer volant et l'un des vaisseaux assigné au Corps d'Exploration Jedi, enchaînant les missions à un rythme effrené sans avoir le temps ou l'envie de s'intéresser à la politique de l'Ordre. Lui était un gardien, un pilote et un explorateur, il laissa l'administration et les réunions interminables à d'autres plus patients et perspicaces que lui.


« Tu sais, moi et la politique de l'Ordre...je laisse ça aux autres. Faire ce dans quoi je suis le meilleur m'occupe largement assez comme ça. »

Alors qu'il allait se lever de son siège pour aller se servir un autre verre, le jeune anzati fut étourdi par un écho dans la Force, par la panique et le désespoir émanant d'une grande quantité d'individus. N'étant pas le plus perspicace des jedis, il savait bien que pour qu'il sente lui-même ce genre d'avertissement cela ne présageait rien de bon. Et une fois encore il fut dans le vrai. Un grand bruit strident fut audible à des kilomètres à la ronde et, lorsque le jeune homme se pencha vers la fenêtre pour jeter un oeil, il observa la scène horrible qui se jouait devant lui. À la périphérie de son champ de vision un train venait de dérailler et, après plusieurs centaines de mètres d'une glissade incontrôlée, venait de s'écraser de plein vouft contre un bâtiment de taille modeste.
Serain et calme grâce à des années d'expérience et de discipline mentale, le jeune homme se leva de sa chaise et se dirigea vers la sortie tout en lâchant sur un ton léger et plat:


« Le devoir m'appelle, apparemment. J'imagine que tu auras ta part de boulot, aussi. »

Décidémment ce n'était pas aujourd'hui qu'il pourrait se reposer.
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
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Jeu 29 Mar - 16:46
Alyvan Chaldren
Alyvan percevait l’Ordre Jedi comme une sorte de nation qui ne l’admettait pas. Quelle réelle différence après tout ? Il avait sa capitale, ses règles, ses lois, sa justice, son gouvernement, ses diplomates, ses guerriers, ses scientifiques, ses professeurs, ses agriculteurs … Honnêtement, même si cela n’aurait sans doute pas plu à un Jedi, il avait envie de dire que cette confrérie tenait plus de l’Etat que de la simple association de bonne volonté. Ce n’était pas un mal, à ses yeux. Après tout, il s’agissait d’offrir une société à des personnes qui, à cause d’un don particulier, seraient sans doute exclues des cultures classiques de la galaxie. L’ignorance et la peur étaient des facteurs de haine puissants. Personne n’aimait une personne qui, par un hasard de naissance, avait des chances plus élevées de réussite que soi. C’était vrai de ceux nés à une meilleure place, ou dotés de facultés intellectuelles non-négligeables. Cela l’était également pour ceux sensibles à la Force, à ceci près que d’après ce qu’il en avait compris en discutant avec les principaux concernés, leurs perceptions du monde étaient également considérablement altérées, et par extension leur capacité de nuisance brute, sans même le faire exprès, paraissait décuplée. S’ils étaient mieux ainsi, entre eux … Il ne voyait pas de raison de s’y opposer. Et puis leurs actions étaient plus qu’utiles dans cette galaxie aux recoins sordides, et pour s’aventurer là où le bras de la République faiblissait. Les réseaux wrooniens d’espionnage, par exemple, tenaient essentiellement sur la diaspora des voyageurs de leur race qui alimentait la planète-mère en informations, mais demeuraient dépendants du bon vouloir des agents, tout en ayant une capacité à se projeter limitées. Les Jedis se disséminaient partout, avec leurs étranges talents pour disparaître qu’il avait pu voir de ses propres yeux lors de leurs missions d’exploration conjointes. Autant dire que pour aller chercher un criminel dans l’Espace Hutt … C’était plus aisé. Et en parallèle, beaucoup menaient leurs tâches sans se mêler de la direction prise par leur Conseil, qui ne possédait somme toute qu’un pouvoir limité … comme tout gouvernement ? Pour cruel que soit ce constat, le Sénateur commençait à y adhérer.

Nathanael était de ceux-là, comme un citoyen de Wroona qui se moquait de savoir sur quel bloc son gouvernement s’alignerait, pourvu qu’on le laisse continuer à mener sa vie et à faire son métier sans se poser de questions. Longtemps, Alyvan avait aussi été de ces personnes contre lesquelles certains politiciens pestaient. Ce partage des tâches dans toute organisation était l’une des raisons pour lesquelles il ne croyait pas aux utopies anarchistes de certains. Il y aurait toujours des individus intéressés par le grand jeu de la galaxie, finalement, et d’autres qui préféreraient tracer un sillon plus individuel. L’essentiel de son point de vue était que chacun, peu importe sa naissance, puisse accéder à la position qu’il désirait suivant ses capacités. Après tout, s’il était né dans un système plus rigide, qu’aurait-il pu faire, lui, fils naturel d’un homme puissant qui n’avait jamais voulu reconnaître cet enfant non désiré ? Clairement, il n’aurait pas accédé à son poste actuel. Mais pire que ça, il n’était pas certain non plus qu’il aurait réussi de tels études ! C’était en cela que la République était importante et qu’il lui accordait une importance plus importante que certains de ses compatriotes. Lui n’avait pas grandi sur Wroona justement, mais dans la Bordure. Certes, Saleucami était une colonie riche, mais il savait qu’il y avait largement pire. La République offrait la possibilité pour certains d’aller au-delà de leur naissance. Malgré ses défauts, elle avait cela de bien. Comme l’Ordre Jedi finalement, qui prenait tous ceux éligibles sans soucis de race ou de classe. Combien de Jedi avaient connu une réelle ascension sociale grâce à leur élévation au sein de l’Ordre ?

Il aurait pu continuer longtemps à réfléchir de la sorte, comme cela lui arrivait fréquemment. Se perdre dans ses pensées constituaient l’une des activités favorites du scientifique à l’esprit en perpétuelle ébullition, toujours à analyser les choses pour essayer de trouver lignes de fractures ou de cohésion. Sauf qu’un bruit étrange le sortit de ses réflexions, alors que Nathanael semblait brusquement alerté. Sens de Jedi. Alors qu’il avait du mal à comprendre les paroles cryptiques de l’anzat et affichait une mine légèrement perplexe, son holocom sonna. Un mauvais pressentiment le saisit alors qu’il prenait l’appel et en découvrant de qui il venait. Quand la secrétaire personnel de la Gouverneure Générale prenait la peine de la contacter, cela signifiait que sa journée allait à coup sûr être impitoyablement gâchée. En quelques mots, la wroonienne lui expliqua la situation. Pâlissant légèrement, ce qui lui donnait un teint bleu ciel légèrement étrange sur les pommettes, le Sénateur soupira avant de raccrocher et de murmurer :

« Ce n’est pas mon domaine, je ne m’occupe que des relations extérieures … »

Il n’avait pas autorité, ne faisant pas partie du gouvernement wroonien au sens strict, puisque élu au Sénat de la République. Pour autant, il lui paraissait impensable de demeurer les bras croisés.

« Prends ma navette. Tu y seras plus vite ainsi … »

Il hésita brièvement, avant de dire :

« … Je devrais peut-être venir. Pour aviser de la situation. »

Tous les étages de la tour bruissaient, s’activaient comme une ruche cruellement attaquée alors qu’ils descendaient. Par les vitres de l’ascenseur, Alyvan observait les petites mains gouvernementales courir dans tous les sens, sans doute pour pondre communiqués et ordres de ne pas s’approcher. Lui aussi devrait se pencher sur la question rapidement. Mais pour le moment, il estimait avoir encore un peu de temps. Le trajet dans la navette se passa en silence, le Sénateur demeurant pensif. Quand enfin ils purent sortir et observer le carnage de leurs propres yeux, son souffle se coupa momentanément. Un tronçon de l’aéro-rail de la capitale était tombé, coinçant certaines personnes et leurs véhicules sous son point, et emportant dans sa chute la navette qui passait à ce moment précis. La fumée noirâtre s’échappant du point d’impact au sol empêchait de dresser un constat avec certitude des dégâts, mais le fait qu’il y ait blessés et morts ne faisait guère de doutes. L’odeur âcre lui arracha un toussotement, qu’il réprima comme il put. Avançant tout de même, ils furent arrêtés par un officier de sécurité :

« Vous ne pouvez pas aller plus loin Sénateur, nous sécurisons la zone. »

« Moi non … Mais mon ami aimerait passer, je pense. C’est un Jedi. Ses talents vous seraient sans doute utiles. »

L’officier considéra un instant Nathanael, ses yeux passant alternativement de l’un à l’autre. D’une voix douce, le wroonien ajouta :

« Je m’en porte garant. »

Cela parut emporter la décision. Le wroonien en face de lui hocha la tête, avant de faire signe au Jedi de passer. Puis, avisant le politicien, il finit par grommeler :

« Vous devriez peut-être venir voir aussi. Histoire qu’on ait l’avis des autorités. »

Interloqué, Alyvan ne put répliquer, les deux premiers partants déjà. N’ayant pas le choix, il les suivit, la fumée lui piquant les yeux et lui arrachant des larmes involontaires, colorant sa cornée d’un rouge jurant horriblement avec ses pupilles topaze. Quand enfin ils parvinrent au lieu précis du drame, ses poumons étaient prêts à exploser, et sa toux s’accentuait de minutes en minutes jusqu’à ce que, confus, l’officier lui prête un masque pour respirer. Devant eux s’étalait un monceau de formes cabossées et pulvérisées sur lesquelles trônait la carcasse de la navette. Il aperçut quelques mouvements dessous, sans doute les victimes.

« Il faut qu’on soulève ça pour dégager les blessés, mais une personne est empalée sur un débris. Le pilote je pense. Si on pile la carcasse ou qu’on la déplace, il va se faire déchiqueter en deux. »

Alyvan le regarda sans comprendre. Il n’était pas secouriste !

« Il s’agit d’un membre du clan de la Gouverneure Générale … »

Oh, misère. Là, ça se compliquait, et comme l’officier ne voulait pas qu’une décision qui s’imposait mais douloureuse ne lui retombe dessus, il attendait que le Sénateur en endosse la responsabilité pour se dédouaner. Classique, mais compréhensible. Observant la scène, le wroonien réfléchissait aussi vite que possible aux choix qui s’offraient à lui. Malheureusement, ils n’étaient guère nombreux. Son regard se posa sur Nathanael, et soudain, une idée lui vint.

« Le Chevalier Kort pourrait peut-être attirer cet homme à l’extérieur au moment où vous soulèveriez la carcasse ? L’enlever de ce qui le transperce ? A supposer que ses plaies internes ne le conduisent pas à se vider de son sang … »

Se tournant vers son ami, Alyvan attendait son avis, ses suggestions, ne sachant pas si le Jedi avait les capacités pour cela, s’il s’y connaissait en médecine, s’il devrait le guider suivant les blessures du wroonien … Il y avait trop d’incertitudes, à ce stade, mais d’un autre côté, peu importait de qui il s’agissait. Il était question d’une vie. Il refusait d’ordonner un sacrifice douloureux si une alternative n’était pas envisageable.
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
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Sam 31 Mar - 14:49
Nathanael Kort
Si à la base l'Ordre jedi se voulait être un rassemblement d'individus aux capacités extraordinaires pour certains et effrayantes pour d'autres, capacités qui verraient ces individus de toute communauté dite civilisée, au fil du temps lesramifications de cet Ordre s'étaient étendues jusqu'à une amplitude insoupçonnée. Il ne s'agissait pas simplement d'une école où un être sensible apprendrait à maîtriser ses dons pour ne plus être un danger pour autrui, cet ordre véhiculait également toute une culture et une croyance à laquelle ses membres se devaient d'adhérer, avec des valeurs propres mais aussi des règles, si bien qu'il était à mi-chemin entre une religion et un état autonome à part entière. Bien entendu tous les  jedis ne qualifieraient pas la croyance en la Force de religion, auquel de ces individus ne mettrait non plus une étiquette sur ce qu'était réellement l'Ordre car chacun d'entre eux avait sa propre façon de voir les choses. Mais bien entendu, d'un point de vue extérieur, la différence entre une nation et ce qu'était et représentait l'Ordre Jedi était mince. Après tout il rassemblait un ensemble hérétoclyte d'individus aux capacités certes similaires mais aux profils très différents, allant de l'agriculture à la médecine en passant par la diplomatie ou la protection par le biais de ses gardiens : autant dire qu'ils touchaient à tout et pouvoir très bien s'intégrer dans n'importe quelle société. C'était sans doute cette diversité et cette notion de Force qui auroléaient cet Ordre d'une brume mystérieuse, rejetant sur ses membres une crainte mêlée de scepticisme. Mais comment pouvait-on en vouloir aux ignorants ? Voir un homme leva un rocher du sol par la seule Force de sa pensée était théoriquement impossible et, si ces faiseurs de miracles pouvaient être ponctuellement accueillis par de la surprise et de l'émerveillement, les réactions étaient rarement aussi positives.
Mais comme dans toute communauté il y avait ceux qui désiraient sortir du lot et ne pas être placés dans une case, ceux qui évitaient de se voir attribuer une étiquette tout le reste de leur vie comme leurs ancêtres avant eux, ceux qui ne cherchaient rien de moins que la marginalité pour se prouver à eux-même qu'ils existaient et n'était pas une tête de plus noyée dans la foule. Si rares étaient les jedis à ressentir un tel besoin de marginalité, l'enseignement prodigué permettant à chacun de trouver sa voie comme toux ceux avant eux, certains de ces formidables individus possédaient un caractère assez trempé pour passer au-delà de ces règles et aller chercher le besoin de s'affirmer. Cela ne faisait aucun doute que le chevalier Kort était de ces individus et il avait parfaitement conscience de ne pas être un jedi au sens traditionnel du terme, mais aussi posé et tempéré que pouvaient l'être ses pairs et camarades, mais cela lui convenait très bien ainsi. Être exactement comme les autres ? Il n'y avait vraiment rien de plus ennuyeux, il était unique et entendait bien continuer à le montrer.

Il était prédateur et chien de berger, protecteur et traqueur, guerrier et artiste, compagnon et frère d'armes, élève et professeur : il était tout cela à la fois et bien plus encore.

Alors que la discussion poursuivait son cours la Force gratta l'esprit de l'anzati, l'avertissant d'un danger imminent qui ne tarda pas à se produire, il n'eut qu'à écouter le bruit strident dehors pour savoir que quelque chose de grave vint se produire et, malgré toute la auvaise volonté du monde, le jedi n'aurait pas pu faire comme s'il n'avait rien entendu. Il ne s'agissait pas seulement de son audition mais aussi de la Force, si celle-ci tint à l'avertir de ce danger ce n'était pas par hasard. Non le chevalier n'était pas de ces sages qui passaient leur vie à essayer de comprendre la Force et ses voies impénétrables, à voir des signes à et essayer de les interpréter, mais il ne pouvait pas ignorer un avertissement quand il en sentait un. La Force n'était pas juste là pour l'aider à soulever des rochers ou attirer des objets à lui d'une simple pensée, c'était une Force omniprésente autour de lui avec qui il vivait en communion et, à ce titre, si celle-ci l'écoutait et lui permettait de faire des choses prodigieuses, il était normal que le chevalier l'écoute en retour.
L'instant d'après le jeune anzati sentit déjà tous les employés s'agiter à chaque étage du bâtiments, pris de panique par cet évènement aussi imprévisible que terrible, mais face  à cette situation de stress le colosse resta de marbre comme toujorus : il n'en était pas à son premier rodéo. Alors qu'il prenait déjà le chemin du garage pour prendre un speeder, le jeune anzati entendit son camarade lui annoncer qu'il serait aussi du voyage. Très bien, grand bien lui fasse pourvu qu'il ne le déconcentre pas.

Une fois arrivé à la navette le politicien regretta peut-être son idée car, sans crier gare, le pilote sensible à la Force poussa les manettes à plein vitesse pour arriver sur place en  un minimum de temps, zigzagant entre les bâtiments avec une très fine marge d'erreur. En vérité le jeune jedi était un très bon pilote car il était à même d'adapter son rythme à la situation, passant d'une conduite souple et calme à un pilotage plus brusque et rapide lorsque la situation l'exigeait : aujourd'hui c'était la vitesse qui comptait le plus. En arrivant, au moment où la navette touchait le sol, le jeune jedi regarda par la verrière et observa le speciacle qui n'était guère réjouissant, la navette était tombée de son support en écrasant un certain nombre de personnes en dessous par la même occasion. Nathanael était-il choqué par ce spectacle ? Bien sûr que non, surtout que la tâche de faire le décompte des morts et blessés ne lui reviendrait pas, mais il était simplement attristé par ce tragique accident. Plus tard une enquête serait peut-être mené pour découvrir la raison de cet accident afin que cela ne se reproduise pas, mais ce n'était pas le plus urgent aujourd'hui.

Alors qu'il allait traverser la barrière de sécurité pour voir ce qu'il pouvait faire, le jeune Kort fut ramené à la réalité mais un constat très simple : il n'était pas chez lui. Il n'était pas en train d'explorer une planète déserte ou de faire le premier contact avec une civilisation naissante, il était ici sur une planète républicaine où il y avait des règles à respecter, jedi ou pas il n'e pouvait aire comme bon lui semblait en faisairt fi des forces de sécurité. Enfin si, bien sûr qu'il le pouvait, mais l'incident diplomatique ne serait jamais très bien derrière. Non pas qu'il en ait quelque chose à faire, mais ce serait ensuite à son camarade de régler la situation et cela entâcherait cette journée de retrouvailles.

Pénétrant enfin l'écran de fumée, se protégeant le nez en posant une de ses mains contre ses narines,  le jedi arriva enfin jusqu'au lieu du crash où la carcasse de la navette trônait sur les restes de speeder et toute autre structure s'étant trouvée en-dessous au moment de l'accident. L'espace d'un instant le garçon perdit sa concentration en sentant les voix de ceux piégés en-dessous à travers la Force, lui rappelant le caractère urgent de son intervention.

Les problèmes ici étaient multiples. Tout d'abord il y avait le cas du pilote qui devait être dégagé en douceur, tout empalé qu'il était sur un débris. Une fois ce sauvetage réussi il faudrait alors dégager les débris pour partir à la recherche de victimes encore piégés en-dessous, ce qui allait nécessité un peu de doigté. Une vague de Force aurait bien réussi à faire rouler la carcasse de la navette sur elle-même afin de dégager le terrain, mais la roulade écraserait sans doute bon nombre de survivant dans l'opération. Il allait donc falloir la jouer fine car, si on avait appris au chevalier qu'à travers la Force la taille d'un objet n'avait que peu d'importance, ce dernier se savait bien plus doué dans le maniement du sabre que dans l'utilisation de la Force. C'était un choix de sa part.
Si le jedi se fichait pas mal de savoir à quelle famille le pilote appartenait, le fait de devoir jouer l'infirmier de terrain l'inquiétait déjà un peu plus. Certes il avait une formation rudimentaire d'utilisation de la Force pour retirer la douleur ou pour s'occuper de blessures légères, mais le traitement de blessures graves allait au-delà de ses compétences. Cependant, puisque les secours ne tarderaient pas à arriver pour s'occuper des blessures, peut-être que simplement stabiliser le pilote serait suffisant jusqu'à ce que les autres prennent le relai.
Lorsque son avis fut demandé sur la situation,, c'est avec un sourire amusé – surprenant compte tenu de la situation tragique – qu'il répondit:

« Je me demande ce que vous feriez sans moi. »

Approchant de la scène, se demandant combien de temps les rescapés allaient pouvoir tenir là-dessous, le jeune jedi visualisa le pilote et ressentit sa douleur à travers la Force. Que choisir ? L'écartement lentement du débris sur lequel il était empalé, causant une douleur continue insoutenable, ou le retirer d'un coup sec pour ensuite prendre les soins en main ? Bien entendu l'anzat choisit la seconde option.

« J'espère que vos secours sont prompts à réagir, ça va aller très vite. »

Fermant les yeux pour se concentrer, pour faire le calme dans son esprit et se mettre en condition pour la délicate opération à venir, au bout d'une dizaine de secondes ses prunelles jaunâtres réppararurent et se braquèrent sur le pauvre pilote. Les mains tendues en avant, puisant dans la Force pour entourer le corps du pilote, le jeune homme tira brusquement ses mains en arrière. Le pilote fut écarté du débris dans un râle de douleur, avant d'être attiré vers le jedi qui le réception à deux mains. Le posant à terre, fermant les yeux pour se conentrer, le chevalier posa ses deux mains sur la blessure et puisz de nouveau dans la Force. Il s'agissait ici de déployer une couche protectrice par l'intermédiaire de la Force, de chaque côté de la blessure, afin de retenir le sang là où il était et d'éviter que le pilote ne meurre d'hémorragie car un débris aussi massif avait forcément touché un organe ou une artère...enfin, probablement. Ce n'était que très temporaire mais les secours viendraient bientôt prendre le relai...normalement...en attendant le jedi maintenait sa couche protectrice en tâchant d'appaiser la douleur du pauvre pilote.


« Ce n'est pas du tout comme ça que j'imaginais ma journée. »
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
Rang IV - Sénateur
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Lun 2 Avr - 19:49
Alyvan Chaldren
« Nous ferions d’une autre manière. »

Alyvan avait répondu de sa voix tranquille, douce, haut-perchée, afin de couper l’officier de sécurité dans son début de réplique venimeuse. Une partie non-négligeable des personnes non sensibles à la Force avaient tendance à considérer avec un certain dédain les Jedi au moment de voir une manifestation de leurs pouvoirs, surtout quand il s’agissait d’accélérer une entreprise atteignable par d’autres moyens. Le Sénateur en avait conscience. Beaucoup respectaient l’Ordre pour ses actions contre le Pius Dea, surtout parmi les non-humains. Même si les wrooniens en étaient proches, certains avaient souffert des actions des fanatiques du Noyau et se souvenaient des temps où l’Ordre gouvernait la République avec nostalgie. Quelques-uns avaient été aidés par un Jedi dans leur existence, et tous connaissaient et respectaient leur dévouement. Cela n’empêchait ni les paroles malheureuses, ni le ressentiment dans les moments de crise. Or, le politicien était doué dans le désamorçage des conflits avant que ces derniers ne naissent, essentiellement parce qu’il ne les supportait pas. Et puis, vu la situation, il n’y en avait pas vraiment besoin. Ce genre de rivalités pouvait facilement mener à une catastrophe. Il ne le constatait que trop souvent au sein de la Rotonde, lorsqu’il observait avec désespoir ses collègues s’aligner en coteries diverses et essayer de se torpiller mutuellement. La moindre étincelle pouvait mener à des luttes qui se résolvaient par des victimes innocentes. Il en était ainsi à toutes les échelles. C’en était presque désespérant.

Le pire ? Techniquement, sans Nathanael, nul doute que l’extraction eut été nettement plus complexe. Mais avec lui naissaient d’autres interrogations cruciales. En effet, une fois l’homme extrait manu militari, il faudrait arrêter les hémorragies … Non, en fait, le problème serait resté le même, Jedi ou pas. Avec une plaie pareille, il fallait simplement espérer qu’aucun organe vital n’était touché et ne se déchiquèterait sous la violence du choc au moment où il serait arraché du débris sur lequel il était empalé et qui comprimait la blessure, l’empêchant de se vider de son sang et de mourir sur le coup. Cela impliquait de prendre immédiatement la mesure de la blessure, de stabiliser l’homme sur place puis de le transporter. Autant dire qu’avec la cohue, la fumée … Et sans compter le fait que des droides médicaux auraient du mal à se frayer un chemin parmi les morceaux explosés partout et qu’ils devaient être mobilisés ailleurs. Quant aux médecins à proprement dits, la plupart restaient dans leurs hôpitaux pour traiter les blessés évacués en premier. C’était la procédure traditionnelle, éprouvée pour limiter le transport de ceux n’ayant aucune chance … Ou si peu. Accessoirement, le temps d’arriver … Lentement, Alyvan commençait à comprendre la responsabilité qui lui incombait.

« Officier, vous avez un médipac ? »

« Euh … Oui. Sur moi, c’est la réglementation mais … »

« Donnez-le moi s’il vous plaît. »

Alyvan avait été interne en chirurgie. Il était un xénobiologiste renommé. L’anatomie de la plupart des espèces lui était intimement familière, et il n’était pas sans connaissances médicales pour agir immédiatement, du moins prodiguer les premiers soins. Sans avoir la Force, il savait qu’il pouvait être utile, parce qu’il avait un instinct plus direct, moins lié à l’énergie mystique qu’il ne voyait pas. Parfois, les méthodes les plus anciennes demeuraient les plus simples. Et puis, il était persuadé que ne pas forcément connaître les divers systèmes nerveux et biologiques des espèces ne se rattrapait pas par la Force. Après tout, les Jedi n’étaient pas omniscients, non ? Lui non plus, hélas. Mais il allait essayer. De toute manière, sinon, l’homme mourrait.

« Je serai les secours. »

Bien sûr que ce n’était pas rassurant. A dire vrai, le wroonien tremblait légèrement, ses doigts arc-boutés sur le médipack qu’il tenait fermement, comme une bouée de sauvetage. Cela faisait des années, et la dernière fois … Alyvan chassa les souvenirs qui remontaient, le sang qui maculait la table d’opérations … Non. Cela n’arriverait pas. Pas aujourd’hui. Il ouvrit la mallette et en sortit immédiatement un scanner, qu’il régla correctement pour ce qui les attendait, ainsi que les compresses et un des instruments qui se trouvait à l’intérieur. Il était paré. Juste à temps. Déjà, le Chevalier agissait, arrachant le malheureux pilote de son pal improvisé. Immédiatement, le Sénateur se rua en avant et s’agenouilla aux côtés de Nathanael, observant le sang qui ne coulait pas de la plaie, sans doute retenu par le Jedi. Voilà qui allait l’aider.

« Ce n’est pas exactement non plus que j’imaginais nos retrouvailles, mon ami … Continue de retenir l’hémorragie, si tu le peux. »

Avec dextérité, le xénobiologiste cala la gaze dans la plaie et attaqua ce qu’il pouvait, ligaturant sommairement les canaux les moins atteints et les moins vitaux. Cela ferait l’affaire le temps que l’homme soit pris en charge. Puis, de son autre main, qu’il avait désinfectée rapidement, il appuya contre une artère tranchée, et entreprit de la boucher avec son doigt. Clairement, ce n’était pas optimal, mais c’était la solution la plus sûre … Se tournant vers l’officier, qui les regardait légèrement bouche-bée, Alyvan demanda :

« Quand les secours arriveront-ils ? »

« Euh … Bientôt. »

Avisant Nathanael, le Sénateur s’amusa, malgré la situation délicate :

« Comme au bon vieux temps, hein ? Tu te souviens, sur ce caillou, avec le padawan … Je ne me souviens plus de son nom ? Et la bestiole qui l’avait attaqué ? On a eu du mal à sauver son bras …

Mais on est toujours une bonne équipe. Les réflexes ne meurent pas. »


Malgré les années, son statut de Sénateur, les aventures de Nathanael, l’éloignement … Au fond, ils étaient toujours capables d’agir. Il était toujours capable d’aider, même un peu. Parce qu’il n’était pas qu’un politicien ambitieux, justement. Sa vie d’avant se rappelait à lui, alors qu’il tenait la vie d’un homme au bout de ses doigts. Enfin, les secours vinrent, et chargèrent l’homme sur un brancard, un droide médical prenant la place d’Alyvan.

« J’espère qu’il va s’en sortir … »
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
Rang III - Chevalier Jedi
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Mar 3 Avr - 2:04
Nathanael Kort
D'ordinaire le jeune jedi était habitué à des interventions dans des lieux où la technologie était généralement absente, sur des terrains où personne n'avait encore mis les pieds et dans ces situations il devait se débrouiller avec les moyens du bord pour s'en sortir et sauver ses éventuels compagnons du jour. Ici on aurait pu croire que toute la technologie à sa disposition pourrait rendre cette intervention plus simple, mais en vérité il n'en était rien. Pourquoi ? Parce que les secours mettraient un certain temps pour arriver et, en l'absence de ces sauveteurs professionnels, les malheureux bloqués en-dessous tout comme le pilote voyaient leur espérance de vie diminuer de seconde en seconde. Combien étaient encore en vie ? Combien le seraient encore dans les cinq minutes qui suivraient ?  Même le jeune jedi ne pouvait pas être aussi précis, c'était la raison pour laquelle il s'était empressé d'intervenir pour proposer son aide, même s'il aurait bien voulu que les choses se passent autrement. Plus jamais les gens d'ici ne se penseraient en sécurité, à l'abri du moindre danger et peut-être n'était-ce pas plus mal ainsi. Au moins ils apprendraient à être préparés...probablement.
Alors que le chaos régnait tout autour de lui, essayant d'ignorer les alarmes qui saturaient sous ouïe et les murmures de curieux venus observer le carnage comme guidés par une fascination malsaine pour le morbide, le jedi puisa dans la Force pour poursuivre sa délicate opération du maintien du sang du pilote à l'intérieur de son corps : un procédé qui demandait toute la concentration du sauveteur du jour. Combien de temps allait-il encore devoir rester dans cette position ? Cette question fut interrompue lorsque le sénateur vint poser son grain de sel dans l'opération, mettant à profit ses connaissances en xénobiologie et en anatomie pour tenter de faire gagner un peu de temps en pilote. Effectivement il n'était pas médecin de combat et sa nervosité était palpable d'ici même à travers la Force, mais ce fut quand le bleu demanda à son camarade de poursuivre son opération – s'il le pouvait – que le colosse répondit sur un ton surpris et presque vexé :

« Si je le peux ?  »

Après tout le jedi était très bon dans ce qu'il faisait, probablement le meilleur dans sa catégorie et cela touchait toujours son égo que quelqu'un puisse se permettre de remettre en question ses capacités. Quelqu'un qui le connaissait à plus forte raison. Mais pour l'heure il n'avait pas le temps de cajoler son égo froissé, il avait en tête quelque chose d'autrement plus urgent et surtout vital. Alors qu'il continuait de poursuivre sa délicate opération de protection, le jeune homme posa ses prunelles sur son camarade se mettant à l'oeuvre, mettant à contribution ses connaissances en anatomie pour couper ce qui pouvait l'être sans mettre plus en danger la vie du pilote.

« Tu ne t'en sors pas si mal, pour un gratte-papier. »

Si cette phrase était saupoudrée d'une évidente pointe d'humour elle n'en resterait pas moins déplacée voire choquante au vu de la situation, pour quiconque ne connaissant pas le chevalier Kort. Celui-ci savait rester professionnel en toute circonstance et ne perdait littéralement jamais son sang-froid, mais savait rester fidèle à lui-même malgré la plus écrasante des pressions. Alors oui faire de l'humour au milieu de tout ce massacre pourrait paraître choquant, surtout venant d'un jedi, mais c'était comme cela que fonctionnait l'anzati : c'était sa façon à lui de détendre l'atmosphère et faire disparaître une partie de cette horrible tension.
Bientôt les secours arrivèrent enfin, permettant au sénateur de sortir les mains du corps du pilote et au jedi de souffler un peu, l'effort pesant chaque fois un peu plus sur tout son corps. Que restait-il à faire à présent ? Le bretteur connaissait déjà la réponse et, avant qu'il ne puisse se mettre au travail, il observa l'arrivée des machines venues ici pour dégager les décombres et surtout l'énorme carcasse devant eux. S'avançant devant les machines et hommes s'approchant de ce qui restait de la navette, c'est avec une voix énergique que le jedi lâcha:

« Messieurs, je vais vous filer un coup de main pour soulever la carcasse. Que les équipes de secours et équipes médicales se tiennent prêtes à intervenir. Il y a un paquet de monde là-dessous. »

Oui il était dirigiste, et alors ? C'était sa façon de faire les choses et il n'avait guère le temps de rester chipoter. Aussi, alors que les machines et leurs pinces géantes se mettaient déjà en place, l'anzati ferma de nouveau les yeux et laissa son esprit tout entier atteindre la cracasse qui, pendant quelques courtes secondes, se souleva légèrement du sol avant d'être finalement attrapa par deux appareils. Si les pilotes de ces engins firent la majorité du boulot à n'en pas douter, leur travail fut légèrement plus aisé par l'intervention du chevalier. Bientôt la carcasse fut dégagée dans un horrible grincement métallique, dévoilant à la vue de tous l'amoncellement de corps écrasés et d'épaves depuis lesquelles s'échappaient de discrets cris étouffés de détresse.
Se tournant vers son camarade, ayant laissé l'humour de côté devant les cadavres écrasés jusqu'à ne plus être identifiables, c'est avec le plus grand des sérieux qu'il lâcha:

« Et maintenant la partie la plus pénible. Tu peux encore t'éviter ce spectacle. »

Ce n'était pas la première fois que Nathanael assistait à pareil massacre et, même s'il ne laissait jamais ces atrocités l'atteindre, il était un être intelligent doué de sentiment et ne pouvait pas dire que cette tragédie ne l'attristait pas. Bientôt les curieex  se couvriraient les yeux devant les corps en charpie tandis que les secours et le jedi se mettraient à dégager les décombres un à un. Bien sûr le chevalier Kort se laisserait guider par la Force vers des rescapés potentiels mais le bilan d'aujourd'hui serait tout de même vraiment très lourd.

Cela lui apprendrait à ne pas faire le plein de son appareil.
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
Rang IV - Sénateur
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Date d'inscription : 17/03/2018
Ven 6 Avr - 17:09
Alyvan Chaldren
« J’ai quelques restes de mes études de médecine. »

Et pour cause : Alyvan n’avait changé d’orientation que très tardivement. Par la suite, il s’était spécialisé dans l’étude des variations du vivant au niveau moléculaire, ce qui impliquait une certaine expertise en matière d’anatomie … qui pouvait parfois donner lieu à quelques autopsies. Obtenir l’agrément légal pour des études n’était pas forcément simple, sur Wroona, mais le xénobiologiste avait toujours eu un code éthique en la matière irréprochable. Surtout qu’il ne manquait pas de personnes pour léguer leur corps à la science. Cette vieille pratique demeurait vivace dans certains milieux, que ce soit chez les personnes âgées pauvres mais à fort capital culturel, ou chez les scientifiques eux-mêmes. Alors bien sûr, ses gestes étaient moins rapides, moins assurés que quelques années auparavant. Contrairement à Nathanael, le wroonien connaissait le poids du temps qui passe. Cela ne l’empêchait aucunement d’avoir conservé des réflexes. Qui plus est, se servir d’un médipack était une base de la survie en milieu hostile, ce qu’il avait pratiqué aux côtés du Jedi pendant quelques temps.

Le Sénateur s’aperçut que le tremblement de son corps avait cessé. L’adrénaline jouait à plein, alors que l’odeur du sang continuait de lui soulever le cœur, tandis que le liquide précieux, bleu évidemment pour les membres de son espèce, arrêtait de s’écouler des plaies de la victime entre ses mains, même si le sol en était déjà imbibé. Partout, des cris retentissaient : des victimes, mais aussi des secours ou des forces de l’ordre pour sécuriser le périmètre. Nul doute que dans quelques minutes, des journalistes viendraient sur place et se jetteraient sur lui pour obtenir des informations. Soudain, il pensa aux gros titres le lendemain, et au fait qu’il était fort probable que sa présence sur place éclipse la réalité du drame. Si cet homme survivait, il serait un héros. Si ce n’était pas le cas, il serait à coup sûr vilipendé. Un autre que lui y aurait pensé avant de se jeter dans l’arène. Mais malheureusement pour sa carrière et les nerfs de ses collaborateurs, le politicien n’avait pas forcément l’habitude de ce genre de calculs. Il agissait parce qu’il en avait les moyens, parce que c’était la bonne chose à faire … parce que c’était juste. N’était-ce pas ce pourquoi il avait décidé de s’enrôler dans cette élection sénatoriale, dans ce monde qui lui était si étranger de prime abord ? Après seulement étaient venus les conséquences : l’exposition, la solitude du pouvoir, les dossiers complexes de la bureaucratie sénatoriale à comprendre – qui n’avait jamais eu envie de se pendre au moment d’effectuer une étude du droit républicain et ses multiples facettes locales ? Tout cela avait créé des difficultés indicibles, et beaucoup de migraines. Encore aujourd’hui, certains détails lui échappaient parfois … quand des évidences lui apparaissaient que certains de ses pairs, tout à leur vocabulaire technique, oubliaient parfois. L’un dans l’autre, à la fin, Wroona s’y retrouvait, et Alyvan avait une entière confiance en ses collaborateurs pour tous les aspects de sa vie publique qu’il maîtrisait moins. On élisait une personne certes … Mais aussi son équipe de campagne finalement. Qui allait hurler quand elle verrait les informations. Ce n’était pas grave : tous trouveraient un moyen de tourner la situation à leur profit.

Désormais, la carcasse était soulevée, et la chair bleuâtre se mêlait aux restes des débris métalliques en une bouillie infâme. Un haut-le-cœur le souleva, et Alyvan passa une main lasse sur son visage. Quelle mort plus bête y avait-il ? Les dysfonctionnements mécaniques pouvaient toujours arriver, même si personne ne pouvait exclure un acte de malveillance. Dans tous les cas, il était question d’une fin atroce, indigne de sa planète. La gestion de la crise risquait d’être complexe, même si les répercussions intérieures n’étaient pas à proprement parler de son ressort. En revanche, tout ce qui était image extérieure … ça, ce serait pour lui. Joie. Il en frissonnait d’avance. Mais plus que son angoisse à l’idée des semaines à venir, une peine profonde et sincère enflait dans son myocarde qui battait douloureusement dans sa poitrine s’abaissant et se soulevant furieusement comme s’il cherchait à éviter l’asphyxie à coups de grandes goulées d’air nerveuses. A cet instant, il se revoyait, quelques années auparavant, sur l’autel fumant des restes de son laboratoire, à examiner l’horreur de l’explosion. Trois morts par sa faute, trois cadavres extraits et durement touchés par le souffle … Jamais il n’oublierait ces silhouettes recroquevillées sous un drap blanc, à la morgue, ni les regards épouvantés et abattus des familles qui le fixaient. Bientôt, les mêmes yeux le fixeraient, en un nombre infiniment plus grand. Pourrait-il les affronter, s’il n’était même pas capable de voir la mort en face ?

« Comment pourrais-je présenter mes condoléances à leurs familles, si je ne sais pas de quoi je parle ? »

Cependant, pour ne pas gêner, il resta légèrement en arrière, se contentant de graver dans sa tête les images du drame. Nul doute que son sommeil serait altéré pour les semaines à venir. Là encore, cela n’avait aucune importance. Ce fut quand le son d’une cohue parvint à ses oreilles qu’il se détacha, constatant que la presse était arrivée. L’heure était venue de faire son travail – réellement, cette fois. Avisant Nathanael et les secouristes, Alyvan déclara doucement :

« Je vais occuper les médias. Ne les laissez pas filmer les corps. Ces gens ont le droit à la paix … même dans la mort. »

D’un pas lourd, le wroonien retourna vers l’entrée du site, et se fit immédiatement assaillir par une horde de journalistes aux questions qui se faisaient régulièrement écho : que faisait-il sur place, était-il intervenu, le gouvernement y était-il pour quelque chose, et on parlait d’un commando Jedi ? Le sang lui battait les tempes, et l’espace d’un bref instant, le Sénateur y porta un doigt pour se calmer, inspira profondément et commença à répondre :

« Nous n’avons aucune information pour le moment sur le drame … Non, je ne dispose d’aucune information sur les circonstances exactes. Oui, une enquête va être lancée, c’est la procédure et je suis certain que notre gouvernement veillera à sa prompritude pour rendre justice à nos concitoyens décédés.

Un Jedi est présent, en effet, il a fait escale sur Wroona avant de regagner Ossus et a proposé son aide précieuse lorsqu’il a entendu l’explosion …

Oui, j’ai aidé avant l’arrivée des secours. Mes bureaux sont très proches, comme vous le savez tous et il est du devoir de n’importe quel citoyen d’agir en pareille situation, Sénateur ou pas. C’est une question de civisme. »


Son regard topaze se vrilla sur une de ses interlocutrices, animatrice d’une émission assez racoleuse :

« Avez-vous conscience de ce que vous venez de proférer, Madame ? Nous parlons de vies perdues, de familles brisées, et vous osez me demander quel est mon bénéfice dans cette histoire ? Contribuer à sauver ce qui peut l’être, à soulager la souffrance … Ce n’est pas assez ? Cela devrait l’être. Pour vous, comme pour tout le monde.

Plutôt que de me poser toutes ces questions, vous pourriez tout simplement aider les secours. Eux sont de vrais héros.

Non, je n’ai rien de plus à ajouter. Merci. »

Se détournant, il retourna dans le cercle fermé du site du drame, s’y sentant paradoxalement plus à l’aise que face à la meute, et s’approcha de Nathanael pour lui poser la question fatidique :

« Il y avait des survivants ? »

Avant de soupirer :

« Il va falloir nous exfiltrer … Si tu ne désires pas donner une interview, évidemment. Mais j’en doute. »
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
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Sam 7 Avr - 15:38
Nathanael Kort
Il n'y a pas de mort, il n'y a que la Force. Tel était le crédo que tout jedi devait apprendre et assimiler au fur et à mesure de sa formation afin de se détacher de la notion de perte qu'amenait la mort afin que celle-ci n'ait plus d'emprise sur lui. Une notion face à laquelle tous les jedis n'étaient pas égaux, certains jeunes éléments ayant bien plus de mal que d'autres à accepter de lâcher prise et accepter que la mort n'était qu'une partie du voyage et que chacun défunt rejoignait la Force sans jamais vraiment disparaître. Cette partie était cruciale dans le cursus d'apprentissage de tout jeune élément de l'Ordre et, comme tous les autres avant lui, le Kort avait accepté la mort comme une étape du chemin de la vie et non pas une fin en soi. Pourquoi penser à cela maintenant ? Car lorsque les décombres étaient en train d'être dégagés, le jedi tint à se préparer pour faire face à ce qu'il trouverait en-dessous. Il avait eu son lot de morts tragiques depuis ses débuts au sein de l'Ordre et surtout du Corps d'Exploration mais, malgré le temps qui passait, personne n'arrivait vraiment jamais à s'habituer à ces tragédies. C'était donc pour épargner son camarade bleuté que le jedi lui proposa d'aller faire un tour ailleurs mais apparemment le politicien semblait plus déterminé que son apparence ne le laissait croire, préférant faire face au massacre pour en observer l'essence afin d'affronter ensuite les familles des victimes en pleine connaissance de cause.

« Comme tu veux. »

Laissant son camarade aller s'occuper des charognards aux caméras qui approchaient à grand pas, c'est en prenant une profonde inspiration que le jeune jedi se rapprocha du lieu du massacre. Les machines étaient à l'oeuvre, dégageant morceau par morceau les débris sur leur chemin  jusqu'à ce que les premières victimes soient visibles. Si l'horreur put se lire sur le visage des premiers secouristes, les prunelles jaunâtres du colosse se posèrent sur les corps inanimés d'un père et de son enfant dans ce qui restait de leur speeder. Le premier avait voulu se positionner au-dessus, sans doute pour faire barrage de son corps et protéger la prunelle de ses yeux, mais le choc fut trop violent et les deux perdirent la vie sous le poids de la carcasse totalement défoncée.
Alors oui l'anzati était généralement assez jovial et extraverti mais derrière cette légèreté se cachait un professionnalisme évident saupoudré d'une pointe d'humanisme : contrôler ses émotions ne signifiait pas qu'il n'en ressentait aucune. Il en avait vu des explorateurs dévorés par des bêtes féroces ou emportés par une météo aussi capricieuse que mortelle mais aussi c'était bien différent, contrairement aux autres situations il n'aurait rien pu faire pour prévoir cet accident et agir en conséquence. C'était peut-être cette fatalité qui le rendait aussi impuissant et frustré face à  la vision de ces corps inanimés. Alors que les ouvriers soulevaient déjà d'autres débris et retenaient de violentes nausées à chaque nouvelle découverte morbide, le traqueur s'accroupit juste devant les deux corps précédemment extirpés de la carcasse du speeder, tout en leur murmurant :

«  Puissiez-vous trouver la paix. »

Oui il lui arrivait parfois d'être solennel jusqu'à un point que ses camarades ne lui connaissaient pas, un phénomène rare mais néanmoins tout à fait réel. Croyait-il vraiment au précepte affirmant que tous les morts rejoignaient la Force ? En vérité il n'en savait rien et n'aurait la réponse qu'une fois qu'il rencontrerait ce funeste destin, mais c'était ce en quoi il désirait croire. Il préférait savoir les défunts reposant en paix auprès de leurs proches, veillant sur les vivants plutôt qu'étant plongé dans le néant le plus sombre.
Durant les minutes qui suivirent les découvertes tragiques furent entrecoupées de quelques sauvetages miraculeux, révélant le visage des rescapés aussi effrayés que transportés de joie à  la vue de leurs sauveteurs qu'ils n'attendaient plus. Aussi rare puissent-ils être chacun de ces sauvetages était un petit pas en avant, une personne de plus qui pourrait rentrer chez elle aujourd'hui et enlacer tendrement ses proches : les autres n'étaient malheureusement pas aussi chanceux. Certains avaient été littéralement broyés jusqu'à ne plus être qu'un amas de chair sanguinolent ne pouvant plus être identifié d'aucune façon, tandis que d'autres avaient été horriblement mutilés par l'accident. Si ces horribles découvertes mirent à rude épreuve l'estomac des ouvriers, ces derniers n'étant sans doute pas habitué à voir un tel spectacle tous les jours, le jedi resta maître de lui-même et seul son regard montrait la tristesse qui l'envahissait. Oui ce n'était pas comme cela qu'il avait prévu  de passer sa journée, mais maintenant qu'il était ici il ne pouvait plus se défiler.

Alors qu'il sentit le politicien revenir, ce dernier ayant sans doute fini de s'amuser avec les caméras, le jedi répondit à la question sur le nombre de survivants par un :

«  Quelques uns. Trop peu. »

Ne souhaitant pas commenter davantage sur le nombre de victimes ou ce qu'il pensait de cette tragédie, le jeune homme écouta son camarade lui proposer de s'en aller d'ici ou de faire face aux caméras. Mëme s'il se savait suffisamment beau pour pouvoir faire bonne impression face à ces vautours armés de micros, le jedi refusa cette proposition d'un :

«  Proposition tentante, mais non merci. Il n'y a pas grand chose que je puisse faire de plus ici, de toute façon. Il va falloir que je pense à rentrer, d'ailleurs. »

Il n'était pas vraiment en retard car, tout explorateur qu'il était, il lui arrivait d'être absent pendant des semanes en revanche il en avait assez vu pour une journée. Alors qu'il suivait le sénateur jusqu'à la navette prise pour arriver sur les lieux de l'accident, c'est en pénétrant dans la navette et en prenant les commandes que le garçon conclut son intervention d'un :

«  Quelle journée...»
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
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Mer 18 Avr - 22:23
Alyvan Chaldren
Alyvan encaissa silencieusement la nouvelle quand le Jedi lui annonça que les survivants étaient en très petit nombre. Une part de lui-même avait espéré, en éternel optimiste, que le bilan ne serait peut-être pas aussi tragique qu’il paraissait devoir l’être à première vue. Certains auraient pris cela pour de la naiveté, mais le wroonien assumait de vouloir conserver une vision positive des événements, de ne pas se laisser engloutir par la noirceur que l’on pouvait trouver dans la galaxie. Pour chaque drame, il y avait du bon à trouver. Il refusait de devenir un de ces êtres cyniques qui arpentaient les beaux quartiers de Coruscant, à simplement compter et trier, à se réjouir d’horreurs bassement ou à toujours tout dénigrer. Ainsi, il était le premier à dire que le Sénat avait ses lenteurs, que les politiciens avaient leurs défauts … Mais rien ne l’énervait plus que d’entendre amalgamer le tout en un magma infâme et informe de corruption endémique. Certains représentants servaient avec dévouement et loyauté leurs peuples, tentaient d’améliorer la situation de tous au sein de la République. Ils existaient, ces hommes et femmes de l’ombre, car bien souvent, les travailleurs acharnés n’étaient pas les plus médiatiques, ni même les délégués de planètes connues. Et à ses yeux, c’étaient de véritables serviteurs de l’Etat, des Etats. Tout comme la République avait de mauvais côtés, mais aussi des bons. Rien n’était noir ou blanc, et malgré les difficultés, le trentenaire éprouvait le besoin de se raccrocher à toute lueur d’espoir pour avancer. Sa résilience en dépendait. Voilà pourquoi il avait pensé que peut-être … Mais non. Ou plutôt trop peu. En même temps, si une seule vie avait été sauvée … Cela aurait été une bonne chose, non ? Cela faisait une famille endeuillée en moins.

« Pas assez … C’est déjà beaucoup. Une vie de sauvée, c’est important tout de même. Tu as fait du bon travail, avec les secours. Wroona te sera reconnaissante. »

Ses paroles finales avaient été solennelles, certes, mais elles exprimaient une réalité. Alyvan, s’il aimait être informel en privé, savait aussi pointer les choses qui méritaient d’être dites, d’être saluées dignement. L’intimité amicale n’excluait pas, de son point de vue, un certain formalisme quand il s’agissait d’exprimer une position autant personnelle que publique, ce qui était le cas présentement. Ainsi, il tenait à remercier Nathanael en tant que lui-même, mais aussi tout simplement comme représentant de sa planète. A cet instant, Alyvan remerciait Nathanael, mais le Sénateur de Wroona louait le travail du Chevalier Kort de l’Ordre Jedi. La dualité n’était pas à oublier. Cela n’enlevait rien à la sincérité de ses paroles, au contraire. Elles avaient juste une portée plus ample. Dans tous les cas, comme il s’y était attendu, le Jedi préférait rester discret. Aussi le wroonien n’insista pas et déclara simplement :

« Partons, alors. »

Les forces de sécurité les exfiltrèrent, formant un cordon de sécurité pour leur permettre de regagner le transport qui les avaient amenés à bon port. Une fois en place, Alyvan déclara :

« Tu peux nous reconduire à la tour sénatoriale. Mais par pitié … Va un peu moins vite ? Mon estomac ne supportera pas un retour à la même vitesse que l’aller. »

Ne jamais laisser les commandes d’un engin lambda à un pilote, ça finissait toujours en excès ou en cabriole, et sans l’adrénaline pour l’aider … Il allait définitivement rendre son repas précédent. Déjà qu’il n’en avait pas été loin à plusieurs reprises, au cours de la dernière heure … Il y avait des limites à ce que son corps et son esprit pouvaient supporter. Après tout, il n’était que laborantin, originellement ! Le trajet terminé, le Sénateur sortit avant de dire au chevalier :

« Il vaudrait mieux que tu repartes demain discrètement, à l’aube. Là, les journalistes doivent déjà harceler l’astroport pour obtenir à vil prix ton identité et faire leur une sur cette intervention. Tu peux dormir ici, il y a plusieurs appartements pour les invités officieux sur Wroona, ceux qui préfèrent négocier sans se faire trop connaître … ou officiels, pour certains, même si nous les logeons plutôt au palais gouvernemental.

Nous pourrons dîner ensemble, si tu le désires. A moins que tu ne préfères rester seul, je comprendrais.

Mais dans tous les cas, avant cela … Je vais me décrasser. Et passer quelques holo-appels. Rendez-vous dans une paire d’heures à mon étage, si tu veux ? »
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
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Ven 20 Avr - 1:30
Nathanael Kort
Contrairement à ses collègues plus réservés le jeune jedi se sentait comme un poisson dans l'eau au milieu de la foule, c'était d'ailleurs son côté pétillant et chaleureux qui lui valait le fait d'être apprécié si facilement par tous ceux qui daignaient passer un peu de temps avec lui. Aussi, si l'idée de se confronter à des journalistes ne lui poserait d'habitude pas le moindre problème, les circonstances macabres de cette rencontre changeaient très certainement la donne. Raconter une blague bien sentie pour faire rire ses interlocuteurs aux éclats ou flirter avec une jolie demoiselle était une chose, mais les mots étaient autant d'armes à manier avec précaution au risque de faire plus de mal que de bien. Nathanael était peut-être têtu mais il avait assez vécu pour savoir que dans une situation aussi tragique que celle-ci aucune de ses paroles aussi mielleuses puissent-elles être ne parviendraient à effacer la douloureuse de ces pertes et ramener le sourire sur le visage des familles qui apprendraient bientôt l'horrible nouvelle. Connaître ses limites était également une force en soi et, même si le jedi s'efforçait de repousser ces limites quotidiennement, aujourd'hui il savait qu'un tel effort ne profiterait à personne : d'où sa volonté de quitter ce lieu sans faire davantage de bruit. Alors que le sénateur l'implorait de conduire plus prudemment, en levant le pied,le chevalier prit un air faussement indigné avant de répondre :

« Dis tout de suite que ma conduite est brusque. J'ai fait bien pire, tu sais ? »

Si rares étaient ceux à se plaindre de la conduite de Nathanael c'était sans doute parce que ce dernier était seul la plupart du temps, il lui arrivait de moins en moins de participer à des missions conjointes mais exerçait à la place de l'exploration pure et dure en solitaire. Les missions groupées lui manquaient-elles ? De temps en temps, oui, pour ne rien cacher, surtout lorsqu'il était seul au beau milieu de cette sombre étendue glaciale à attendre les résultats d'une quelconque analyse. Si ces moments pouvaient parfois être pesants ils avaient rapidement été acceptés par le colosse comme partie intégrante de sa voie, comme une blessure superficielle à laquelle il devrait s'habituer. Une fois arrivés à la maison le sénateur enjoint son camarade à attendre le lendemain avant de retourner à son navire, afin d'éviter que la horde de parasites à micros et caméras ne lui tombent dessus comme la misère sur la pauvre monde. Haussant les épaules d'un air absent devant cette proposition de dîner ensemble plus tard, rappelant au bleu que la soif et la faim n'étaient pas des concepts familiers à l'anzati et sa physiologie si particulière, l'explorateur accepta au moins une petite coupure de quelques heures pour retrouver un peu de calme.
Que pourrait-il faire en attendant ? Rien et c'était là le plus terrible. La plupart des jedis appréciaient le fait de pouvoir méditer en silence et s'ouvrir avec sérénité à la Force pour se ressourcer et passer le temps, mais Nathan avait sa propre habitude qu'il pouvait considérer comme une méditation en mouvement. S'occuper de son vaisseau ou bien mettre à profit ses dons de mécanicien pour réparer ou démonter une chose étaient des façons saines que le jeune homme avait de s'occuper l'esprit plutôt que de rester assis, les yeux fermés. Chacun ses préférences après tout, mais le bretteur n'était jamais aussi calme et concentré que lorsqu'il avait les mains pleines et l'esprit tourné vers un objectif bien précis : cela lui réussissait plutôt bien jusqu'à présent.
Alors qu'il pénétrait dans l'une des luxueuses pièces dédiés aux invités mentionnées plus tôt par le sénateur, le chevalier tenta de s'asseoir sur le bord du lit mais celui-ci fut bien trop doux et mou pour le pilote habitué à un mode de vie beaucoup plus spartiate et dénué de confort : un banc froid et une veste tassée en guise d'oreiller faisaient généralement très bien l'affaire.

S'écartant du lit, faisant les cent pas dans cet appartement en essayant de trouver une idée pour passer le temps, le jeune homme fut forcé de tourner son attention vers une sensation grandissante qu'il ne connaissait que trop bien. Au plus profond de lui quelque chose s'agitait et, si les événements de tout à l'heure avaient réussi à la faire taire jusqu'à présent, le fait que le soufflet soit retombé ne fit que mettre davantage en lumière cette chaleur à l'influence croissante. Depuis plusieurs décennies le jeune homme avait été confronté au mal qui touchait tous ceux de son peuple et, en se tournant vers la lumière et la Force, avait réussi à tenir cette corruption en laisse quotidiennement. Mais de temps en temps il arrivait toujours que celle-ci revienne à la charge comme une vieille blessure rouverte et, à chaque fois, la pleine et entière attention du jedi devait être tournée vers la fermeture de cette blessure. Si ses origines n'étaient cachées à personne au sein de l'ordre Jedi et en dehors peu qu'on s'y intéresse, Nathanael Kort était à peu près sûr que personne dans son entourage n'était capable de concevoir ce que c'était que de lutter contre soi-même chaque jour, ce que c'était que de repousser quotidiennement sa nature profonde. Il avait s'en sortir bien de ce côté-là, il ne souhaitait un tel sort à personne.

Il n'y avait jamais vraiment de bon moment pour que cette faim rejaillisse et gagne en intensité, mais à force d'habitude le jedi savait désormais gérer ces crises. Titubant l'espace d'un instant devant la surprise de cette chaleur soudaine, le colosse se força à s'asseoir par terre, à genoux comme il l'avait fait la toute première fois, avant de fermer les yeux pour laisser la Force le serrer dans ses bras et lui apporter la lumière dont il avait besoin. Contrairement à la toute première fois il ne fallut au jedi qu'un seul essai, cette fois-ci, pour retrouver son calme et sentir cette corruption repoussée loin au plus profond de son être comme elle devrait toujours l'être. Une bonne chose de faite.
Passant les heures suivantes à tourner en rond dans cette chambre ou à perdre son regard dans l'immensité de la ville qui s'étendait derrière cette fenêtre, il fut enfin l'heure pour le colosse de descendre retrouver son camarade à qui il lança – en rentrant dans ses quartiers - un simple :

«  Des nouvelles du crash  ?  »
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
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Dim 29 Avr - 18:49
Alyvan Chaldren
Une fois dans son appartement de fonction, Alyvan laissa échapper un soupir sonore, ses émotions jusque-là contenues refluant soudainement, se déversant en lui tel un torrent inarrêtable. La crainte, l’horreur, l’amertume, la colère, tout cet afflux désorganisé le prenait à la gorge, l’empêchant de parler. Comme à chaque fois, dans ces moments, des flashs de son propre passé lui revenaient, correspondant aux différents sentiments contradictoires qui éclataient en lui. Il revoyait la peur face aux coups de son beau-père, l’adrénaline de se jeter sur lui, l’horreur face au désastre de Vortex et la culpabilité le brûlant alors qu’il comprenait sa part de responsabilité dans ce champ de ruines infectieuses, son amertume à voir sa confiance trahie, la colère après l’explosion de son laboratoire … Tout se mêlait dans sa tête, forçant des larmes salées et silencieuses à couler sur ses joues sans qu’il ne s’en aperçoive, maintenant que la réalité de la situation le heurtait de plein fouet. Doucement, il enleva ses vêtements avant de se placer sous la douche, et de sentir son corps être récuré peu à peu, comme si, symboliquement, la suie qui partait avec la sueur et l’odeur de mort le lavait de ses émotions à fleur de peau, lui enlevait son impression de ne pas en avoir assez fait, et en même temps trop, parce qu’il savait que son intervention ferait les gros titres, et pas la réalité de la situation. Bien sûr, si c’était à refaire, il agirait de la même manière. Cela ne l’empêchait pas de se sentir vaguement coupable. Le gouvernement n’allait pas aimer. Alors que eux auraient dû intervenir ! Eux auraient du mieux vérifier les infrastructures ! Ces reproches n’étaient sans doute même pas fondés, car il était des accidents tout simplement inévitables. Néanmoins, aussi bas que cela soit, il demeurait agréable de blâme d’autres que soi-même.

Une fois propre, le wroonien passa dans sa chambre pour récupérer de nouveaux vêtements, choisissant une tunique ample de son peuple, sombre avec des rebords gris, celle qu’il mettait généralement pour les circonstances difficiles ou pour aspirer à plus de solennité dans ses interventions. Il s’agissait d’un vêtement auquel il était attaché, car il avait prononcé son premier discours au Sénat avec ce dernier, et le trouvait confortable … comme l’ensemble de sa garde-robe. Quoique attaché à la vêture traditionnelle de sa planète, Alyvan privilégiait surtout les ensembles amples où il pouvait se mouvoir correctement et qui ne l’enserrait aucunement, ou les blouses simples de scientifiques, ses deux uniformes, finalement. Habillé, apprêté, il pouvait s’attaquer au plus difficile en l’état : appeler le gouvernement, rédiger un communiqué et éventuellement prévenir d’autres mondes. La première étape constitua l’épreuve attendue. Il en était quitte pour une convocation devant le gouvernement le lendemain pour s’expliquer sur sa présence, celle d’un Jedi et leurs actions, même si au ton du premier représentant, il devenait que les réprimandes seraient mesurées. Intrigué, il décida de faire quelques recherches sur l’holonet et trouva bien vite pourquoi. Sa photographie s’étalait en gros titres de plusieurs sites d’information qui sous-titrait sur l’action des élites wrooniennes au plus près du drame. Manifestement, bien que ce soit involontaire, il avait évité pour un temps les récriminations sur l’action des dirigeants de Wroona. La deuxième étape fut donc relativement aisée, puisqu’il ne risquait pas de se mettre trop à dos des collaborateurs précieux, même s’il n’avait techniquement pas de compte à leur rendre. Enfin, tout le monde savait que dans la réalité, un Sénateur était lié à son gouvernement planétaire dans les démocraties de la République. Evidemment, quand le représentant au Sénat dépendait du bon vouloir d’un autocrate, les choses étaient considérablement simplifiées, ou même quand un gouvernement élu nommait une personne. Restait donc la troisième étape, qui nécessita un holo-appel préalable au secrétariat général de Wroona, le temps de savoir s’il y avait des immigrés parmi les victimes. Wroona attirait, de par sa richesse, bon nombre d’autres espèces, et comptait en son sein de fortes minorités twi’leks, rodiennes et humaines, et évidemment pantorannes. Il en fut donc quitte pour une communication avec son homologue de Ryloth, et comme il s’y était attendu pour un appel à la sénatrice de Pantora. Une fois sa tâche macabre accomplie, le trentenaire se rendit compte que l’heure avait beaucoup avancé. Nathanael ne devrait pas tarder. Rapidement, il donna quelques ordres pour un service modeste et quand le Jedi entra, tout était à peu près en ordre. Tout en lui faisant signe de s’asseoir, Alyvan lui répondit avant de se placer face à l’anzat :

« Quelques-unes vis-à-vis de l’origine de deux victimes, j’ai contacté les Sénateurs de leurs planètes respectives. Pour le reste, il s’agit manifestement presque entièrement de wrooniens. J’aurai plus d’information demain, lors de mon rendez-vous avec le Ministre en charge de la Sécurité. Mais de ce que j’ai pu comprendre, il y aurait au final une trentaine de morts, pour une quinzaine de blessés graves. Quant à savoir exactement les causes … L’enquête le déterminera. Difficile d’affirmer s’il s’agit d’une négligence ou bien d’une malveillance, du moins, à ce stade.

A moins que tu n’aies remarqué quelque chose d’étrange. »

Alyvan versa à son ami une généreuse rasade de liqueur de Ruge d'Alderaan, un de ses alcools préférés.

« Je ne me souvenais plus si tu avalais quelque chose en société … A défaut, j’ai sorti une très bonne bouteille. »

Après tout, sa morphologie était largement différente de la sienne … Lui avait installé devant sa place un Spiceloaf, et attendait de savoir si une seconde portion était nécessaire …

« Il y a quelques avantages à être Sénateur … Bien manger et bien boire en font partie. Parfois trop, d’ailleurs. »

Redevenant sérieux, il ajouta :

« Je sais que je l’ai déjà dit, mais merci pour ce que tu as fait. Ce n’est pas parce que tu es un Jedi qu’il faut considérer les bonnes actions comme dues. »
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
Rang III - Chevalier Jedi
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Dim 29 Avr - 22:12
Nathanael Kort
Si la plupart des jedis vivaient une existence où les possessions et autres richesses n'avaient pas lieu d'être, c'était spécifiquement pour éviter de se retrouver dans des conditions comme celle-ci à sentir le confort et le luxe tenter de les envahir et les corrompre. Oh bien sûr les richesses permettaient parfois d'accomplir des choses étonnantes et de créer des infrastructures époustouflantes, mais avec la richesse venait forcément une course au pouvoir qui ne pouvait pas finir autrement que de façon désastreuse. C'était ce risque de se laisser corrompre qui poussait bon nombre de jedi à abandonner toutes possessions au profit d'une existence beaucoup plus simple et spirituelle entre les murs du Temple. Ce fut au moment de pénétrer dans l’appartement qui lui était alloué temporairement que le jeune jedi se rappela ce à quoi il avait renoncé plus d'un siècle auparavant, ce qu'il aurait pu obtenir s'il avait pris une autre voie et préféré le matérialisme à sa relation avec la Force. Certes cela devait être plaisant de devoir dans un lit monstrueusement moelleux et de ranger ses affaires dans de luxueuses armoires taillées sur mesure, d'être accompagné par des assistants et serviteurs à longueur de journée, mais c'était en se replongeant dans tout ce luxe que Nathanael se rappela une nouvelle fois pourquoi il avait rejeté ce concept depuis bien longtemps déjà. En effet il était à la recherche d'un tout autre genre de richesse qui avait plus attrait à l'esprit qu'autre chose, il était à la recherche de connaissances ainsi que de reconnaissance que seules ses actions lui permettraient d'obtenir : l'argent, ici, ne lui serait d'aucune utilité.
Alors pourquoi s'embarrasser de toutes ces luxueuses fournitures ? Avec des fonds en poches il pourrait se procurer une navette flambant neuve mais celle-ci ne serait jamais aussi efficace que le vaisseau qu'il pilotait depuis plusieurs années. Aussi, au beau milieu de tout ce luxe, la détermination du jeune jedi ne fit que s'en trouver raffermie. Il voulait qu'on se souvienne de lui pour ses découvertes et ses faits d'armes , pas pour son opulence.

Laissant ces quelques pensées de côté pour le moment, ne voyant pas d'intérêt à s'y pencher de nouveau, le jedi finit par rejoindre son camarade qui avait déjà préparé un repas simple mais déjà bougrement raffiné selon les critères du colosse. La discussion débuta tout d'abord par la gestion de l'accident de tout à l'heure qui était en bonne voie, restait à présent à ouvrir une enquête  pour savoir s'il fallait mettre cela sur le coup de la négligence, de l'accident ou du sabotage pur et simple. Alors que le sénateur demandait à son camarade si ce dernier avait repéré quelque chose pouvait aider à déterminer la cause du crash, le concerné haussa les épaules d'un air dubitatif avant de répondre :

« Pas vraiment, mais je doute qu'il s'agisse d'un sabotage. Enfin c'est ce que mon intuition me dit. »

Si le but était de faire le plus de victimes possibles il y avait sans doute d'autres façons de s'y prendre ou, à défaut, d'autres créneaux où le transport aurait été beaucoup plus bondé. Non, bien qu'il ne soit pas infaillible, l'instinct du Kort ne pointait pas le sabotage du doigt pour le moment. Venant ensuite s’asseoir jusque à côté du bleu, Nathanael fut quelque peu réveillé par le speech de son camarade sur ses besoins en matière de nourriture et de boisson, cette partie ne manquant d'ailleurs pas de lui décrocher un franc sourire.

« Je le fais généralement pour donner le change et rassurer les convives, mais j'peux m'en passer. C'est plus de la gourmandise qu'autre chose, mais j'comprends que ça en gêne plus d'un de ne jamais me voir boire ou manger. »

Même si la race anzati était encore largement méconnue à travers la galaxie, auréolée de mystères et d'une réputation des plus sordides, Nathanael avait arrêté depuis longtemps d'en vouloir aux autres pour les regards suspicieux jetés en coin. Il ne fallait pas se voiler la face, les anzatis étaient des prédateurs naturels qui excellaient dans l'assassinat quand ils n'étaient pas guidés et soumis à leur faim insatiable. Nathanael était peut-être l'exception parmi cette peuplade, mais il gardait tout de même en lui cette graine de corruption que même la Force et la lumière ne parviendraient jamais à éradiquer complètement. Aussi ceux qui connaissaient le moins ce jedi le voyaient plus comme une bombe à retardement  qu'un membre éminemment actif du Corps d'Exploration Jedi. C'était triste mais compréhensible.
Gardant en tête les nombreuses histoires à dormir debout qui circulaient sur ces anzatis, le jeune homme laissa parler sa curiosité en demandant à son interlocuteur :

« J'suis sur que t'as déjà entendu quelques histoires et rumeurs sur les anzatis. J'me trompe ? »

Refusant poliment le verre proposé d'un discret geste de la main, s'étant déjà largement laissé aller pour une journée entière, le jedi rebondit sur les remerciements inutiles du sénateur.

« Meh, pas de ça entre nous. Si on peut aider, on le fait. C'est aussi simple que ça. »

Tous les jedis n'étaient pas des héros en puissance qui voilaient au secours de la veuve et l'orphelin à tout bout de champ, ils n'étaient que individus dotés de capacités extraordinaire qu'ils mettaient au service du bien du plus grand nombre : ni plus, ni moins. N'importe qui à leur place en ferait autant, ou du moins le chevalier Kort l'espérait-il.
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
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Mer 2 Mai - 11:28
Alyvan Chaldren
« Je vois … Ce qui signifierait une négligence ou un accident matériel … Je préférerais que tu aies raison. Ce type d’incident est fâcheux, mais n’affole pas les foules. Le contraire en revanche, dans le contexte actuel, serait prompt à déchaîner le pire … »

Un problème mécanique, une faille de gestion engageait la responsabilité d’une entreprise, d’un ouvrier distrait ou du gouvernement. Bien sûr, Alyvan ne tenait pas à voir l’élite wroonienne clouée au pilori, mais estimait qu’il s’agissait d’un moindre mal. Les répercussions finiraient par se tasser, une fois l’émotion initiale passée. Après tout, il était difficile de tout prévoir, tout assurer. Le pouvoir politique avait des limites. Un acte malveillant, en revanche, mettait en doute la sécurité, et instaurerait immanquablement un climat de suspicion et de haine qui n’aurait que des incidences délétères. Surtout, avec un tel événement interne, Wroona ne s’intéresserait plus guère à ce qu’il se passait dans le reste de la galaxie … Ce qui aurait pu avoir certains avantages pour quelques personnes, à bien y réfléchir. Plus les planètes riches de la Bordure, même Intérieure, se désintéresseraient de la situation galactique, et plus certains groupes pourraient agir. Un doute commençait doucement à s’insinuer en lui, et loin de le rassurer, les paroles de Nathanael l’implantaient un peu plus dans son cerveau, comme s’il touchait du doigt une interrogation centrale sans parvenir tout à fait à en délimiter les contours. D’une voix soudain plus blanche, il acheva :

« … Et à nous écarter des débats actuels pour un moment. »

Précautionneux, Alyvan ne souhaitait pas trop s’avancer, mais sa curiosité le poussait néanmoins à poser la question qui le taraudait. La perception Jedi était basée non pas sur des faits tangibles, du moins pour lui, ou sur une sorte d’instinct un peu aléatoire, mais sur cette Force qui leur faisait voir le monde différemment. Souvent, au cours de son temps avec l’Explocorps, le scientifique avait demandé à ses camarades sensibles ce qu’ils voyaient, précisément, avec la Force. Les réponses l’avaient laissé songeur. En un sens, pour lui, c’était un peu comme de demander à un daltonien de décrire ce qui l’entourait : le résultat serait semblable, et en même temps foncièrement différent. Pour la Force, c’était exactement pareil, il s’agissait d’une coloration des individus divergente de la norme. Du mois, il se le représentait de cette manière. Il avait fini par comprendre que beaucoup de Jedi appréhendaient les émotions, la présence des autres suivant une vision bien particulière. Nathanael avait pu donc ne pas voir d’intention a priori malveillante, sans forcément que ce soit le cas. On pouvait faire le mal sans le vouloir. En étant manipulé. Pour compléter son ébauche de théorie, il devait néanmoins être certain de la logique de son propos, d’où sa question :

« Est-ce qu’une personne agissant sans mauvaise intention, qui aurait été trompée, par exemple, échapperait à ta perception ? Au sens où elle t’apparaîtrait normalement ? »

En réfléchissant de cette manière, en échafaudant des hypothèses, Alyvan était véritablement dans son élément. Le scientifique sous la peau du Sénateur se réveillait, et il pouvait enfin laisser libre cours à ses dons réels. Ainsi, la recherche de la vérité au sens logique du terme le guidait à cet instant bien davantage que l’exigence de résultats. Cette dualité, cette façon de penser différente mais qui l’amenait pour autant à des résultats similaires, il l’assumait, même si certains trouvaient étrange qu’un politicien procède ainsi. Certes, il n’avait point l’esprit retors, mais in fine, les conclusions n’étaient pas si différentes, lorsqu’on cherchait une explication satisfaisante. Le point de départ et la méthode différaient peut-être, à la rigueur, mais tant que la finalité demeurait la même … que chacun fasse comme cela lui chantait !

Dans tous les cas, son inquiétude ne lui avait pas totalement coupé l’appétit, essentiellement parce que l’adrénaline des événements réclamait un tribut urgent en énergie. Il se sentit légèrement soulagé en entendant Nathanael lui répondre : ainsi, il se souvenait bel et bien de l’avoir déjà vu manger ! Après tant d’années, il préférait vérifier et ne pas se reposer uniquement sur sa mémoire. Certes, elle n’était pas défaillante et lui pas encore sénile, mais il était évident que certains détails avaient depuis longtemps fui son cerveau. C’était le cours normal des choses, au fond. Aussi répliqua-t-il avec un mince sourire :

« Si tu te sens d’humeur gourmande, alors … n’hésite pas. Sinon, je saurai manger en solitaire. »


Sa question suivante raviva ses instincts de xénobiologiste. Evidemment, qu’il avait entendu parler de sa race ! A vrai dire, il avait fait un certain nombre de recherches une fois en compagnie de Nathanael, ébahi de côtoyer un de ces êtres insalissables, quasiment légendaires, parmi les plus mystérieuses de la galaxie. Ce qu’il en avait retenu ? Qu’avec un spécimen d’étude sous la main, il en saurait rapidement plus que l’ensemble des données à sa disposition, même les traités les plus pointus. Son intuition ne s’était pas révélée entièrement inexacte.

« Je connais ce que tu m’as raconté … ce que j’ai observé aussi. Je crois que les notes que j’ai prises durant mon temps dans l’Explocorps sont plus complètes que la plupart des ouvrages que j’ai pu consulter.

Je ne t’ai pas utilisé comme cobaye, hein ! Enfin … Je pense être le seul xénobiologiste à avoir côtoyé aussi longtemps un anzati sans lui servir de repas … J’avais écrit quelques observations à l’époque. »


Alyvan avait rougi, ou plus exactement, ses joues s’étaient teintées de mauve en avouant cela. Bon, il n’avait pas spécialement été discret, à l’époque, avec toutes ses questions et ses pages de notes fiévreusement consignées. Mais quand même ! C’était un peu gênant …

« La nourriture … ordinaire ne t’apporte donc rien ? Ou bien est-ce un moyen de pallier un peu au fait de ne pas manger ce que … les anzatis mangent normalement ? »

Sinon, comment expliquer le fonctionnement de son corps ? Il fallait bien de quoi l’approvisionner en énergie, en nutriment non ? A moins que la biologie anzat fasse que les membres de ce peuple naissent avec des sortes de réserves ? Mais dans ce cas, elles finiraient par se tarir non ? Absorbait-il ce dont il avait besoin par les pores de sa peau ? Si le scientifique s’était laissé aller, il aurait pu le bombarder d’une bonne centaine de questions. Il s’abstint cependant, ne voulant pas paraître trop curieux non plus, même si cela devait se voir qu’il se faisait violence …
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
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Jeu 3 Mai - 20:06
Nathanael Kort
Malgré ou à cause des récents chamboulement qui secouaient cette galaxie qui n'attendait que d'être découverte, la plupart citoyens anonymes qui peuplaient les planètes civilisées de ce monde ne désireux véritablement que deux choses : la paix et la sécurité. Comment pouvait-il en être autrement ? Chacune de ces âmes ne désirait rien de plus que couler des jours heureux sans que rien de terrible ne vienne perturber sa routine et, quand un tel drame finissait par se produire, tous voulaient croire que c'était là un coup du sort et rien d'autre. Pourquoi ? Parce que l'option contraire signifierait un sabotage volontaire, une volonté de créer un vent de panique en semant la mort et en brisant leur tranquillité, ce qui n'avait rien de réjouissant pour l'avenir. Bien entendu Nathanael n'était pas omniscient et ne savait pas avec certitude quelle était la réelle cause de ce crash, mais c'était son instinct avec une rapide réflexion qui  le poussaient à aller dans cette direction. Une future enquête lui donnerait peut-être raison mais, en toute franchise, cela lui importait peu : il serait déjà bien loin et avec d'autres préoccupations en tête lorsque cette affaire serait bouclée.
Certes il ressentait de l'empathie pour le bleu en face de lui qui allait devoir se démerder dans tout ce fatras pour essayer de caler la population tout en rassurant les instances supérieurs du gouvernement planétaire, devant jonglant avec difficulté entre ces deux parties qui ne s'entendaient qu'assez rarement. Dire que Nathanael n'en avait rien à faire autant sans doute été un petit peu fort, il avait beau être égoïste il n'était pas insensible pour autant, mais son camarade avait choisi sa voix en pleine connaissance de cause et n'avait jamais changé de décision malgré les obstacles rencontrés. Cet accident n'était qu'une bosse de plus sur sa route, qu'une épreuve de plus à traverser pour l'aider à atteindre son but final. Quel était-il d'ailleurs ? Le jedi n'en savait fichtrement rien.
Alors que la conversation suivait son cours pour laisser  l'accident bien loin, le bleu tint à se renseigner sur les capacités de son interlocuteur à commencer par ce que la Force lui permettait de percevoir. Intéressant, non ? La plupart du commun des mortels voyait la Force comme une quelque chose de mystique ou magique créant une aura de suspicion autour de ceux qui y étaient sensibles, rares étaient ceux assez curieux pour poser clairement leurs questions afin d'élucider ce mystère. Le sénateur était l'un de ces rares individus, il osait poser clairement sa question et cette audace méritait au moins une réponse. Alors oui la Force permettait à un jedi de deviner les intentions et les sentiments qui bouillonnaient dans l'esprit de leur cible, la télépathie était un tout autre domaine qui n'était pas simple à maîtriser. Mais jusqu'où s'arrêtait cette perception ? Entourant son menton de sa main droite caleuse en une pose réfléchie, ce fut après quelques secondes que le chevalier formula une réponse :

« Il s'agit plus de ressentir les sentiments et les intentions d'un individus plutôt que de déchiffrer ses pensées. Dans le cas que tu me cites, si la personne n'a pas conscience d'avoir de mauvaises intentions ou d'avoir été trahie, nous ne le ressentirions pas. Nous déchiffrons ce que la personne veut et ressent mais, contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, nous ne sommes pas omniscients. »

Nathanael savait que certaines races étaient capables de télépathie de manière naturelle, il savait aussi que sa perception et sa maîtrise de la Force n'étaient pas parfaites, mais comment un jedi pourrait-il découvrir de mauvaises intentions dont sa cible n'aurait même pas conscience ? D'une trahison que sa cible n'aurait même pas découverte ? Il n'était pas certain mais supposait que non. Mais d'ailleurs, quel était l'intérêt du sénateur à connaître ce genre de chose ? Était-ce la curiosité qui le poussait à connaître ces questions ou avait-il un motif caché ? Les politiciens avaient toujours un motif caché, c'était le propre de leur profession mais le jeune jedi s'en fichait pas mal. Alors que son camarade tentait de se justifier concernant les questions posées, comme si le fait d'étudier une race très méconnue était répréhensible, le colosse usa de sa nonchalance habituelle pour expliquer que :

« Respire. Je sais que je suis un sujet de curiosité autant que d'inquiétude. Ça fait partie du package complet. Que tu veuilles m'étudier ne me surprendrait pas. »

Puis vint enfin la question finale concernant le régime alimentaire de l'anzati. En effet si le cerveau était ce dont chaque membre de cette espèce avait besoin en guise de repas, le jedi avait suivi une toute autre voie peu commune pour quelqu'un de sa race. Comment faisait-il donc pour survivre quotidiennement ? La réponse ne tarda pas à se faire connaître :

« La Force pallie à ma faim. La nourriture ordinaire n'est qu'un divertissement tout au plus, je m'en passe très bien. »

Son maître avait souvent discuté de son régime alimentaire avec son jeune poulain lors des premières années suivant l'apparition de cette faim. En effet si le chevalier était tout à fait capable de sentir le goût des alimentaires et le côté corsé de certaines boissons alcoolisées, aucun de ces mets ne parvenait à repousser sa faim aussi bien que le côté lumineux de la Force pouvait le faire. Il ne l'expliquait pas, il avait plusieurs fois expérimenté la plus horrible des faims mais n'y avait jamais succombé pour autant : il préférerait s'empaler sur son sabre laser que de devenir le monstre que les autres voyaient en lui.
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
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Mar 8 Mai - 18:41
Alyvan Chaldren
« Je garderai ça en tête. Merci pour ces précisions en tout cas. »

Il ne restait plus qu’à obtenir les résultats de l’enquête, même si Alyvan était persuadé que tout cela mènerait à une négligence, et donc à un acte involontaire. Sauf que grâce aux affirmations de Nathanael, le Sénateur avait de quoi faire pression pour enquêter plus avant et confirmer ou infirmer les soupçons qui germaient doucement dans sa tête. Il n’était pas forcément d’une nature aussi paranoïaque, mais ce qu’il avait vécu avait peu à peu mené le trentenaire vers davantage de méfiance envers les certitudes et les a priori sur certains événements. A force de se reprocher sa naïveté dans l’affaire de la biotoxine de Vortex, il avait fini par vouloir sans cesse aller au bout des choses, de la moindre inquiétude qu’il pouvait ressentir. Peut-être qu’il se trompait, et il le préférerait. Mais si ce n’était pas le cas … Il ne passerait pas à côté d’une piste simplement pour se réfugier dans le confort d’une explication plus facile, moins coûteuse. Il ne serait pas accusé deux fois de négligence justement, de ne pas avoir fait tout ce qui était en son pouvoir pour obtenir justice et vérité. Voilà pourquoi il désirait s’assurer que ses doutes pouvaient avoir un fondement même si l’anzati ne ressentait rien de particulier dans la Force. Le reste n’était pour le moment pas de son ressort.

Du reste, les assertions du Jedi étaient intéressantes en elles-mêmes. Les mécanismes de la Force le fascinaient, comme tout ce qui touchait aux lois de l’univers. Bien sûr, sa spécialité n’était pas la physique, mais davantage l’enchevêtrement de tout ce qui régissait la nature et l’évolution. Pour autant, à travers ses études de la faune et la flore venaient souvent se répercuter des questions qui ne manquaient pas de faire écho à ce que l’on disait des Jedi, notamment. Tout ce qui touchait au cerveau, à sa manipulation, par exemple, était un pan entier de la xénobiologie. Pourquoi telle toxine altérait les sens, pourquoi telle plante provoquait une réaction étrange, jusqu’où les phéromones pouvaient modifier un comportement ? Y avait-il un lien avec les attirances, les caractères ? Ce genre d’interrogations, somme toute manifestement innocentes, purement scientifiques, revêtait parfois des caractéristiques plus sombres, plus effrayantes. Comme une personne pouvait avoir le pouvoir d’en contrôler une autre, ou même juste de ressentir ses émotions, alors que souvent … Il était difficile de dire précisément ce que l’on éprouvait. Oui, tout cela était vraiment fascinant. Il aurait pu en parler pendant des heures, pris de la curiosité naturelle de ceux qui sont écartés d’un phénomène sans forcément en être jaloux. Il voyait le monde différemment. Pour autant, il aimait comprendre ce que les autres discernaient, ce qu’ils étaient capables de faire.

« C’est amusant ce que tu dis. Quand j’étais avec vous, à l’Explocorps … J’avais parfois l’impression que mes interlocuteurs savaient ce que je pensais, sans réellement être capable de dire ce que mes pensées contenaient. C’était assez perturbant … Comme si mon ressenti leur était évident, mais pas forcément ce qui le provoquait. Et pour d’autres au contraire … C’était comme s’ils savaient à l’avance ce que j’allais dire. Bon, ça, il faut s’y habituer, parce que c’est un peu perturbant, honnêtement … Quand j’ai été sur Alpheridies, j’ai eu la même sensation. »

Ce qui n’était pas étonnant, comme les miralukas voyaient à travers la Force, d’après leurs dires. Du coup, forcément … Comment une espèce entière avait pu se développer autour de cela ? C’était bien la preuve qu’il s’agissait d’un élément universel quantifiable, étudiable non ? L’espace était vraiment peuplé d’espèces fascinantes, comme celle de Nathanael. Même s’il savait que sa curiosité pouvait être gênante. Seulement … Son instinct scientifique l’y poussait. C’était plus fort que lui. Il n’y pouvait rien. Il voulait savoir, comprendre, connaître, et si plus jeune, sa timidité l’avait empêché de poser des questions, désormais … Il avait un peu progressé. Ou alors, il avait perdu en politesse craintive. Hum, à y penser, la réponse se trouvait peut-être davantage là qu’ailleurs.

« Je ne veux pas te mettre à l’aise. Même si ce serait mentir de dire qu’en effet, je n’aimerai pas étudier plus avant ta biologie. Quand on est face à une espèce avec de telles particularités … Tout xénobiologiste est envahi par ses sombres instincts scientifiques. »

Il avait achevé sa phrase sur un ton léger, pour montrer qu’il se moquait un peu de sa marotte obsessionnelle. L’auto-dérision avait toujours été l’une de ses marques de fabrique, après tout.

« N’est-ce pas dangereux ? D’aller à l’encontre de ce que demande ton organisme ? Se nourrir sur un être semi-sentient ne t’apporterait rien ? Comme un animal, je veux dire, un bantha ou un nexu ? Quelque chose qui a un esprit moins … sophistiqué ? »

Bon, en fait, ces deux espèces avaient des cerveaux très développés, juste dans des ères cérébrales différentes, mais enfin, il vulgarisait son propos, pour que Nathanael comprenne ce qu’il voulait dire. Doucement, il ajouta :

« Je présume qu’aucun autre anzat ne t’en a jamais parlé … »

Etre seul dans l’univers, ou presque.

« Cela ne te manque pas ? Je veux dire … de parler à ton peuple d’origine, de savoir d’où tu viens ? »

D’avoir des racines, ou tout simplement des perspectives d’avenir. Nathanael ne pourrait sans doute jamais procréer. En tant que Jedi, certes, c’était un avenir de second plan, mais tout de même … Alyvan n’arrivait même pas à se représenter cette solitude. Il avait presque toujours vécu, sauf sur Coruscant, dans un environnement majoritairement peuplé de wrooniens. Etre dans la peau du Jedi … Cela lui paraissait vertigineux … et aussi, un peu triste.
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
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Mar 8 Mai - 19:45
Nathanael Kort
Comme il n'y avait vraiment aucune explication scientifiquement compréhensible concernant ce qu'était réellement la Force, il était difficile pour un de ses adeptes de la décrire avec précision. Pour certains il s'agissait d'une présence invisible tandis que d'autres voyaient cela comme un sixième sens duquel il fallait toujours rester à l'écoute. Aussi le jeune anzati essaya d'expliquer à son camarade comment les jedis pouvaient lire  ou deviner les pensées de leurs interlocuteurs mais cette explication ne serait jamais vraiment proche de la réalité, il fallait vraiment ressentir la Force pour que ces mots prennent enfin du sens. Écoutant ainsi les explications et les pensées de son camarade du jour, ce dernier tentant d'expliquer son ressenti face aux autres jedis rencontrés jadis, Nathanael conclut ses propos par un simple :

« À force d'expérience on arrive à cerner les gens et deviner leurs pensées rien qu'aux émotions qu'ils diffusent à travers la Force. C'est délicat mais faisable. »

Même s'il n'était pas homme à cacher ses origines ou ses pensées, faisant preuve de la plus grande transparence sans aucune gêne ou honte, force était de constater qu'il n'avait que très rarement l'occasion de parler de lui et ses origines. Cela ne le dérangeait pas plus que cela, il avait pris l'habitude qu'on prenne des pincettes en sa présence car ses origines étaient sujettes à autant de craintes que de mystères. Si vous saviez les histoires à dormir debout qui circulaient sur les anzatis, vous regarderiez le chevalier d'un tout autre œil. Et bientôt ce fut son régime alimentaire qui fut lancé sur le tapis, le sénateur s'inquiétant de l'éventuel danger d'aller à l'encontre de la nature même de son peuple. Arquant un sourcil de surprise devant l'évocation d'un éventuel danger lié à son mode de vie et son choix, le jedi ne tarda pas à répondre !

« Dangereux ? Sans doute que si, mais tu sais comme moi que l'autre possibilité n'en est pas vraiment une. Si jamais j'emprunte cette voie il y a des chances que je ne puisse plus jamais faire machine arrière. Cette faim est sans nul doute la plus addictive des drogues. »

En vérité le jeune homme savait au plus profond de lui que le choix de sa proie ne changerait rien, qu'elle soit véritablement intelligente ou non. Ce qui réveillerait le prédateur en lui serait l'action de se nourrir et le bonheur qui accompagnait l'ingestion de cette fameuse soupe comme l'appelaient les autres anzatis. Puis, finalement, le jeune homme enchaîna par la phrase qu'il avait répétée à son maître le jour où il avait su surmonter sa faim naissante.

« Je préférerais largement m'empaler sur mon propre sabre-laser plutôt que de devenir esclave de cette faim. »

Il s'était imaginé bon nombre de fois comme le monstre qu'il aurait pu devenir, arpenter les couloirs du Temple à la recherche de jeunes padawans sur lequel se nourrir, la bave aux lèvres et les tentacules fouettant l'air. Non, il ne pouvait et ne voulait pas devenir ainsi. Puis vint enfin le sujet le plus épineux du lot à savoir sa connexion avec d'autres anzatis et le fait qu'il n'ait pas vraiment de patrie d'origine. Certes il aurait pu faire un tour sur Anzat, sa planète natale, mais il s'y refusait pour le moment. Il avait beaucoup trop à faire pour pouvoir prendre le temps de se pencher sur ses origines et renouer avec celles-ci.

« Pas vraiment, ils ne courent pas les rues de toute façon. Ça et le fait que nous sommes un peuple à tendance solitaire. »

Faisant une petite pause, Nathanael reprit aussitôt  au moment d'évoquer le fait que ce détachement de ses origines pouvait lui manquer.

« Oui et non. Oui parce que cela pourrait être expérience enrichissante, à n'en pas douter. Non car ils ne pourraient rien m'apprendre d'autre sur cette faim que comment y céder et comment choisir ses proies. Nous sommes une race de prédateur avant tout, de prédateurs et d'assassins. »

Puis, enfin, vint le moment de parler de cette solitude qui pouvait sembler pesante d'un point de vue extérieur, le moment de parler de son avenir d'une certaine façon.

« Quand on est amené à vivre pendant des millénaires le concept de solitude prend une toute autre ampleur, je te l'accorde. Peut-être qu'un jour ma route me mènera à une autre anzati et à ce moment-là...bah, on verra au moment voulu. »
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Alyvan Chaldren
Alyvan Chaldren
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Dim 3 Juin - 16:54
Alyvan Chaldren
Alyvan avait toujours eu plus ou moins conscience de la difficulté pour Nathanael d’être lui-même, d’appréhender le caractère délicat de son existence, alors qu’il était voué à chasser les autres pour se nourrir tout en tentant de faire le bien dans son existence. Souvent, le wroonien s’était demandé comment son ami faisait pour résister, partant du principe qu’il survivait avec des palliatifs, aidé de la Force. Manifestement, vu sa réaction, ce n’était même pas le cas, puisqu’il comprenait de cette réponse tranchante que l’anzat n’avait jamais tenté de se tourner vers de simples animaux. Etait-ce par peur d’ouvrir une brèche dans la digue qu’il avait forgé autour de lui pour ne pas céder à ses instincts, ou tout simplement car cela ne lui aurait servi à rien ? Il n’aurait probablement pas la réponse, et n’avait pas forcément envie de poser la question, comprenant l’aspect sensible d’une telle discussion. Dans tous les cas, il avait du mal à imaginer la souffrance que cela imposait, de devoir constamment avoir peur de soi, de ses capacités, de ce que l’on pouvait faire … Lui-même avait toujours aimé être un wroonien, ne s’interrogeant jamais sur la manière dont il vivait. Les épreuves qu’il avait traversées étaient dues à son environnement, éventuellement aux conséquences de ses propres actions, mais jamais à son être profond. Se battre contre le hasard de la vie, les autres, d’accord … Mais contre soi ? Quelle horreur ! Il se sentit pris d’empathie pour son comparse, pour cette douleur qui perçait dans ses propos, à préférer le suicide plutôt que de céder à ce qu’il était. Il y avait là une force tragique qu’il ne manqua pas de percevoir. Fuir sans cesse sa nature … Etait-ce le propre de l’être civilisé, ou bien l’hubris de celui qui croit échapper à son inéluctable destin ? Mieux valait se convaincre qu’il s’agissait de la première possibilité.

« Je sais, oui. Mais je pensais qu’il pouvait y avoir … des palliatifs. Pour que tu souffres moins. Et si des animaux ne te conviennent pas … Personne n’a essayé de recréer synthétiquement ce dont tu as besoin ? Je ne sais pas si c’est possible, mais la science a peu de limites, finalement, hormis celles que l’on se met.

Je veux dire … Si je peux tenter de synthétiser une molécule, quelque chose … Je le ferai tu sais. Pour le défi, pour la science et pour toi. »


Voilà qui résumait bien la personnalité du Sénateur en quelques mots. Il était un homme qui aimait relever des défis intellectuels pour mettre ses compétences à l’épreuve, demeurait envers et contre tout un homme de sciences, et enfin, n’avait jamais totalement abandonné son inépuisable gentillesse. Au fond, il avait beau s’en défendre, Alyvan était quelqu’un de bien. Certes, certains considéraient que c’était contradictoire avec la conduite du pouvoir. Il avait tendance à trouver ces jugements éminemment réducteurs, car c’était, pour quelques-uns qui se conduisaient mal, réduire à néant tout l’engagement de ces petites mains qui travaillaient pour un idéal, de ces êtres qui suaient sang et eau pour améliorer l’ordinaire de leur planète, de leur population. Parfois, leur œuvre ne se voyait que tardivement, leur vision à long terme n’était pas considérée à sa juste valeur … Mais tout n’était pas que corruption et envie. A vrai dire, de son point de vue, il s’agissait davantage d’exceptions, le reste venant d’une incompréhension entre le temps de la vie courante et celui de la politique, ainsi que des valeurs régissant ces deux mondes si différents. Lui en tout cas ne comptait pas changer : sa douceur et sa délicatesse demeuraient, surtout pour ses amis. Etant donné qu’il en avait peu, il éprouvait une forme d’obligation à tout tenter pour les aider s’ils en avaient besoin. Ou au moins, proposer, parce qu’il était impossible d’aider quelqu’un contre son gré. Sans doute que Nathanael lui dirait que son projet était impossible, refuserait même. Qu’à cela ne tienne. Il aurait proposé … Et il essayerait, à vrai dire, discrètement. Autant essayer de considérer l’avenir plutôt que de s’apesantir sur cette douleur, même si une part de lui craignait que le Jedi ne trouve pas de compagne qui soit prête à consentir aux mêmes sacrifices que lui, le condamnant définitivement à la solitude. Soudainement, sa propre impression d’être écrasé par la solitude du pouvoir prit une ampleur nettement inférieure. Il en avait pour quelques années, à subir ce joug qu’il avait choisi. Face à lui, l’anzati en avait pour une existence entière, et une qui s’étendrait probablement jusqu’à la quinzième génération de sa famille. Rien que d’y penser … C’était purement vertigineux. Effrayant aussi.

« N’hésite pas à présenter tes futurs descendants à mes arrières-arrières-arrières-petits-neveux. Enfin quoique. Vu que leurs parents ne savent pas que j’existe, ce n’est peut-être pas une excellente idée. »

Vive la bâtardise cachée ! Il savait que certains de ses demi-frères et demi-sœurs avaient des enfants. Il en avait même vu certains, aux réceptions soutenant sa victoire, le clan de son géniteur soutenant largement sa candidature sur ordre du patriarche. Quelques-uns faisaient partie de son équipe de campagne, et il était certain qu’ils avaient des doutes sur les rapports exacts qui le liaient à leur père. Aucun d’entre eux n’avaient pourtant voulu percer cet abcès, ce secret qui les rongeait, et chacun s’en tenait aux apparences du vieux routard de la politique décidé à pousser un jeune talent prometteur et inconnu pour ne pas avoir à se représenter personnellement. Tant pis. Il s’en contentait, depuis le temps. Ce n’était pas sa famille. Elle était constituée de sa mère, et …

« J’espère que tu trouveras quelqu’un pour t’accompagner pendant ces millénaires. Et à défaut … Tu n’es pas seul. Je veux dire, il y a l’Ordre … et tes amis, non ? »

Qui mourraient pour la plupart bien avant lui, et ne seraient, dans sa vieillesse, si tant est que ce mot puisse avoir un sens pour Nathanael, qu’un souvenir fugace. Ils passeraient tous dans son existence, à moins qu’il ne rencontre une race avec une espérance de vie plus importante, comme les sephis par exemple ? Et dire que beaucoup rêvaient de vivre éternellement … En y pensant, Alyvan trouvait cette perspective peu attrayante.

« Je crois que toutes ces émotions de la journée me font devenir horriblement sentimental. »

Avec un gentil sourire, il acheva :

« En tout cas, ça m’a fait plaisir de te revoir, Nathanael. »
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Nathanael Kort
Nathanael Kort
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Lun 4 Juin - 8:13
Nathanael Kort
La plupart des personnes qui peuplaient cette galaxie commençaient par comprendre et accepter qui ils étaient avant de réfléchir à qui ils voulaient devenir, ce qui semblait être le cheminement classique afin de se forger sa personnalité propre, ce qui expliquait pourquoi le jedi ici présent pouvait sembler dysfonctionnel sous bien des aspects. Vous demandez pourquoi ? Sans doute parce qu'au lieu de se comprendre il avait passé presque un siècle complet à fuir ce qu'il était réellement, ce refus d'acceptation de ce qu'il était n'étant qu'accru depuis le jour où cette faim s'était pour la première fois manifestée chez lui. Il avait passé tellement d'année à rejeter cette faim et combattre sa nature profonde qu'il n'avait absolument aucune idée de ce qu'être un anzati signifiait réellement, il était d'ailleurs tiraillé entre la peur de devenir un prédateur incontrôlable et son conditionnement mental qui lui imposait de rejeter toute forme de peur pour ne pas sombrer sur la voie glissante de l'obscur. Que devait-il donc faire ? Avoir peur était déconseillé mais être simplement méfiant pourrait-il suffire à le prémunir de toute tentation potentielle ? Car son camarade avait en effet soulevé un point intéressant, celui de trouver une créature ou un produit créé artificiellement capable de sustenter sa faim sans avoir besoin de recourir constamment à la Force. Un tel exercice était épuisant et, sous son apparence chaleureuse et arrogante, aucun de ses confrères jedis n'avait la moindre idée du conditionnement mental et de la force de caractère nécessaire pour lutter contre cette appel constant à la sauvagerie nourricière.

Bien sûr que Nathan avait déjà envisagé l'idée de se nourrir sur un petit animal à force de bondir de planète en planète, mais il s'y était toujours refusé. En effet il n'y avait absolument aucune certitude dans le fait que la mort d'un animal insignifiant ne le ferait pas succomber davantage que s'il se ruait sur un homme adulte dans la force de l'âge. Même s'il n'y connaissait rien, l'appétit ne devrait pas être lié à la proie choisie mais bien au fait de se nourrir et de laisser cette extase gustative le remplir de joie jusqu'à en perdre la raison. Que ce soit un bantha ou un enfant ne changerait strictement rien, le fait de se nourrir de cette soupe déclencherait forcément un processus duquel il ne parviendrait pas à s'extirper même avec toute la volonté du monde. Il le sentait, il le savait. Lorsque le sénateur évoqua son envie d'essayer de créer un palliatif, bien que le jedi apprécie le geste et l'intention derrière, il ne put que répondre clairement :


«La science n'est même pas capable de percer le mystère qu'est le système biologie d'un anzati. Nous existons mais n'avons pas de pouls, pas de signature thermique ou de système cardio-vasculaire. Le jour où la médecine saura déchiffrer ce mystère, nous pourrons peut-être envisager l'étude d'un palliatif, mais on en est encore très loin. »

Même si la volonté de relever un impossible défi était amusante et appréciable, peut-être que l'anzati appréciait sa situation actuelle, au fond de lui. Non, pour être exact il appréciait le fait d'être un véritable mystère pour la science car cela rendait bon nombre de personnes encore plus curieuses à son sujet. Après tout, n'était-ce pas de la reconnaissance autant que de l'attention qu'il recherchait ? Il enchaîna donc avec un autre speech afin de préciser sa penser en la matière.

« Et puis c'est peut-être mieux ainsi, tous les animaux suivent leur instinct naturel, ils se nourrissent  parce qu'ils le doivent. Les prédateurs chassent car c'est inscrit dans leurs gênes, dans leur nature profonde. L'anomalie consisterait à aller à l'encontre de ce qui est bon pour soi et pour tous nos  ancêtres avant nous, comme je le fais.   »

Était-il en train de dire qu'il baissait les bras ? Qu'il avouer qu'aller à l'encontre de sa nature était une mission perdue d'avance ? En partie, oui, mais il ne cesserait jamais de lutter pour autant. Il était un homme au mental d'acier et à la détermination sans commune mesure avec aucun de ses congénères, il lutterait pendant des millénaires s'il le fallait mais se refuserait toujours à céder à la tentation.
Bientôt, lorsque vint le tour du sénateur de mettre en évidence la longévité de son interlocuteur en évoquant ses futurs et hypothétiques enfants, la réponse de l'alien ne se fit pas attendre.

« Oula oula, du calme. Je n'y suis pas encore. »

Même si le sénateur n'avait aucune idée de ce qu'être seul pendant une éternité signifiait, car un anzati se nourrissant correctement pendant théoriquement vivre pour l'éternité, le jedi appréciait le fait qu'il essaye de se mettre à sa place en tentant de le réconforter. Le colosse en avait-il seulement besoin ? Peut-être bien, il avait passé trop de temps  à courir après ce qu'il désirait qu'il en avait oublié de s'interroger sur ce dont il avait vraiment besoin. Bah il laisserait cela de côté pour le moment. Il avait vécu 130 années de cette façon, il pouvait bien attendre encore un peu.

« L'Ordre est notre famille, c'est sûr, mais j'aime à croire que mon nom ne sera pas oublié une fois que je rejoindrai la Force. Ou du moins je m'efforce chaque jour que ce soit le cas. À défaut de ne pas avoir de descendance, j'aurai au moins un héritage. »

Certes cette volonté de marquer l'Histoire de son empreinte n'était pas toujours en accord avec les principes jedis mais il ne s'en était jamais caché pour autant. Il ne le ferait jamais.

« Moi aussi, ça faisait trop longtemps. Je ne vais pas te monopoliser davantage, il est l'heure pour moi de rentrer. »

Se redressant de toute sa hauteur, le colosse gratifia son hôte d'une poignée de main avant de tourner les talons en direction de la sortie. Au moment de disparaître de la vue de  son interlocuteur, une toute dernière phrase parvint enfin aux oreilles du bleu.

« Et ne t'avises pas de dire à qui que ce soit que j'ai oublié de faire le plein ! »

À présent l'explorateur allait pouvoir retourner à son vaisseau et se diriger vers le Temple pour faire son rapport. Encore une journée de terminée, demain tout recommencerait de nouveau. Telle était sa vie, pour toujours et à jamais.
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