D'Initié à Padawan, il n'y a parfois qu'un pas ! [PV Aliana Kiron]

Ossus, quelques semaines avant la cérémonie d’inauguration de l’Enclave de Mustafar,

Quelque part dans l’enceinte du Praxeum Jedi.


Neela observait les montagnes qui s’étendaient au loin, bien au-delà de la baie vitrée qui donnait sur les bâtiments de la capitale Jedi, Knossa. Derrière elle, assis dans un fauteuil confortable, le Maitre Jedi Arlaam Tassim, consulaire membre du Haut Conseil et chargé entre autres de la formation générale des futurs padawans au sein du Praxeum Jedi d’Ossus, avait fait demander celle que l’on appelait parfois encore la terreur rousse pour la convaincre, après de nombreux échec ces dernières années, de prendre un apprenti avec elle. Il l’avait fait venir de l’autre bout de la galaxie pour cette affaire après avoir insisté de longues semaines, et la lucazec comptait bien repartir comme elle était arrivée quelques heures plus tôt : bredouille.

« Je vous ai déjà expliqué que je ne prendrais personne avec moi, Maitre. Pas pour l’instant. Ce serait trop dangereux, s’il n’est pas prêt nous nous mettrons en danger. Tous les deux. »

Le zeltron agita sa main de façon nonchalante, balayant les propos de la rousse avec un sourire amusé, avant de lui répondre avec sérieux :

« Vous exagérez, comme à chaque fois que nous revenons vers vous avec cette question. Vous êtes prête, et ce depuis longtemps déjà. Cette certitude que vous avez au plus profond de vous est infondée. Vous devez passer outre. »

« Je doute d’en être capable à ce jour. » rétorqua-t-elle dans un soupir, le regard rivé vers l’extérieur.

Le jedi se leva de son fauteuil pour s’approcher d’elle, et posa une main apaisante et innocente sur son épaule :

« Nous verrons. Venez donc avec moi, Neela. J’ai des personnes à vous présenter. »

Neela acquiesça d’un haussement d’épaule accompagné d’un hochement de tête. Elle suivit le zeltron d’un pas lent, suivant son rythme, au travers de nombreux couloirs qu’elle avait longuement parcouru dans sa jeunesse. La vue que donnait la baie vitrée de cet étage du praxeum sur la capitale était d’ailleurs magnifique et prompt à faire surgir une forme de nostalgie. Le Maitre Jedi finit par les faire entrer dans une vaste salle circulaire semblable à un grand gymnase mais où se côtoyaient combats au sabre, méditations, manipulations de la Force et autres activités diverses. Si cet assemblement hétéroclite pouvait paraître étrange de prime abord, il prenait tout son sens lorsque l’on songeait à la concentration qui était nécessaire pour faire abstraction de la présence des autres, et des diverses distractions. C’était une excellente épreuve, tant elle était difficile.

Arlaam Tassim s’avança alors dans la pièce, entrainant Neela avec lui, et s’exprima alors en écartant les bras, à son intention, sans prendre la peine de baisser le ton pour éviter de déranger les initiés. Il n’y aurait pas de répits pour ces petits braves.

« Voici nos élèves les plus âgés. La plupart ont passé leur vie ici, et vous en avez sans doute croisé certains il y a quelques années. »

Il les présenta vaguement du doigt et Neela laissa glisser son regard de gauche à droite, reconnaissant quelques visages mais surtout de multiples auras qu’elle avait plus ou moins croisé lors de ses séjours sur Ossus. Par ailleurs, ces élèves en âge d’être prit en charge un chevalier ou un maitre n’était pas les seuls que comptaient l’Ordre. Via les multiples enclaves qu’il possédait, il enseignait la voie du Jedi à des étudiants qu’elle n’avait jamais vu, et la rousse aurait bien pu se poser sur Ambria ou Alpheridies pour satisfaire à la volonté du Conseil. Mais Alraam Tassi avait insisté pour qu’elle vienne sur Ossus, et elle n’avait pas su refuser la demande du membre du Conseil. La lucazec savait que ce fut peut-être là sa première erreur que d’accepter la demande expresse de l’être le plus empathique de l’Ordre, de celui qui semblait tout savoir de vous. Seulement, on ne refusait rien au zeltron.

La Jedi croisa le regard de deux initiés qu’elle avait croisé plusieurs fois à Knossa alors qu’il faisait la navette entre l’astroport et le praxeum et hocha la tête dans leur direction en signe de salutation.

« Oui, quelques-uns. » répondit-elle à l’intention du conseiller.

C’est à cet instant qu’elle réalisa qu’elle n’était pas la seule à observer les potentiels Padawans et reconnut plusieurs chevaliers qu’elle avait connu tout au long de sa propre formation, ici, sur Ossus, faisant ressurgir en elle des souvenirs d’un passé bien plus embellissant, propre et soyeux que celui passé aux côtés de maitre Rao.

Neela afficha un léger sourire à leur intention, avant de se reconcentrer sur son entrevue avec maitre Tassi. Les élèves qu’il venait de lui présenter n’étaient pas ceux qu’elle recherchait. Ils avaient passé trop de temps au praxeum a étudier, à être modelé. Ils auraient beaucoup plus de mal, peut-être trop, à accepter les méthodes et le style de vie adéquat, et Neela ne souhaitait surtout pas avoir à les former selon la méthode de maitre Rao. Bien qu’elle eût toujours respecté et apprécié son mentor, elle se devait d’être objective : ses méthodes d’adaptation ne furent pas les plus appropriées. Confronter deux mondes que tout oppose n’était pas la solution. Il lui faudrait une personne qui n’avait pas passé assez de temps au sein de l’Ordre pour en avoir adopté la facette qui l’éloignerait un peu trop de la réalité, et la société galactique. Elle-même ne savait pas trop ce qu’elle recherchait, ce qu’elle voulait. Voilà pourquoi elle ne voulait personne avec elle.

Mais cela devait-il l’empêcher de tout de même essayer ? Absolument pas. Il était dans ses attributions, dans ses obligations, de transmettre son avoir ; d’assurer le passage d’héritage entre deux générations de Jedi. Elle devra prendre, un jour ou l’autre, un Padawan.

« Et ceux qui sont arrivés récemment ? Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? »

Le zeltron sembla sourire à cette question comme s’il l’avait attendu depuis le début de leur entrevue et qu’une satisfaction le parcourait désormais à l’idée d’y répondre. Neela se sentit d’abord mal à l’aise puis amusée à l’idée que le respectable maitre ait pu déjà discerner ce qu’elle recherchait ; ce qu’elle espérait. Il le savait, indubitablement, et n’avait fait que présenter les autres initiés par pur protocole. C’était évident, et la façon dont il lui présenta les élèves suivant le démontrait parfaitement : il les présenta un par un, de façon assez sommaire d’abord puis en donnant des détails supplémentaires sur leur passé, leurs compétences et leur caractère au fur et à mesure qu’il les introduisait auprès de la Jedi.

Neela suivit d’abord le rythme, alors qu’il présentait chaque candidat. Ils étaient tous en train de vaquer à leurs occupations sans réellement faire attention à la présence du duo. Il y avait deux twi’lek, un zeltron, des humains ou encore un ithorien et… et puis plus rien, à l’exception d’une boule venant se nouer dans le ventre de l’humaine alors que la Force semblait se contorsionner légèrement autour d’elle, ce qui la prit au dépourvu, au moment même où Arlaam Tassim s’immobilisait pour présenter la dernière initiée d’une main tendue, mais avec un nouveau sourire aux lèvres :


« Et enfin, Aliana Kiron. C’est une Sephi qui nous vient de Nar Shaddaa. Un de nos prospecteurs l’a repéré, elle et ses camarades, au cours de son voyage il y a deux ans. Ils erraient dans les rues, et nul doute que la Force lui fut d’une grande d’aide pour y survivre. »

Le regard du Zeltron glissa de la jeune sephi vers l’humaine, pour en observer la réaction. A cet isntant précis, Neela comprit.


Il savait.


Il le savait peut-être même depuis quelque temps. Son regard trahissait une malice que Neela avait déjà vu chez le maitre Jedi. Comment ? Pourquoi ? La rousse ne saurait réellement l’expliquer. Arlaam Tassim était un Jedi exceptionnel, avec un don d’empathie tout aussi bouleversant, et sans doute partiellement inhérent à ses origines zeltronnes. Il avait un réel don pour sentir les choses, sur le plan émotionnel comme celui de la Force. Il possédait une faculté étonnante à détecter les soubresauts intrinsèques à la rencontre des émotions et du flux immatériel. Il avait donc sans doute senti qu’il se produirait quelque chose dans la Force qui la surprendrait, et qui ferait sans doute réagir la jeune sephi de la même manière, en titillant un premier aspect de leurs personnalités : la curiosité.

Sa réaction suivante, bien évidemment, fut d’interpeller la jeune sephi et ainsi de refermer le piège qu’il avait confectionné spécialement pour la Lucazec qui, mise face au fait accompli malgré sa méfiance, ne pouvait plus se dédouaner et prendre la poudre d’escampette malgré l’envie soudaine qui naissait en elle. La rousse se mordit la lèvre, pour dissiper la gêne qui la gagnait en cet instant.

« Aliana ? Peux-tu venir s’il te plait ? Je voudrais te présenter quelqu’un. »

Il patienta que la jeune sephi ne le rejoigne, la question n’étant rien d’autre qu’une injonction discrète. Neela profita de ce flottement pour se ressaisir. Ce qui venait de la parcourir était étrange. Elle n’avait jamais ressenti ça auparavant. Du moins, pas aussi soudainement. Pas aussi fortement. La rousse laissa glisser son regard sur la jeune sephi. Elle ne connaissait pas beaucoup ce peuple, mais la jeune fille devait avoir une dizaine d’année Sans doute un peu plus.

« Aliana, la chevalier Acksedge ici présente est venue observer ce que toi et tes amis faites aujourd’hui, et j’aimerais que vous appreniez à vous connaître. Je peux compter sur toi ? »

Cela faisait déjà deux ans que j'étais arrivée au Temple Jedi d'Ossus. Le début avait été difficile pour moi même si je savais déjà ce qu'étais le travail d'équipe et protéger les plus faibles. Mais la discipline de l'Ordre Jedi n'était pas la même que celle de la rue. Il est vrai que maintenant je n'avais pas à me soucier de la nourriture ou même de l'endroit où dormir. Je savais que mes camarades d'infortunes étaient tous en sécurité. Certains étaient même présent avec moi ou avaient rejoints d'autres enclaves Jedi. La vie ici était rythmée par les entrainements,les cours théoriques et la méditation. Nous avions des moments de détentes que je passai le plus souvent dans les jardins du Temple. Je n'avais jamais eu l'occasion de côtoyer la nature et j'en profitai un maximum.

Je montrai de très grande capacité à l'utilisation de la Force, mais j'avais quand même encore beaucoup de mal à me fier aux adultes qui m'entouraient. Il faut dire que les seuls adultes que j'avais côtoyés s'était plutôt servis de moi et m'avaient considéré comme un objet. A part ma mère bien sûr. Son sourire et ses bras protecteurs restaient gravés à jamais dans ma mémoire. Ce jour-là, nous étions en cours avec d'autres initiés. Nous étudions chacun un aspect de notre apprentissage. Cette fois-ci, je devais m'entrainer à soulever des petits objets alors que certains de mes comparses combattaient au sabre ou méditaient. Je pus apercevoir que de nombreux chevaliers jedi étaient présents et nous observaient en silence. J'avais vite appris qu'il s'agissait de Jedi qui venaient observer les initiés afin de choisir leurs futurs padawan.

Pour moi, être padawan signifiait la découverte de la galaxie et aider plus activement les autres. Peut-être que moi aussi, un jour, je sauverais des enfants de la rue en leur offrant un foyer, une sécurité et un toi. Je voulais aussi combattre l'esclavage et les esclavagistes, en souvenir de mes parents. Mais pour l'instant, il fallait que je me concentre sur mes études. J'avais remarqué que la pluparts des chevaliers observaient plus particulièrement le groupe d'initié qui étaient au temple depuis leurs naissances. Certains regardaient dans notre direction sans vraiment s'attarder. Ce fut alors que la porte de la salle s'ouvrit de nouveau. Je vis alors l'un des membres du Conseil jedi entrer.Il était suivit pas une jeune femme. C'était surement une autre chevalier jedi. Tout deux discutaient alors que le Maitre Jedi tendait lamain vers le premier groupe d'initié.

Mais alors que je les vis s'approcher de notre groupe, je sentis quelque chose d'étrange, comme si la Force se contorsionner autour de moi. Du hait de mes douze ans, je ne comprenais pas ce que cela pouvait signifier. Mais une chose était sûre, cela éveillait ma curiosité. J’essayai de chasser cela en me concentrant sur mes exercices, mais cela n'était pas facile. Finalement, Arlaam Tassim m'appela. Je me demandai bien ce qu'il pouvait me vouloir. Je m'approchai du couple que le zeltron formait avec la chevalier jedi. De nouveau j'eus cette sensation étrange. Mais qu'est-ce que cela pouvait bien signifier. Le maitre jedi me présenta alors l'humaine et m'expliqua ce qu'elle venait faire ici.je compris assez vite qu'elle se cherchait un padawan.Mais pourquoi m'appelait-il moi ? Il y avait surement des padawans bien plus méritant que moi ici. Visiblement, le vieux Maitre Jedi n'était pas du même avis vu qu'il désirait qu'on apprenne à se connaitre.

"D'accord...Maitre Tassim."

Cela se voyait nettement que j'avais hésité sur le "Maitre" avant de finir ma phrase. Le zeltron me regarda en souriant puis s'écarta un peu, nous laissant seule. Ne sachant pas trop quoi faire, ni dire je regardais mes chaussures. Puis finalement, je pris la parole d'une petite voix :

"Que voulez-vous savoir sur moi Chevalier Acksedge ?"

J'attendis patiemment la réponse de l'humaine qui se trouvait en face de moi. Je pensais encore que d'autres initiés méritaient plus que moi de devenir padawan.

Neela ne voulait pas d’un padawan. Elle n'en a même jamais voulu, et la raison à cela était très simple : ne pas devenir ce que son maitre avait été. Ce n'étais pas une crainte ou de la peur, mais une certitude ancrée profondément et qu'elle mettait en avant pour justifier son refus bouts et ongles. La Jedi n'était toujours pas prête à se risquer à prendre un élève qui ne serait pas préparé à vivre comme elle loin de l'abri confortable du temple et à la limite de certains principes fondamentaux de l’Ordre. La responsabilité qu'elle aurait à endosser serait bien plus grande que la plupart de celles de ses congénères car sous sa garde les tentations se révèleraient plus fortes et plus récurrentes. Seuls une poignée de Jedi étaient faits pour endosser ce rôle, et c'était la raison pour laquelle Neela s'était jusque-là tenue à distance de ce lieu. Cependant il lui avait été impossible de refuser une invitation de Maitre Tassim, et c'était ainsi qu'elle était consciemment tombée dans le piège que le Zeltron lui avait tendu. Elle s'y était préparé, mais elle ne pouvait pas faire grand-chose contre la volonté de la Force.

La jeune sephi n'était pas responsable, et la Jedi ne voulait pas faire naître en elle des espoirs qu'elle doucherait en repartant seule ce soir dans son vaisseau. Neela ne pouvait cependant pas refuser le contact bien qu'elle souhaitait profondément ignorer ce que la Force cherchait à créer. La rousse avait bien ressenti que la Force c'était également manifestée chez la jeune initiée et qu'elle était probablement en partie responsable du malaise de cette dernière. Maitre Tassim l'avait bien eu, et maintenant qu'il s'était adressé à elle la chevalière ne pouvait plus reculer.

« Je vous laisse avec la jeune Aliana, chevalier. Je dois m'occuper des autres élèves ici présents. »

L'enfoiré, il l’avait bien eu ! La rousse opina du chef et laissa le Zeltron s'éloigner, la laissant seule avec la jeune sephi. Neela l'observa un instant tandis que son esprit analysait l'hésitation qu'avait eu l’initiée lorsqu’elle s'était adressée à Maitre Tassim et à confronter ces faits avec ce qu'il lui avait brièvement dit d'elle. Si la pauvre avait parcouru les rues de Nar Shaddaa, cela voulait probablement dire que les conditions de vie de sa famille étaient soit dérisoires, soient profondément dégradantes et la rousse pouvait facilement prétendre comprendre pourquoi la jeune sephi avait étant bafouillé pour lâcher le mot « Maître ». Un enfant ne devrait pas avoir à servir quelqu'un dans la rue, et surtout pas dans des planètes aussi dangereuses et souillées que Nar Shaddaa.

Neela finit par fléchir des jambes pour se porter à hauteur de la jeune sephi et lui offrir un sourire amical pour tenter de la rassurer. La pauvre était stressée. Il était facile pour elle de le ressentir.

« Bonjour Aliana. Je peux te tutoyer ? »

La Jedi laissa glisser sa main devant elle pour inviter la sephi à la regarder et non à observer timidement ses chaussures. Elle attendait d'obtenir son autorisation pour reprendre la parole :

« Je ne souhaitais pas te déranger toi et tes amis mais Maitre Tassim à toujours préféré les approches plus directes. »

Seule accroupie en face de la sephi, Neela pouvait distinctement entendre les murmures de la Force qui l’invitant à poursuivre le dialogue et à baisser sa garde. Elle ne le voulait pas. Pas plus aujourd'hui qu'hier. Son refus était devenu un blocage, et elle ne le regrettait pas. Bien évidemment, la Force n’agissait jamais à sens unique et la jeune sephi risquait probablement de le ressentir comme une fin de non-recevoir, ce que Neela regrettait le plus sincèrement. Cependant, c'était là pour elle le meilleur moyen de protéger la jeune Aliana de la pédagogie que lui avait peut-être transmis Maitre XXX. La chevalière retient un soupir face à la tâche difficile dans laquelle elle allait s'engager et se mordit intérieurement la lèvre avant de prendre la parole pour amorcer la conversation :

« Je me demandais depuis combien de temps toi et tes amis vous étudiez sur Ossus ? »

La Jedi lui offrir un sourire tendre, serein et purement amical. La petite lui semblait timide, ou peut-être avait-elle effectivement ressenti ces légers soubresauts de la Force qui troublait la rousse. Cette dernière persévérait cependant dans son refus.

« Maître Tassim m'a également dit que tu venais de Nar Shaddaa. Est-ce vrai ? Il y a peu de sephis sur cette lune. Comment t’es-tu retrouvé là-bas ? »

Arlaam Tassim ne mentait jamais, comme la grande majorité des Jedi. Au pire pouvait-il omettre volontairement certaines informations, et encore cela était bien rare. La chevalière se doutait que sa question risquait d'être dure à encaisser pour la petite Aliana et provoquerait peut-être chez une résurgence de souvenirs douloureux mais si la Jedi se refusait de la prendre sous son aile, elle pouvait cependant essayer de l'aider à accepter son passé. Et son regard l'invitait à se confesser...

Je vis Maitre Tassim nous quitter en expliquant qu'il avait d'autres élèves à voir. Je me souvenais du jour où ce vieux jedi m'avait accueillit, m'offrant ainsi un endroit où j'allais être en sécurité. Il avait été si gentil même si parfois il pouvait se montrer sévère quand on faisait des bêtises. J'en savais quelque chose car il avait été difficile pour moi de m'habituer aux règles du temple jedi. Puis Neela s'accroupit en face de moi et commença à entamer la conversation. Sa première question m'étonna et je ne pus que hocher la tête positivement. C'était la première fois que l'on me demandait une telle chose et cela me perturbait. De plus, il y avait cette sensation étrange, comme un murmure qui m'incitait à faire confiance à la personne que j'avais en face de moi. Était-ce pareil pour le chevalier Acksedge ?

Sa main devant mon visage m'incita à relever les yeux et à la regarder en face. Elle était jeune et une certaine douceur semblait émaner d'elle. Je regardais autour de moi et personne ne s'approchait de nous. Donc cela voulait dire que j'allais devenir sa padawan ? Cela me semblait irréel. Il y avait des novices qui étaient ici depuis leur naissance et qui n'avaient pas encore de maitre. Alors qu'est-ce que je pouvais avoir de spécial pour intéresser quelqu'un alors que cela ne faisait que deux années que j'étais arrivée. Toujours accroupie en face de moi, l'humaine commença à me poser des questions. Je répondis sans hésiter à la première :

"Cela fait deux ans qu'on est arrivé ici."

La seconde question fut plus difficile pour moi et je mis plus longtemps à y répondre, laissant planer de longues minutes de silence. Puis je repris la parole, maisplus difficilement :

"Je ne suis pas née sur Nar Shaddah. Mes parents étaient des artisans de Thustra. Alors que l'on rentrait d'une livraison sur Coruscant, notre cargo de transport se fit attaquer par des pirates. Papa est mort en nous défendant et maman et moi avons été vendues sur Nar Shaddah comme esclave. J'avais trois ans."

Je ne pus m'empêcher de verser une larme à ce souvenir. La suite n'était pas des plus réjouissantes, loin de là même. La voix étranglée, je repris mon histoire :

"Pendant cinq ans, on a servis d'esclave à ce Kaze Toldran. Moi j'exécutais des petits travaux pour lui comme aller récupérer certaines livraisons douteuses. Et je n'avais pas intérêt à revenir les mains vide. Sinon j'avais le droit à une grosse correction. Puis peu après mes huit ans, maman a découvert que l’esclavagiste voulait la vendre à un hutt. Ne voulant pas qu'on soit séparée, elle mit un plan en place. Et une nuit, on se sauva dans les rues de Nar Shaddah. Malheureusement Kaze Toldran envoya ses sbires à nos trousses. Maman m'ordonna de me cacher et je ne la revis plus. Après j'ai vécu dans les rues de Nar Shaddah avec un groupe de gosses des rues en volant pour survivre."

Je m'assis par terre et ne pus empêcher des larmes de rouler sur mes joues. Je n'avais pas vraiment eut le temps de pleurer la mort de ma mère dans les rues de Nar Shaddah.

Si la première réponse de la jeune Aliana avait été donnée sans la moindre hésitation, ce fut bien différents pour les autres. Neela accueillit sa toute récente arrivée, moins de deux ans, avec un sourire emplit d’une certaine malice. Cela signifiait beaucoup pour la rouquine, puisque la petite Kiron n’avait pas encore été matraqué par une dizaine d’année d’apprentissage intensif qui faisait oublier par mal de réalités, non pas que l’enseignement fut mauvais ou décalé, mais simplement trop orienté. C’était aussi l’occasion pour la sentinelle de réaliser une fois encore combien Maitre Tassim était talentueux pour mettre en relation des individus qui, sur le papier, pouvaient tisser une relation sincère et former ainsi un duo résilient et performant pour agir selon les intérêts de l’Ordre. Neela comprenait aussi pourquoi la sephi semblait troublée de voir un chevalier venir vers elle alors qu’elle était entourée de jeunes jedis qui avaient passé une grande partie de leur enfance à suivre la doctrine et les dogmes enseignés par les sages. Il était logique de penser qu’un maitre à la recherche d’un padawan aille d’abord voir ces apprentis gonflés d’enseignement et qui n’attendait que l’attention d’un mentor pour prouver sa valeur mais ce n’était pas ce que cherchait Neela, et ça Arlaam Tassim l’avait parfaitement compris car non seulement il lui avait présenté une jeune élève qui était arrivée récemment sur Ossus mais qui possédait également un passif qui ne pouvait que la ravir, et ce malgré la tristesse et le désespoir qu’il instillait chez la jeune fille.

Neela ne s’y était d’ailleurs pas attendue, et donc encore moins préparée. Les longues minutes de silence d’Aliana aurait pourtant dû lui mettre la puce à l’oreille. Ses yeux s’arrondirent et ses lèvres s’entrouvrirent de surprise lorsque les mots « pirates » et « esclaves » parvinrent à ses oreilles, et la Jedi fut prise d’un soudain malaise, une soudaine gêne qui venait lui nouer le ventre et lui donner le tournis. Comment la rousse n’avait-elle pas pu l’anticiper, elle qui passait le plus clair de son temps dans cette région précise de l’espace à lutter contre ces problèmes en particuliers ? Neela ne pouvait donner de réponse claire à cette interrogation et fut contrainte d’écouter la jeune Aliana qui, lancée pour lancée, déroulait de façon synthétique la vie humiliante de sa mère et elle au service d’un homme dont le nom ne lui disait rien. Puis il y eut la fuite, et à cet instant la rousse imaginait très bien ce qui était probablement arrivée à la mère d’Aliana, et finalement cette errance dans les rues de Nar Shaddaa. Rapidement, la gêne fut supplantée par un sentiment de tristesse profonde, une volonté de partager ce fardeau pour aider la jeune sephi. C’était l’effet pervers de ce don d’empathie que possédait les Jedi, cette faculté à ressentir les émotions des autres.

Son regard resta figé un instant. Pour la première fois depuis longtemps maintenant, elle se retrouvait dans une situation où elle ne savait pas quoi faire. N’ayant jamais pensé à prendre un padawan, et c’était toujours le cas, elle n’avait jamais imaginé un tel scénario. Sa première pensée fut de se tourner vers Maitre Tassim, lui montrer qu’il s’était trompé, qu’il avait eu tort, qu’elle n’était pas prête. Une solution de repli qui l’épargnerait, mais qui n’offrirait pas la même porte de sortie à Aliana. La voir assise par terre, en larmes, désolait la rousse qui, elle le savait, se devait de faire quelque chose. Mais comment pouvait-elle posséder cette légitimité lorsque, justement, certaines missions l’avaient amenée à s’infiltrer dans ce même milieu dont sortait la sephi ? Neela, qui avait toujours affirmé avoir une préférence pour un apprenti issu du milieu dans lequel elle œuvrait venait soudainement à penser que ce n’était peut-être pas, au final, la meilleure des solutions.

« Aliana je… Je suis désolée. Je l’ignorais… » tenta-t-elle, hésitante.

Délicatement, la rousse venait poser une main ferme sur l’épaule de la jeune sephi, tombant elle-même à genoux pour rester à sa hauteur, pour tenter d’offrir une forme de réconfort en se présentant comme son égale. Elle comprenait ce qu’elle avait vécue sur cette planète. Elle le comprenait sans doute mieux que quiconque dans cette salle. Aussi Neela finit par attraper délicatement le menton de la jeune fille, pour lui relever la tête tendrement et sécher délicatement ses larmes avec sa main libre. Elle devait l’aider.

« J’imagine que ce fut là une période très dure de ta vie, Aliana. Je compatis pleinement. Ce que tu as connu, peu de gens ici l’ont vécu, et je comprends parfaitement ta détresse et tristesse. Ce que t’ont fait ces gens était indigne, et tes parents l’avaient bien compris. Ce qu’ils ont fait, ils l’ont fait pour toi, pour te permettre de survivre. Les pleurer est une étape essentielle, mais il te faudra la dépasser, être capable d’en parler pour te prouver que tu ne restes pas prisonnier de ta mémoire. Ce deuil peut se faire, et tous ici pouvons t’y aider. »

Ce n’était pas la meilleure manière de se saisir du problème, mais Neela, prise de cours par la tournure de la discussion, n’avait pas prévu de s’aventurer sur ce terrain glissant et à présent, se sentait obligée d’aider la jeune fille. Elle déglutit finalement et fit appel à la Force pour projeter au mieux son aura apaisante et compréhensive. La rousse esquissa un sourire tendre, avant de reprendre plus posément :

« J’ai passé beaucoup de temps chez les Hutts, et sur Nar Shaddaa. Je sais ce que tu as enduré. Moi aussi, je me suis retrouvée une situation analogue, étant plus jeune. Tu as été très courageuse. Tu ne dois pas paraître résignée. Si tu veux, nous pouvons en parler... »

Elle maintint son sourire, bien que ces souvenirs étaient quelque peu dérangeants. Ce n’avait été qu’une courte mission à l’époque où elle n’était qu’une jeune padawan mais c’était ce genre de situation qui lui avait permit de prendre conscience de la réalité de la vie d’une partie de la population galactique. Neela tourna donc son empathie vers la jeune sephi, pour la rassurer du mieux qu’elle le pouvait…