Historique (1000 mots minimum)
NAISSANCE, ENFANCE ET ADOLESCENCE
Siri vit le jour sur Byblos il y a soixante-cinq ans, à une époque où la prospérité de la République n’était pas remise en question. Ses parents étaient des officiers des forces navales qui s’étaient rencontrés pendant leurs classes, à l’Ecole de Guerre de la Marine Républicaine, quelques années avant la naissance de leur fille. Ils étaient rapidement tombés amoureux l’un de l’autre mais avaient été contraint de vivre éloignés à cause de leurs fonctions au sein de l’armée : son père s’était rapidement retrouvé affecté à la gestion de la logistique à terre tandis que sa mère sillonnait l’espace de la République.
L’echanie doit sa naissance à cette distance qui séparait ses parents, lesquels profitaient alors intensément des quelques instants où ils pouvaient se retrouver et s’aimer, au point de provoquer un incident qui allait donner naissance à cette fille impétueuse et audacieuse. Sa mère fut néanmoins contrainte de laisser rapidement la garde de la bambine à son mari, la présence d’un enfant à bord d’un bâtiment de guerre n’étant pas recommandé -pour ne pas dire interdit. Elle avait bien envisagé de demander une mutation pour un poste à terre auprès de son mari, mais ce dernier avait insisté pour qu’elle poursuive une carrière qui était bien plus prometteuse que la sienne. C’est ainsi que la toute jeune echanie quitta rapidement Byblos pour Denon, où son père était alors affecté. Elle connue une éducation correcte mais pas exceptionnelle et se découvrit un intérêt rapide pour l’espace, les chiffres et les nombres. Son géniteur insista également pour lui enseigner la culture echanie, conformément aux traditions d’Eshan, mais se garda bien d’aborder l’aspect autoritaire et matriarcal de celle-ci, qu'il désapprouvait grandement. Siri apprit donc rapidement à se battre grâce à l'attention de son père, lequel tint à insister sur l’aspect culturel et artistique du style de combat echani plutôt que sur sa violence qui en découlait. Il lui expliqua que c’était là une manière de communiquer avec l’autre, de faire ressortir les émotions des deux combattants pour que ces derniers parviennent à mieux se connaitre mutuellement.
Son éducation aux côtés de son père fut entrecoupée de moments passés en présence de sa mère, laquelle utilisait presque l’intégralité de ses permissions pour rendre visite à sa fille. Siri connut donc l’ascension de sa génitrice à des postes à plus grandes responsabilités au sein de la marine, et l’absence récurrente de cette dernière fit naître en elle l’envie de suivre ses traces pour pouvoir la rejoindre. L’environnement militaire de son foyer, et l’entrainement echani dispensé par son père n’aida pas à l’en dissuader. Elle eut à vivre plusieurs déménagements lorsque son père se retrouva muté vers la Bordure, puis vers le Noyau. Plus elle grandissait et plus l’echanie fit preuve d’indépendance. Son intérêt pour les nombres, sans doute en partie dû au métier qu’exerçait son père dans l’armée, ne cessa de croître avec l’âge au grand dam de sa mère, qui semblait regretter année après année son éloignement.
Siri n’eut pas de mal à réussir ses études et le jour où elle dû choisir où poursuivre son cursus ne tarda pas à venir. Ses notations étaient suffisamment bonnes pour lui permettre d’étudier dans des universités les plus prestigieuses du Noyau mais l’echanie ne sembla pas intéressée par les établissements civils. Elle préférait de loin poursuivre son rêve et rester dans la continuité de ses parents. De par le statut de ces derniers et malgré ses résultats bons mais pas exceptionnels, elle n’eut aucun mal à se faire accepter pour les sélections aux écoles militaires de la république. Si sa mère parue surprise par ce choix à cause de son éloignement, son père, lui, l’avait bien compris depuis des années et l'avait encouragé.
La jeune Siri prit le premier vaisseau au départ du Noyau pour l’Académie Militaire de Prefsbelt, où se déroulait l’année de formation initiale qui déterminait également le futur que ses étudiants seraient autorisés à embrasser au terme de celle-ci. L’echanie passa avec succès les tests validant son entrée à l’académie grâce à l’entrainement quotidien que son père lui avait dispensé et à son habitude de vivre au sein d'une installation militaire, et impressionna même les instructeurs lors des premiers cours d’autodéfense grâce aux techniques echanie.
FORMATION A L'ECOLE DE GUERRE DE LA MARINE D'ANAXES
Cette première année d’apprentissage se révéla néanmoins bien plus éprouvante physiquement que Siri ne l’avait imaginé et la jeune femme fut contrainte de compenser ses carences physiques en contournant les règles par la ruse, la tromperie mais aussi une prestance et un beau-parler inné. Les permissions étaient quasiment inexistantes et les entraînements constants : en effet, cette première année ne visait pas à spécialiser les cadets, mais à leur inculquer la discipline militaire, à faire ressortir les forces et les faiblesses de chacun pour ensuite les sélectionner en vue de la spécialisation. Elle forçait la cohésion et développait l’esprit de corps, car la République cherchait des personnes endurantes et fortes psychologiquement. Siri comprit bien vite qu’elle allait devoir sélectionner ses enseignements pour pouvoir atteindre son rêve, et elle offrit moins d’efforts sur les exercices physiques et le tir pour se concentrer sur les domaines plus scientifiques et sociaux.
Certains des instructeurs ne furent pas dupe et tentèrent de la sanctionner pour ne pas donner le meilleur d’elle-même dans l’ensemble des exercices mais ne parvinrent qu’à obtenir un blâme à son encontre, car ses résultats dans les autres domaines compensaient largement ce relâchement. L’echanie perdit tout de même plusieurs places au classement général de l’académie mais se positionna tout de même à une position plutôt honorable et ses parents accueillir avec un grand enthousiasme son admission comme enseigne à l’Ecole de Guerre de la Marine de la République d’Anaxes. Son père était particulièrement fier que sa fille soit parvenue à éviter les postes de logisticiens normalement réservés aux personnels possédant de bonnes compétences en mathématiques mais qui offraient de faibles perspectives d’évolution, et sa mère fut comblée d’apprendre que sa progéniture avait choisi de suivre ses traces en intégrant le corps des officiers tacticiens.
L’echanie se retrouva dans un environnement propice au développement de sa forte personnalité. L’Ecole de Guerre était réputée difficile, compliquée. Elle développait l’esprit de corps bien au-delà de ce que pouvait faire l’académie de Prefsbelt, en contraignant les cadets à travailler en groupe lors des exercices théoriques comme pratiques. Elle créait de fait également des dissensions entre les élèves, qui partageaient des points de vue différents sur les sujets débattus, mais également une fierté que chacun cherchait à protéger, Siri étant évidemment de ceux-là. Là-bas, encore, la jeune femme privilégia son intellect à ses capacités physiques, se contenant du minimum requis pour valider les enseignements athlétiques, à l’exception de l’entrainement au self-défense où elle excellait avec aise.
Siri préférait de loin les cours sur la navigation ou l’ingénierie, qui forçait la réflexion et la logique pour résoudre des problèmes parfois complexes. Elle se créa d’ailleurs rapidement une réputation auprès de certains cadets qui travaillaient avec elle lors des simulations de combat naval, au risque d’en froisser certains, comme ce fut le cas le jour où elle rompit la chaîne de commandement établie et passa outre les ordres du capitaine désigné pour l’exercice pour l’atteindre l’objectif qui leur était assigné. Ce dernier était resté pantois lorsque l’echanie s’était interposé et imposée pour guider le groupe, ce qui avait provoqué une réunion dans le bureau de l’instructeur principal à la demande du cadet lésé pour protester contre la rébellion de cette cadette de première année.
L’instructeur se montra ferme, et rappela à l’ordre la jeune femme sur la rigueur et la rigidité apparente de la chaîne de commandement et les risques inhérents à la désobéissance, mais il ne pouvait ignorer que Siri avait déjoué les pièges du scénario pour mener le groupe à la réussite alors que l’accusateur de deux ans son aîné n’en avait pas été capable malgré sa formation avancée. Il finit par temporiser en renvoyant l’homme après un léger sermon sur la nécessité de prendre en considération les suggestions de ses subalternes avant de passer un moment seul à seule avec l’echanie. L’instructeur se montra alors plus clément, mais d’une froideur extrême. Il souligna que la jeune femme n’en était pas à son premier coup d’éclat et devait faire attention aux personnes qu’elle froissait par son attitude, car bien des cadets de l’académie étaient issus de familles très influentes et capables de tuer dans l’œuf son ambition de carrière.
Siri avait acquiescé avant de réintégrer ses quartiers, mais son état d’esprit n’était pas à la résignation, aussi persista-t-elle. Elle se forgea rapidement un clan de cadets avec qui elle acceptait de partager ses points de vue et ses opinions, et passa même du bon temps avec certains d’entre-eux. L’echanie avait pris soin de sélectionner des personnes compétentes et capable de comprendre ses raisonnements tout en développement des analyses propres qui étaient souvent pertinentes. Ensemble, ils multiplièrent les succès aux simulations et exercices au point de générer une véritable vague de protestations auprès des plus fiers prétendants qui estimaient les meilleures places comme leur étant acquises du fait du statut social de leurs familles.
Leur courroux s’abattit soudainement un soir où l’echanie et deux autres cadets sortirent tard d’un exercice. Le trio fut pris à partie par un groupe de six personnes dans une impasse étroite alors qu’ils se dirigeaient vers leur quartier d’habitation. Les assaillants ne leur laissèrent pas le temps de réfléchir et fondirent comme une meute et les battirent sans vergogne. L’entrainement de l’echanie et l’ardeur de ses camarades leur permirent de s’en sortirent avec des blessures et des contusions légères pour deux d’entre eux. Le troisième, la jambe cassée, s’était rapidement retrouvé hors-jeu et fut sévèrement battu. Les six assaillants avaient rapidement battu en retraite en constatant la résistance du duo encore debout et en entendant l’arrivée d’autres cadets alarmés par le brouhaha de l’affrontement. Convoquée chez l’instructeur principal après son passage au centre médical, Siri n’hésita pas à donner des noms précis à ses assaillants, à la grande surprise de l’officier. Hélas, l’instructeur ne porta guère de crédit au récit de la jeune femme et insista sur le fait que ses accusations étaient portées sur des élèves aux familles bien trop influentes pour pouvoir leur porter un quelconque préjudice.
Siri laissa sa frustration et son sentiment d’injustice de côté, ayant conscience que le poids politique de certains était tel qu’il bavait inéluctablement sur d’autres strates de la société qui, inéluctablement, dépendait grandement de ce pouvoir là pour exister. L’echanie décida donc de s’y intéresser sans pour autant s’y impliquer pour mieux connaître son ennemi. Elle se contenta de récolter le maximum d’informations sur ces familles qui profitaient de leur statut social pour s’accaparer des places qu’elles ne méritaient pas forcément, avec l’idée de se servir d’une position qu’elle obtiendrait peut-être plus tard dans sa vie pour dénoncer ce genre d’agissements. La jeune cadette décida de poursuivre sur sa lancée et de faire fi des risques qu’elle encourait en ridiculisant ces futurs officiers de salon, lesquels tentèrent de s’opposer à son admission en seconde année. Hélas pour eux, ses résultats étaient trop bons pour que le corps enseignant puisse s’y opposer. En revanche, si la sanction ne put s’abattre sur elle, il en fut différent pour un bon nombre de ses camarades loyaux, qui se virent recaler ou réaffecter dans d’autres académies. L’echanie comprit bien vite que si elle était intouchable, son entourage, lui, ne l’était pas.
En conséquence, Siri prit une décision drastique : elle ne s’entoura que d’un cercle restreint d’amis qu’elle savait pouvoir protéger et dont elle assurerait le succès perpétuel, en échange d’une loyauté sans faille. Elle choisit ses alliés à l’académie au-delà de ses convictions morales, en approchant ses rivaux les moins farouches pour les retourner à son avantage et se servir de leurs forces contre ses autres adversaires. Elle continua ainsi sur la lancée, en se démarquant des autres élèves-officier en se montrant à l’écoute de ses subordonnés, et en proposant des idées innovantes lors des simulations. Son esprit cartésien lui permettait de voir au travers des pièges et des feintes des instructeurs, parfois trop négligeant dans l’élaboration de leurs exercices. Elle parvenait à déceler des indices là où d’autres ne voyaient que des détails insignifiants. Elle réfléchissait différemment, en analysant non pas seulement les actes des autres mais en étudiant leur esprit, leur comportement, lesquels conditionnaient leurs actes. Elle avait ainsi régulièrement un à plusieurs coups d’avance. Cette façon d’agir attira l’attention de ses instructeurs, dont certains en référèrent à leur entourage. Petit à petit, l’echanie se montra redoutable : si elle offrait énormément aux quelques amis de son cercle restreint, Siri n’hésita pas à se séparer de ceux qui jouaient double-jeu. Pour ces gens-là, l'exclusion ne suffisait pas et l'echanie se fit un point d'honneur à les humilier publiquement au point de souiller leur carrière.
Sa nouvelle politique se fit rapidement remarquer et la jeune femme se retrouva rapidement désapprouvée par la hiérarchie de l’académie, qui ne tolérait pas sa désobéissance, ou encore son esprit d’initiative. Le renvoi fut même envisagé pour se débarrasser de ce fauteur de troubles, mais la jeune cadette se découvrit un nouvel allié de poids au cours de sa dernière année sur Anaxes lorsqu’elle fut approchée par des agents des services de renseignements militaires, qui semblaient très intéressé par ses capacités d’analyse et sa façon orthodoxe de régler les problèmes auxquels elle se retrouvait confrontée. Flattée de l’intérêt porté et voyant là une opportunité de sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouvait, la jeune femme saisi l’occasion sans la moindre hésitation pour pouvoir terminer sa formation. Elle commença ainsi à rédiger des rapports sur ses professeurs, puis sur ses camarades, alliés comme rivaux, pour le compte du renseignement militaire, qui évaluait ainsi directement les capacités de l’echanie avant son déploiement de fin d’étude à bord d’un navire de la flotte. C'était là un moyen de s'assurer que leur choix avait été le bon, u'ils ne s'étaient pas trompés sur son compte.
Siri fut affectée deux ans à bord de la corvette
Thranta en qualité d’officier aspirant au lieu de l’année réglementaire pour pouvoir se spécialiser dans le domaine du renseignement en général et suivre des cours supplémentaires. Son stage de confirmation des acquis se déroula sans problèmes majeurs, l’esprit ouvert du capitaine y étant pour beaucoup. L’homme était du genre à apprécier les interventions de ses subordonnés, et Siri aima beaucoup servir sous son commandement, ce qui aida à catalyser son énergie débordante.
TITULARISATION ET PREMIERES AFFECTATIONS
Siri réalisa sa première véritable affectation à bord de la corvette
Flagrance comme officier de renseignement. Son vaisseau était rattaché à l’un des détachements commandés par sa mère dans les dépendances du Nord mais jouissait d’une certaine autonomie pour y effectuer des patrouilles de routine le long de la Voie Hydienne jusqu’à Taris et quelques parsecs au-delà. Son vaisseau s’illustra à plusieurs reprises dans le cadre de la lutte contre la piraterie dans cette région de l’espace grâce à l’ouverture d’esprit du capitaine, des compétences sous-estimées de son équipage et de l’habile faculté d’analyse de l’echanie, permettant l’arraisonnement de plusieurs navires pirate au cours de sa première année. Le plus grand coup de filet fut obtenu lorsque, sous les conseils de la jeune officier, le vaisseau fut camouflé comme vaisseau de transport et fut intercepté par deux navires pirates à sa sortie de l’hyperespace. Les corsaires en eurent pour leur argent lorsqu’ils se rendirent compte de leur erreur et furent frappés sans attendre par les canons du
Flagrance, qui les arraisonna sans peine.
La petite routine qui avait finit par s’installer à bord de la corvette fut bouleversée moins d’un an plus tard, lorsque se produisirent les attaques mandaloriennes -de 5341 BBY- contre les mondes républicains des dépendances du Nord. Envoyé dans les docks d’Aquaris avec une partie de l’escadre commandée par sa mère, le
Flagrance s’était vu confiée la mission de patrouiller le système avec plusieurs vaisseaux pendant que le gros de l’escadre effectuait une révision dans le petit chantier déployé en orbite. Les mandaloriens attaquèrent le lendemain, alors que la corvette revenait vers Aquaris pour être relevée par un autre navire, et plusieurs vaisseaux prirent immédiatement d’assaut les chantiers alors que le gros de l’escadre républicaine était encore ancré aux docks avec ses équipages dégarnies le temps de la révision. Plusieurs navires républicains furent immobilisés dès les premières minutes de l’attaque, frappés à mort, et seuls trois vaisseaux parvinrent à échapper à la destruction initiale, s’écartant des chantiers dévastés pour partir affronter vaillamment l’assaillant.
Siri et tout l’équipage du
Flagrance assistèrent impuissants au début des hostilités et le capitaine ordonna de se préparer au combat pour assister le vaisseau-amiral et les deux croiseurs qui étaient parvenus à s’arracher des docks mais l’echanie s’interposa immédiatement. Elle proposa au contraire de maintenir la position et de couper l’alimentation générale et l’intégralité des systèmes principaux pour réduire la signature du vaisseau au minimum et ainsi éviter la détection par les mandaloriens. Elle fut aussitôt confrontée par le capitaine, qui l’accusa de lâcheté, mais Siri répliqua en expliquant point par point que cette bataille était déjà mathématiquement perdue, et que l’ajout du
Flagrance ne changerait rien à son issue, si ce n’est d’avoir encore plus de morts de leurs côtés, et qu’il était préférable de rester invisible pour informer l’amirauté. Le temps pressant, le capitaine lui fit confiance et finit par se ranger à son idée. Il ordonna d’exécuter rapidement les instructions de la jeune lieutenant avant que les mandaloriens ne se lassent du reste de l’escadre et daignent s’en prendre à la petite corvette. L’echanie en profita alors pour prévenir ses supérieurs pendant que le capitaine prévenait l’amirauté mais le résultat la laissa pantoise : les premiers affirmèrent que ce n’était là qu’un raid comme un autre, que les mandaloriens partiraient et que ça permettrait d'affaiblir la position d'Alsakan dans la région alors que les autres s'avouèrent dépasser par les événements et incapables de réagir promptement. En somme, ils étaient tout seuls.
L'echanie assista ainsi la boule au ventre au dénouement de la bataille en orbite d’Aquaris à l’aide de leurs capteurs alors que la république refusait d’agir. Elle vit le vaisseau amiral de l’escadre, celui de sa mère répondre coup pour coup alors qu’un des croiseurs d’escorte venait s’écraser contre les docks pris d’assauts par les guerriers mandaloriens. Ce fut à cet instant, alors que l’équipage était pris d’effroi, que l’echanie eut une idée qui changea peut-être le cours des événements, et s'isola. Elle contacta secrètement les responsables d’Alsakan dans ce secteur, les sachant prompt à réagir à ce genre d’incidents, sans réellement penser aux conséquences de cet acte. Peut-être Alsakan était-elle déjà au courant de ce qui se tramait sur Aquaris et d’autres mondes des dépendances du Nord, mais les informations fournies par Siri confirmèrent leurs craintes. Pendant ce temps, le deuxième croiseur d’escorte, sévèrement endommagé, battit en retraite en vitesse-lumière, ne laissant que le vaisseau amiral commandé par sa mère à la merci des mandaloriens. Ces derniers s’acharnèrent dessus jusqu’à ce que ses déflecteurs ne cèdent, et les têtes de seau s’engouffrèrent dans la brèche à l’aide d’un missile qui fit taire les défenses du navire républicain, qui ne tarda pas à exploser en une multitude de débris. Siri fut dévastée, sachant que sa mère n’avait pu survivre à une pareille explosion. Elle se sentit immédiatement prise d'un fort sentiment de culpabilité puisque c’était elle qui avait convaincu son capitaine de ne pas intervenir. C’était elle qui l’avait peut-être condamnée en restant à l’écart.
Ces pensées hantèrent son esprit pendant très longtemps, bien qu’elle sût au fond d’elle qu’elle avait fait le meilleur choix. Elle avait sauvé tout un équipage d’une mort certaine, et avait peut-être permit à Alsakan d’intervenir pour reprendre Aquaris et repousser les mandaloriens hors des frontières de la République. Cette épreuve lui avait permit d’obtenir le respect des Alsakanis mais la défiance du Service de Renseignement Naval Républicains, qui la releva de ses fonctions dans l'attente de la conclusion d'une enquête à son sujet. Mais l’éviction du directeur des renseignements militaires par le conseil restreint et la commission sénatoriale du renseignement pour incompétence et compromission fit annuler toutes les charges portées contre elle et l'echanie fut promue trois ans plus tard au grade de lieutenant-commandant pour sa défense des intérêts républicains.
La mort de sa mère l'hanta pendant toutes ces années, mais c’était une Siri bien plus forte qui ressorti de cette épreuve, capable de mettre de côté ses regrets pour aller de l’avant, et ce malgré des décisions qui pouvaient paraître discutables. Ce fut à chaque fois la meilleure chose à faire à ses yeux, et se refusa de regarder en arrière. Sa prise de poste à bord du croiseur
Endurance reflétait bien ce nouvel état d’esprit de l’echanie, qui voyait certains de ses travers rebelles resurgir du fond de sa personnalité. La nouvelle politique mise en place par la direction du renseignement militaire qui incitait ses hommes à faire valoir leur autorité sur les autres membres des forces armées en temps de crise ne fit que libérer sa parole mais Siri ne tomba pas dans le piège de l’excès qui menait inéluctablement à l’insubordination et à la sanction. La militaire préféra adopter une vision plus diplomatique avec son capitaine, surtout lorsque les ordres de ce dernier allaient en contradiction avec la volonté de la Direction. Plus qu’un officier de renseignement informant l’équipage sur les évolutions tactiques, stratégiques et géopolitique, Siri était incitée à imposer ses directives et celles du renseignement, ce qu’elle fit sans la moindre hésitation dans le dos de son capitaine, tout en faisant en sorte de ne pas aller totalement à l’encontre de ses souhaits, et donc de ses instructions. Tout était une question de mesure, de patience et d’analyse, ce qui était justement un atout de l’echanie. Agir dans l’illégalité au cours d’une mission légale demandait de pouvoir faire confiance à certains des membres de l’équipage, ce qui fut difficile pour celle qui faisait de moins en moins confiance aux autres. Elle passa sept années à servir sur l'
Endurance, menant des missions de surveillance et diverses patrouilles et participa également à plusieurs pourparlers et autres négociations diverses sur des mondes républicains de la Bordure pour satisfaire au mieux à leurs revendications.
Cette expérience acquise sur ces mondes allait lui être bien utiles lorsque la Direction commença à mettre en service sa propre flotte -relativement faible- de navires pour sillonner l’espace républicain et mener des missions parfois en dehors du cadre légal et en territoire contesté sans avoir à rendre de compte à la Marine. L’echanie fut d'abord surprise lorsqu’on lui proposa son propre commandement puis l’accepta sans hésiter. Siri était désireuse de faire ses preuves depuis si longtemps qu'elle ne put décliner la proposition, et pouvoir diriger son propre vaisseau lui offrait une forme d’indépendance qu’elle avait depuis longtemps désiré pour atteindre certains de ses objectifs qu’elle s’était fixée à l’Ecole de Guerre. C’est de cette manière qu’elle prit de commandement du
Ulfberth, une frégate de la marine modifiée pour les missions discrètes et bourrée de capteurs au détriment d’une réduction de ses capacités offensives.
La promotion de Siri au grade de capitaine coïncidait avec la recrudescence des raids mandaloriens dans les provinces septentrionales et l’echanie fut envoyée pour la première fois au-delà de la frontière républicaine représentée par Taris et ses environs. Leur mission dura près de deux ans. Deux années passées dans la discrétion, la majorité des systèmes éteint pour réduire l’empreinte électromagnétique du vaisseau, écoutant le silence de l’espace pour tenter d’y déceler le transit supposé des vaisseaux mandaloriens. L’echanie mit ses hommes à rudes épreuves en prenant son nouveau travail très à cœur. Elle n’offrit que peu de temps de repos en espace républicain entre deux expéditions, et profita de leurs excursions pour cartographier en détail les quelques parsecs qu’elle surveillait : Siri était partit de l’hypothèse que les clans qui avaient attaqué les mondes frontaliers devaient disposer d’un territoire quelque part au Nord et à l’Est de Taris et qu’ils devaient forcément transiter entre plusieurs de leur monde de façon régulière. Plutôt que de chercher l’un de ces mondes, ce qui nécessitait de balayer un espace immense, elle concentra ses recherches sur un espace réduit où les mandaloriens devaient très certainement passer pour joindre les deux bandes de territoires supposés par son analyse. Le
Ulfberth parvînt par cette méthode à repérer un certain nombre d’appareils grâce à ses capteurs passifs, et Siri fut tenté d’en suivre plusieurs, par curiosité et nécessité, mais s’y refusa en considérant qu'une telle manœuvre aurait dévoilé la position du vaisseau et potentiellement informé les mandaloriens que la République menait des opérations dans ce qui était peut-être leur territoire. Il y avait là beaucoup de suppositions, mais Siri n’était pas prête à prendre un tel risque, qui pouvait mener à la guerre, avec autant d’incertitudes.
Les informations récoltées firent néanmoins la satisfaction de la Direction, qui félicitèrent l’équipage et assignèrent l’
Ulfberth plus au sud, dans le secteur Farstey. Ce fut au cours d’une patrouille dans ce secteur que l’équipage capta un signal de détresse et Siri s’apprêta à l’ignorer pour maintenir sa discrétion conformément à la procédure, lorsque l’un de ses hommes l’informa que le signal provenait d’un vaisseau diplomatique en provenance de Thisspias et que l’appareil était très mal en point. L’echanie hésita, sachant qu’intervenir était risqué car l’
Ulfberth était moins armée qu’une frégate standard mais finit par ordonner de se rendre sur place pour prêter assistance au navire en détresse.
L’arrivée d’un vaisseau militaire non répertorié prit au dépourvu les pirates, qui battirent en retraite sans demander leur reste, et Siri escorta la barge diplomatique jusqu’à Thisspias et en profita pour passer du temps en compagnie de l’ambassadeur. Ce dernier lui expliqua en détail que la situation de son monde se détériorait et que la recrudescence des actes de piraterie dans le secteur fragilisait encore plus la stabilité de la région, ainsi que son propre gouvernement. L’echanie prit note des informations mais resta perturbée que les prétendus pirates n’aient pas cherché à aborder l’appareil du diplomate pour s’emparer de son butin, mais aient préféré le détruire et dire adieu à leurs bénéfices. Curieuse, elle décida d’observer la situation dans les environs de Thisspias discrètement, et fit mine de quitter le secteur avant de se fondre dans l’immensité de l’espace, attendant le bon moment pour intervenir. L’opportunité arriva rapidement et Siri lança l’
Ulfberth dans une surveillance minutieuse lorsqu’elle repéra un des deux vaisseaux ayant attaqué le vaisseau diplomatique. Son équipage et elle le suivirent à la trace pendant plusieurs mois sans intervenir et purent constater que les présumés pirates agissaient plus comme des mercenaires possédant des compétences militaires que de simples individus attirés par l’appât du gain. De plus, leurs cibles semblaient être choisies avec soin, et jamais avec opportunisme. Siri émit alors un rapport à ses supérieurs, mettant en avant le soupçon qu’un gouvernement puisse tirer les ficelles et chercher à porter un coup majeur au gouvernement de Thisspias mais fut ignorée. Cependant, la capture d’une frégate républicaine, l’
Esperance, par le groupuscule qu’elle surveillait finit par attirer l’attention et l’ordre lui fut rapidement donné d’intervenir. Entre-temps, les rapports s’étaient accumulés et mettaient en évidence que tout ces faux actes de piraterie visaient uniquement à déstabiliser le gouvernement en place sur Thisspias avec pour but final de le renverser.
Leur plan dévoilé au grand jour, les responsables tentèrent une manœuvre désespérée et Siri les dirigea droit dans un piège. La manœuvre fut audacieuse mais l’
Ulfberth, moins armée, parvînt à surprendre l’
Esperance en orbite d’une planète d’un système voisin et à détruire sa propulsion après l’avoir entraîné au plus près de celle-ci. La proximité de la planète et l’immobilisme forcé de l’
Esperance laissa la gravitation faire son travail sans résistance, et le vaisseau fut inexorablement aspiré par la gravité de la planète et se disloqua dans l’atmosphère. Avec ses têtes pensantes décapitées, le mouvement s’écroula et Siri fut officiellement félicitée par le gouvernement de Thisspias, mais le gain de popularité de l’echanie attira le courroux de l’amiral responsable du secteur -celui-là qui avait ignoré les mises en gardes-, qui fit transférer l’
Ulfberth sans perdre de temps pour éviter que ses défaillances ne soient révélées.
ASCENSION, APOGÉE PUIS DÉCLIN ?
La carrière de Siri au sein de la direction du renseignement militaire de la république ne tarda pas à décoller lorsqu’elle fut reçue par le responsable des secteurs Kastolar, Trax et Kurost, qui lui offrit le commandement de plusieurs vaisseaux pour assurer la surveillance et l’écoute de la frontière de la République avec l’Espace Hutt. Bien qu’elle gardât le grade de capitaine, le fait de commander plusieurs navires était un important signe de reconnaissance, le premier véritable pas vers l’amirauté. L’echanie commençait à entrevoir la possibilité de pouvoir mettre à exécution ses idées nées à l’académie, et redoubla d’efforts pour plaire et satisfaire les éminents amiraux qui géraient le renseignement. Elle œuvra de la même manière qu’au temps de l’Ecole de Guerre et profita de son aura grandissante pour attirer dans son giron certains responsables assez ouverts pour la considérer comme une femme capable de faire sa place au sein de l’amirauté le moment venu, lorsque le temps serait propice à une promotion.
Avec plusieurs vaisseaux à sa disposition, Siri multiplia les coups d’éclats grâce à son esprit d’analyse plus fin que ceux de ses semblables dans la région. Là où beaucoup se contentaient d’observer les tendances évidentes et classiques, l’echanie s’intéressait à l’intégralité des données, les prenant séparément dans un premier temps avant de les mettre en relation dans un second temps. Elle forma une partie de ses équipages à la compréhension des schémas les plus classiques tout à les incitant à développer leur culture générale et à s’intéresser aux us et coutumes des endroits où ils seraient amenés à naviguer. Il était essentiel, et même nécessaire que chacun de ses officiers soient en mesure de discerner la moindre anomalie et de faire remonter directement l’information à
l’Ulfberth, et donc à elle. Siri exigeait en effet que l’intégralité des informations transmises par ses hommes à la Direction, sur Coruscant, passent d’abord par elle, et c’est de cette manière qu’elle commença à devenir incontournable et parvînt, notamment, à démanteler un trafic d’êtres humains et aliens depuis l’Espace Hutt et vers le monde républicain d’Arkania, où, visiblement, certains scientifiques arkaniens n’avaient pas abandonné leurs expérimentations.
L’affaire provoqua un tollé et certains amiraux qui s’étaient vu donné l’administration des renseignements militaires à l’échelle régionale finirent par remarquer les compétences de l’echanie. Ce fut l'un d'entre eux qui lui permit d'accéder à l'amirauté.
Le passage d'un poste d'opérationnel à celui de décisionnel fut déstabilisant car il induisit une perte de sa mainmise directe sur les équipages des vaisseaux qu'elle avait eu sous ses ordres et l'obligea à s'appuyer sur un échelon subalterne qu'elle allait devoir juguler pour éviter toute perte d'information. L'echanie appliqua néanmoins le même schéma déjà mis en place lors de son ancien commandement et étendit son influence grâce à l'aide des hommes et des femmes qui lui était fidèle et qu'elle propulsa à des positions clés. Siri imposa lentement mais surement ses idées, son influence et par définition son autorité. Elle poursuivit ses coups d'éclats, et n'hésita pas à reporter ses échecs sur la tête et les épaules de ses subordonnés les moins dociles et ses rivaux les plus virulents mais influents pour les discréditer et les faire chuter. Ceux qui n'avaient aucun rayonnement disparaissaient simplement.
Malgré sa discrétion sur ces sujets délicats, ses agissements attirèrent l'attention du directeur qui l'invita à de nombreuses reprises pour discuter de ses méthodes et lui demander de rentrer dans le rang avant qu'il ne prenne des mesures plus directes. Elle fit mine d'accepter et prit le risque de jouer double-jeu : elle accepta de revoir sa façon d'agir, relâchant un peu sa poigne de fer et appliquant les recommandations de son éminent supérieur pour s'attirer ses sympathies. Siri accepta même de se faire violence et d'aider Coruscant dans un de leurs litiges avec Alsakan alors qu'elle s'était fait un point d'honneur à ne jamais faire profiter une sphère d'influence au détriment d'un autre pour assouvir les besoins d'un seul individu. Cette double stratégie fonctionna contre toute attente grâce à la discrétion et la loyauté, parfois forcée, de ses subordonnés et la mise en place d'un cloisonnement efficace de l'information, au point que ses subalternes ignoraient parfois même l'existence des uns et des autres.
C'est de cette manière que Siri se vit confier la responsabilité de l'intégralité des capacités de l'agence dans les bordures Extérieure et Médiane en récompense de sa "loyauté" et de ses services exceptionnels lorsque le siège se libéra. L'accession à ce poste à très haute responsabilité la propulsa d'autant plus dans la sphère géopolitique de la république tout en l'exposant aux dangers qui y étaient inhérents. Du fait de l'organisation pyramidale de l'agence de renseignement, l'échanie jouissait désormais d'une grande autonomie sur la gestion de ses services et put mettre en stricte application le cloisonnement et le ruissellement vers le haut des informations. Elle réorganisa également la hiérarchie tout en s'offrant la possibilité de pouvoir la court-circuiter sans effort, ce qui lui assura que les informations les plus importantes et parfois vitales étaient inconnus de la majorité de ses subalternes. Siri devint rapidement incontournable pour obtenir des évaluations sur la situation dans la Bordure Médiane et dans la Bordure Extérieure et força ainsi la main au conseil de supervision restreint du SRNR qui se vit contraint de la convoquer régulièrement pour accéder aux informations. L'échanie aurait pu être mise sur la touche par le conseil si elle n'avait pas également obtenu le soutien de nombreux politiciens et militaires influents qu'elle avait courtisé et qui avaient été subjugué par la réussite de cette officier prodige. Il était si simple d'obtenir le soutien de ces personnes lorsque l'on était en mesure de leur fournir des informations inédites et vitales pour leurs intérêts, et ce même si cela faisait du mal à l'égo de la contre-amirale.
Siri passa cinq années à consolider sa position et à réformer intégralement le fonctionnement de la section de l'agence placée sous son autorité tout en renforçant son influence sur la scène politique et militaire. Dans le triumvirat formé par les contre-amiraux responsables du renseignement naval dans leur secteurs respectifs, l'échanie se vit confrontée à la froideur et à la rivalité de l'homme en charge du Noyau et des Colonies qui voyait d'un mauvais œil l'imperméabilité et l'opacité des services gérés par cette femme dont les états de services étaient plutôt exceptionnels. L'homme œuvra pour tenter de la faire chuter, allant même jusqu'à la tentative d'assassinat qui marqua à jamais le corps de l'echanie. Mais son dédain pour son comparse en charge de la Bordure Intérieure et de la Région d'Expansion le confronta rapidement à une alliance de circonstance entre les deux autres amiraux. Ce "pacte défensif" entre Siri et son confrère skakoan finit par tourner à l'avantage de l'échanie dont l'ambition surpassait largement celle de son allié, au point que les soutiens de celui-ci finir par la supporter elle lorsque l'amirale commença à les courtiser.
CONSECRATION & CONSOLIDATION
Siri fit preuve d'une patience redoutable. Elle observa et décortiqua les rouages et s'accapara la majorité des sièges du conseil restreint et attendit le bon moment pour renverser celui qui avait vu en elle une élève et qui lui avait offert le droit d'accéder à l'amirauté. Grâce au cloisonnement mis en place par Siri, ses services avaient œuvré contre lui sans même le savoir et permit à l'échanie d'obtenir des informations compromettantes sur le directeur du renseignement qu'elle écoula en de multiples scandales qu'elle espaça suffisamment dans le temps pour remettre en question sa loyauté. Il fut relevé de ses fonctions au terme d'une convocation devant la Commission Sénatoriale du Renseignement au bout d'un an d'enquête et l'échanie s'engouffra immédiatement dans la brèche en faisant jouer ses soutiens qui, désormais en position de force au sein de la commission et du conseil restreint, la propulsèrent au poste suprême du SRNR.
Avec cette promotion au grade de Vice-Amirale, la tentation de réformer l'intégralité du Service de Renseignement Naval de la République fut grande mais Siri n'en fit rien, et ce pour plusieurs raisons. La plus évidente était bien sûr de garder ces soutiens clés qui lui avait permis d'atteindre le sommet de la hiérarchie. La seconde, plus fourbe, était de garder le système en place pour mettre en évidence ses défaillances et proposer une alternative, qui n'était autre que celui qu'elle avait mis en place lorsqu'elle était en poste dans les bordures Médiane et Extérieure et qui lui offrirait une mainmise totale. Elle initia donc que des modifications mineures et transforma sa position en une forteresse suffisamment solide pour encaisser les coups à venir. Et ceci ne tardèrent pas, effritant sa popularité et son influence essentiellement au niveau du Sénat lorsque par exemple Coruscant essuyait un refus catégorique de sa part lorsqu'on lui demandait, discrètement bien sûr, de déstabiliser Alsakan ou Corellia d'une quelconque manière, ou bien évidemment lorsque des informations passaient au travers des mailles du filet ou n'étaient tout simplement pas prises en considération par la hiérarchie et menaient à des événements malheureux.
Le bateau Tenesca fut prit à plusieurs reprises dans des tempêtes, et l'une d'entre elle aurait fait sombré le navire si l'échanie n'avait pas manqué de mettre ces échecs sur le dos des défaillances du systèmes historique. La volonté républicaine d'expansion territoriale à l'Est rencontra une résistance que le SRNR n'avait pas anticipé, et la défaite de la flotte de la République en orbite d'Ondéron face aux Hutts et leurs nouveaux alliés ne tarda pas à revenir à la figure de l'échanie. Accusée de passivité et d’inefficacité, Siri fut quelque peu surprise par la véhémence soudaine des élus républicains de la commission sénatoriale. Acculée, elle ne dû sa victoire qu'à sa sphère d'influence et à ses soutiens. Consciente que c'était peut-être là le tournant qu'elle attendait depuis cinq ans, Siri utilisa toutes ses cartes pour inverser la tendance et remporter une victoire éclatante au prix d'une perte d'influence plus que conséquente. Mettant en avant les défaillances critiques du système en place, elle dénonça également le contrôle permanent qui réduisait la capacité d'action de ses services. Elle renversa l'accusation au cours d'un discours public devant le Sénat dans son intégralité, où elle retourna à sa grande surprise l'opinion contre ses détracteurs, si bien que l'accusation fini par flancher. Elle obtint un sursis, et une dérogation pour réformer le SRNR dans son intégralité, avec une obligation de résultats.
Malgré cette victoire, ce dénouement est considéré comme un échec par Siri. Si elle a obtenu ce qu'elle désirait depuis si longtemps et qu'elle peut désormais réformer pour régner, elle a également dû accepter de se débarrasser de son éthique pour s'assurer de rester à son poste. Elle qui s'était jurée de ne jamais rentrer dans les petits jeux politiques d'Alsakan, Corellia et Coruscant se voyait contrainte d'y prendre pleinement part pour s'assurer d'avoir suffisamment de soutien et ainsi maintenir son poste. Elle qui n'avait déjà que peu de morale allait bientôt devenir une femme à abattre pour ceux qui se retrouveraient lésés dans ce jeu d'influence. Siri avait cherché à réduire à néant ce système et s'en retrouvait désormais prisonnière. Cela lui donna néanmoins un nouvel objectif, celui de déjouer la commission pour ne plus avoir à y rendre des comptes. Un objectif encore non accompli aujourd'hui.
Siri avait presque oublié que personne n’est à l’abri de l’échec. Elle avait une nouvelle fois senti le goût amer de la défaite et de la déception. Pour autant, elle savait qu'elle ne devait pas s'attarder sur cet échec mais en tirer des leçons et continuer, à apprendre de ses erreurs pour s'assurer que la République ne retombe pas dans ses travers car celle-ci à tendance à ne pas apprendre de ses échecs. Les adversaires de la République l'avaient sans doute bien compris et n'hésiteraient pas à réitérer leur exploit dans l'espoir que la République tombe à nouveau dans le piège. Mais ce que l'adversaire oublie parfois, c'est qu'il n'y a pas deux circonstances qui se ressemblent. Les défis ne sont jamais identiques. Il est donc possible de repérer et de contrer l'adversaire lorsque l'on a appris de ses erreurs. Dans son cas, Siri allait devoir s'assurer que la République se souvienne que les Hutts n'agissaient plus seuls, qu'ils étaient en mesure de faire appel à des alliés aux tactiques non-conventionnels pour remporter l'affrontement.
Elle réforma donc. Brutalement et sans états d'âmes. Elle balaya le conseil restreint, qu'elle jugeait depuis longtemps inutile et appliqua les idées développées pendant ses années passées dans la Bordure. Cloisonnement, ruissellement des informations vers le haut, culture du droit d'en connaître, et bien d'autres éléments qui métamorphosèrent l'agence en une structure où l'intégralité des informations finissaient forcément sur son bureau avant d'éventuellement fuiter vers l'extérieur. Siri inculqua également son autocratisme sans vergogne dans la nouvelle doctrine, et n'hésita pas à faire enfermer les incompétents dans des installations secrètes et à faire disparaître les traîtres. Des rumeurs à ces sujets fuitèrent, volontairement, mais elle ne laissa aucune preuve les étayer, sauf bien évidemment pour ceux qui s'y retrouvaient confrontés. Cela renforça son autorité, mais aussi la crainte. La gestion des opérations fut volontairement divisée et chaque officier clé se devait d'être d'une loyauté sans faille. L'échanie transforma le SRNR en une administration opaque à l'image de ce qu'elle avait accompli dans la bordure, et dont la subdivision faisait que les certaines d'entre-elles ignoraient l'existence de certaines autres, créant une masse administrative dense et redondante, s'assurant ainsi que rien ne lui était caché. Etant la seule à posséder l'intégralité des informations à la fois sur les ennemis de la République que sur ses représentants, elle est désormais une figure quasi-irremplaçable. Du moins souhaite-t-elle le croire, car l'ensemble de ses actions secrètes, immorales et illégales suffiraient à la faire exécuter des dizaines de fois, ou la faire emprisonner pour plusieurs siècles.
Hélas pour Siri, l'élection de l'actuel chancelier bouleversa ses habitudes et ses plans. N'éprouvant guère d'amour pour la société militaire en général, ce dernier ne vit forcément pas d'un bon œil de savoir qu'autant de pouvoir était concentré dans les mains d'une seule personne placée à la tête d'une administration qui semblait impénétrable, et donc impossible à surveiller ou à superviser depuis l'extérieur. Surfant sur la vague de soutien de sa récente élection, il dirigea une partie de ses efforts sur le SRNR et la commission sénatoriale du renseignement, qu'il renforça grandement en lui offrant de nouveaux pouvoirs de régulation et d'observation. Dans le même temps, il fit convoquer Siri, pour lui annoncer son intention de retirer certaines prérogatives à son administration. L'envie de protester fut grande, l'echanie sentant immédiatement le danger et la lame placé au-dessus de sa tête, mais elle préféra rentrer dans le rang et éviter tout conflit avec l'homme qu'était le Chancelier Suprême. Elle accepta à contrecœur d'abandonner ses responsabilités sur les questions relevant de la sécurité intérieure si ces dernières ne concernaient pas les armées de la république, et de cesser toutes opérations de pression envers les services de renseignement des gouvernements des mondes fédérés. Il fit également en sorte que sa position ne soit plus aussi inamovible qu'auparavant, modifiant la loi fédérale pour permettre à la Chancellerie de révoquer les directeurs du renseignement si nécessaire, tâche auparavant confiée à la seule commission sénatoriale du renseignement.
C'est principalement pour ces raisons qu'elle fit l'acquisition d'un croiseur moderne qu'elle transforma en navire amiral pour espion et y transféra la gestion de l'ensemble des opérations sensibles ou clandestines. Cette base mobile rendait ainsi le SRNR encore plus résilient, puisqu'elle garda tout de même le siège de la direction sur Coruscant comme façade administrative, mais permit également de déplacer certaines affaires sensibles que le Chancelier aurait sans aucun doute désapprouvé. Mais elle ne pouvait simplement pas tout abandonner parce qu'un homme le lui avait ordonné. Si elle avait bien accepté d'abandonner une partie de sa surveillance avec la création d'une agence indépendante chargée de la sûreté intérieure et de cesser certaines activités, d'autres se révélaient si vitales pour la République qu'y mettre un terme ne ferait qu'accentuer le danger qui pèse sur elle avec la recrudescence des activités hostiles aux bordures et l'annexion de certains mondes frontaliers.
La nouvelle multiplicité des organisations de surveillances fédérales en plus de celles fédérées déjà existantes rendait le travail du SRNR extrêmement compliqué puisque chaque entité cherchaient à cacher à l'autre ses secrets au détriment de la sécurité de la République. Siri s'en est largement plaint depuis son accession à la tête du service de renseignement militaire, et bien qu'elle soit désormais obligée de faire avec les exigences d'un Chancelier aveugle des menaces et ignorants de certaines obligations, l'echanie reste convaincue de la nécessité d'adopter un service de renseignement unifié, potentiellement placé sous ses ordres.
Il y a néanmoins un avantage à cette perte de responsabilités, puisque ces nouvelles agences lui offrent la possibilité de leur jeter la faute lorsque c'est nécessaire. C'est ce qui s'est passé avec le récent assassinat du sénateur de Coruscant, proche du Chancelier Suprême. Certaines voix s'élevèrent contre le manque d'efficacité du SRNR dans cette affaire, ce à quoi Siri a répondu que la surveillance du sénateur relevait non pas de ses responsabilités mais de celles des services spéciaux de Coruscant et qu'aucune information ne laissait présager un tel acte. Ce qui était vrai. Néanmoins, les accusations rapidement portées à l'encontre du sénateur de Caamas lui semble très douteuses, et ce pour de nombreuses raisons, tant politiques que culturelles, alors que l'acte en lui-même aurait cruellement manqué de cohérence, et surtout d'intelligence. Son discours devant la Commission Sénatoriale du Renseignement fut d'ailleurs équivoque, et sonna comme une mise en garde envers ceux qui souhaitaient expédier rapidement cette affaire, peut-être en voulant profiter de l'occasion pour désigner les coupables qui arrangeraient le mieux leurs affaires :
« ... Un proverbe correllien dit, à juste titre, que pour abattre une bête sauvage trois types de chasseurs peuvent se présenter à vous. Le moyen, l'avisé et le subtil.
Le chasseur moyen prend une arme de gros calibre avec laquelle il tire sur l’animal. Quand cela fonctionne, la méthode est rapide et efficace mais si le premier tir ne parvient pas à heurter un organe vital, la bête peut contre-attaquer avant qu’un second tir ne soit effectué.
Le chasseur avisé prend une arme plus petite. La méthode est moins susceptible de tuer du premier coup, mais le deuxième, le troisième ou le quatrième tir peut réussir. Cependant, si l’arme est trop petite, aucun projectile ne pénétrera jusqu’aux organes vitaux et la bête triomphera de nouveau de son attaquant.
Le chasseur subtil, lui, ne prend pas d’armes visibles. Il provoque à la place un essaim d’insectes tueurs qui attaquent la bête de tous les côtés. La méthode est lente mais destructrice et, à terme, la bête meurt sans jamais avoir su d’où provenait l’attaque.
Tout semble désigner le sénateur de Caamas comme le responsable, mais quel intérêt aurait ce dernier à se faire arrêter s’il est réellement l’assassin ? De plus, nous n’avons trouvé aucune contusion, aucuns coups, aucun poison. Il est évident que si le sénateur de Coruscant a été assassiné, et j’insiste sur le « si », alors ce n’est certainement pas l’œuvre d’un chasseur moyen, ou même avisé, mais bien celle d’un acteur subtil. Vous souhaitiez avoir mon avis sur cette question. Mon avis est que les zones d’ombres sont encore trop nombreuses dans cette affaire.
C’est pourquoi, mesdames, messieurs, toujours selon ce même proverbe, nous ne devons pas vendre la peau de l’humbaba avant de l’avoir tué. »