Historique (suite et fin)
Enregistrement effectué par Maître Lianna Tsi'a Cyan à la suite des événements de Nam Chorios. Cet enregistrement a été classé juste avant le départ et la retraite de Maître Tsi'a Cyan. Il est conservé dans les archives de l'ordre et requiert une autorisation spéciale du Conseil pour pouvoir être consulté.(J’écoute ma voix calme et monocorde retracer les événements tragiques de Nam Chorios. A l’époque, j’ai simplement voulu donner une version détachée de toute émotion. J’étais toujours sous le choc et je ne voulais pas que mes émotions parasitent mon rapport. Pourtant, aujourd’hui quand j’écoute à nouveau ces mots douloureux, je revois dans ma tête tout ce qui s’est réellement passé et je prends une nouvelle fois conscience des erreurs que j’ai commises et qui nous ont conduit au drame.)
(5304 avant la bataille de Yavin)Tout a commencé quand j’ai reçu un message de Ons Andor, mon ancien maître et un ami très cher. Il avait fait une découverte dont il voulait absolument me parler. Depuis la mort de nos amis les plus proches, au cours de la bataille de Ors Mantell, il ressentait un sentiment de culpabilité qui le rongeait. Une nuit, il s’est réveillé en hurlant et lorsque j’ai voulu comprendre ce qui lui arrivait, il m’a repoussée, me renversant au sol avec son pouvoir. Pendant un court instant, il s’était cru encore en train de combattre contre les forces mandaloriennes et il m’a prise pour une ennemie.
Cela n’a duré qu’un bref instant et il a repris immédiatement ses esprits. Il venait d’essayer de me tuer sans s’en rendre compte. Cela l’a dévasté… J’ai essayé de le pousser à aller voir nos Maîtres les plus sages, eux seuls pourraient l’aider, j’en étais sure, mais pour Ons, ce genre de faiblesse était inacceptable. J’ai compris qu’il ressentait une grande honte à m’a voir molestée. Le regard de nos pairs lui faisait tellement peur qu’il s’est renfermé dans son silence, s’appliquant à toujours contrôler parfaitement son pouvoir dorénavant.
Pourtant quelque chose s’était produit, quelque chose qui laisserait des traces indélébiles dans nos cœurs. Le lendemain, quand j’ai retrouvé mon padawan, Jens, le jeune frère de Ons, je portais sur mon visage des marques qui pouvait laisser comprendre qu’il m’avait violentée. J’ai eu beau expliquer à Jens ce qui s’était passé réellement, le mal était fait. Entre les deux frères, venait de se creuser un gouffre qui les pousserait un jour à se haïr.
Pourquoi Ons était il hanté à ce point ? Que s’était il passé sur Nam Chorios pour que son âme en soit autant tourmentée ? Je n’ai compris la vérité que des années plus tard quand j’ai mis la main sur l’holocron qu’il avait trouvé sur le corps du chef des Mandaloriens que nous avions vaincus à Ors Mantell. Cet étrange tétraèdre exerce sur les esprits une influence subtile et insidieuse : cela commence par des murmures dans vos rêves, puis peu à peu, des images ne cessent de revenir durant votre sommeil. Vous revoyez la mort d’être cher, vous contemplez sans fin vos échecs et à chaque fois, vous vous posez la question suivante : Qu’aurai je pu faire pour que cela ne se produise point ?
Au début, vous n’avez pas de réponses, et puis peu à peu, une image, un sentiment diffus vous vient à l’esprit : Vous vous voyez commettre un acte isolé que jamais vous n’auriez imaginé réaliser. Cet acte est d’abord isolé, mais il permet de sauver une personne dont vous vous reprochez la mort. Alors vous commettez un second acte et là encore vous sauvez une vie… pourtant, ce n’est jamais suffisant. Il y a trop de morts et de regrets qui vous hantent et vous finissez par franchir un dernier pas. Une question vous hante alors : et si je pouvais changer tout ce qui s’est passé ?
Comment puis je savoir tout cela aussi précisément ? Je le sais parce que je l’ai vécu. Je ne sais que trop combien il est impossible de résister au désir de réparer ses erreurs et de faire taire à jamais les cris des fantômes qui nous hantent. Je le sais parce que moi aussi j’ai succombé à l’holocron et qu’un instant, je suis devenue ce que j’ai toujours combattu.
Ons Andor était le Jedi le plus fort que j’ai connu, c’était un héro. Pourtant l’Holocron l’a rongé de l’intérieur. Lorsqu’il me l’a montré, je ne soupçonnais rien de sa malédiction mais pourtant, j’ai ressentit une inquiétude. J’ai voulu croire qu’il s’agissait simplement des sentiments que je portais à mon ami qui me faisait craindre pour lui. Nos recherches nous ont amenés à apprendre que l’Holocron avait une seconde partie qui le complétait. Rassemblés, les deux formeraient un octaèdre qui révélerait le message des tous premiers Jedis. Nous convîmes que ce serait Ons qui chercherait la seconde partie. J’avais des obligations de mon côté et je ne pouvais m’absenter.
C’est ainsi que j’ai laissé partir mon ami le plus cher et que je l’ai perdu. Dévoré de l’intérieur par les murmures de l’Holocron, mon ami sans comprendre ce qui lui arrivait s’est mis à changer. De compatissant, il est devenu impatient. Sa détermination s’est transformée en obsession. Son cœur s’est noirci et peu à peu, il s’est tourné du côté obscur.
Un soir, j’ai ressentit un appel et soudain un frisson terrible. Ons Andor était en danger, entouré de ténèbre. J’ai vu l’image d’un Jedi sombre et cruel. J’ai cru qu’il s’agissait d’un ennemi de Ons. J’ai réveillé Jens et je lui ai fait part des nouvelles. Bien qu’il soit brouillé avec son frère, il n’a pas hésité une seconde. Nous devions le sauver. Ensemble, nous avons pris un vaisseau et guidé par l’appel que je ressentais et mes visions, nous avons gagné une petite planète peu connue ayant pour nom Nam Chorios.
Nam Chorios est une planète désertique battue par les vents. Si la vie est présente à la surface, elle a dû s’adapter à des conditions de vie très particulières : l’eau est emportée par les vents jusqu’à des formations rocheuse aux arrêtes tranchantes. Elle ruisselle jusqu’à des puits et s’accumule dans des grottes où la vie se développe. Actuellement, la plupart des organismes que l’on peut y trouver sont des créatures monocellulaires rappelant le plancton. Des algues luminescentes poussent et croissent et leur nombre est si important qu’elles illuminent les grottes, leur donnant un aspect étrange, presque éthéré. Au dehors, tout n’est que vent, poussière et désolations, sous la surface, nous avons découvert un univers aquatique saisissant. Telle nous est apparue Nam Chorios : Hostile et en même temps accueillante.
Nous nous sommes posés sur une plage de galets, battue par les vents, non loin d’un grand vaisseau sombre qui semblait s’être posé là depuis la nuit des temps. Posé n’était pas le exactement la bonne description : Alors qu’aucune énergie n’émanait de ses flancs et de son ventre, il semblait flotter à plusieurs dizaines de mètres du sol sans que la moindre force ne l’y maintienne je n’ai rien sentit quand je me suis concentrée… strictement rien. Non loin, une vieille machine semblait témoigner d’une activité minière passée.
Le vaisseau était un antique destroyer, un vaisseau combattant d’une guerre sûrement oubliée. Il était marqué sur sa coque par les brûlures et les impacts d’un combat qui l’avait laissé à l’état d’épave. En le voyant, j’ai pensé qu’il avait probablement fait naufrage sur cette planète et que les survivants avaient essayé de trouver des ressources pour s’échapper. Ils avaient certainement creusé le sol de Nam Chorios et tenté d’exploiter le minerai nécessaire pour réparer un vaisseau. C’est fou les histoires qui nous viennent à l’esprit tout naturellement.
Que s’était dit Ons en voyant ce spectacle ? Je ne saurais jamais. Protégés du vent par nos capes de Jedis, Jens et moi nous sommes approchés du vaisseau, intrigués par ce qui pouvait le maintenir immobile dans les airs. Un gigantesque électro-aimant ? Non, nous l’aurions détectés sur nos capteurs. Un réacteur inconnu ? Mais dans ce cas, pourquoi n’avions nous pu détecte la moindre énergie ? C’est alors que j’ai compris la vérité, toute invraisemblable soit elle : La Force… Ce vaisseau, autrefois machine de guerre, était devenue un réceptacle de vie et la Force jaillissait littéralement de ses entrailles. C’était… tellement ahurissant, tellement incroyable que lorsque j’ai émis cette hypothèse d’une voix teintée d’émotion, j’ai cru que Jens allait se moquer de moi. Pourtant, j’ai vu sur son visage la même surprise que celle qui se lisait sur le mien.
Le vaisseau flottait au dessus d’un vaste ravin, sans sembler sujet aux vents terribles qui nous assaillaient. Lorsque nous nous sommes approchés, nous avons découvert en contrebas un spectacle non moins saisissant : Il y avait un lac aux eaux translucides dont la surface était parcourue de reflets verts, bleus et opalins. La lumière qui émanait de la surface du lac était animée de pulsations régulières qui me rappelaient celle d’un cœur qui bat.
C’était la plus fabuleuse et la plus mystérieuse manifestation de la Force que j’avais jamais eu l’occasion de contempler… C’était… C’était plus ahurissant que les mystères des veux récit que j’avais pu étudier depuis mon enfance. Et le plus singulier dans tout cela, pour une Jedi aux perceptions aussi affinée que les miennes, c’était que je n’avais rien ressenti avant de m’approcher du vaisseau… Il m’était impossible de me connecter à cette manifestation. Ce n’était ni quelque chose emprunt du côté obscur, ni quelque chose liée à la lumière… C’était… autre chose. Un mystère plus primitif devant lequel je ne savais tirer la moindre conjecture.
A regret, j’ai chassé de mes pensées les questions que je me posais. Une silhouette sombre était sortie des entrailles du vaisseau et s’était lentement posée sur le sol, à une centaine de mètres de nous. J’ai tout de suite reconnu l’homme que j’avais tant aimé. Quand à Jens, il était rassuré de retrouver enfin son frère disparu. Le cœur léger, nous nous sommes approchés. Et l’horrible vérité nous a frappé comme une gifle cinglante.
J’ai tout d’abord cru que je mourrais. J’ai sentis ma vie s’échapper de mon corps, comme si mon essence vitale se dissipait soudainement. J’ai inspiré longuement, repris mon souffle et je dressé une barrière de force autour de nous. Jens était à l’agonie…Je ne comprenais rien. Ce n’était pas une attaque… c’était … Aujourd’hui encore, j’ai du mal à exprimer ce que j’ai ressentit quand j’ai étendu mon esprit tout autour de nous. Jens respirait à nouveau, protégé par mon bouclier et Ons se tenait devant nous, immobile, tout juste à portée de voix. J’ai mis un genou au sol et j’ai posé ma main sur le sable pour en prendre une petite poignée. Au lieu de découvrir des cristaux de quartz, de mica ou de tout autre roche qui compose d’ordinaire le sable, j’ai découvert des formes de vie fossilisées. Entre mes doigts s’écoulait des carapaces microscopiques, des organismes unicellulaires privés de tout vie et des algues desséchées…
Le lac sous le vaisseau grouillait de vie mais celle-ci était déclinante, vampirisée par un pouvoir sombre que je n’avais encore jamais ressenti. Il ne s’agissait pas simplement de vie primitives, mais de consciences bien plus évoluées que je ne l’aurais cru. Le lac était une colonie s’étendant sur des milliers de mètres sous la surface que nous foulions, dont les organismes communiquaient entre eux par télépathie. J’ai ressentit la peur, la douleur et le désespoir.
Avec mon esprit, j’ai sondé non seulement les alentours. J’ai ressentit la vie qui s’estompait un peu partout sur la surface de la planète. Incapable de supporter cette sensation, j’ai posé ma main sur l’épaule de Jens pour me soutenir. Moins sensible que moi à ce genre de manifestation, il semblait avoir repris ses esprits plus vite que je ne l’avais fait. La voix de Ons résonnait dans ma tête. Je me sentais si mal….
« - …. Enfin trouvé la réponse. Avec l’Holocron, je vais pouvoir tout changer. J’ai trouvé la clé. Il m’a indiqué comment faire. C’est très simple… cette énergie fabuleuse. Tu te rends compte ? Je vais pouvoir changer le monde… je vaincrais la mort grâce à la vie… »Je n’arrivais pas à suivre son discours. J’avais envie de vomir. Je nous protégeais Jens et moi car Ons dans sa folie ne se rendait pas compte que son œuvre s’attaquait à nous aussi.
J’ai entendu la voix accusatrice de Jens fuser en direction de Ons…
« - Pourquoi mon frère ? Pourquoi as-tu tué tous ces êtres ? Quelle folie t’anime ? »Combien de temps s’était il passé ? Avais je perdu connaissance ? Je me rappelais avoir murmuré quelque chose à Jens. J’avais dû lui dire ce que j’avais ressentis. Jens semblait mieux supporter ce qui nous avait presque tué et qui drainait la vie dans le lac.
« - De quoi parle tu ? Venez, je vais vous expliquer. C’est fabuleux. Tout ceci… C’est mon oeuvre et je veux que vous y participiez… »Encore très faible, je me suis redressée. J’ai regardé Ons dans les yeux et j’ai ressenti son espoir d’être compris et, enfouis encore tout au fond de son être, dissimulé sous l’orgueil et la douleur, le remords face à l’acte irréparable qu’il avait commis. Il tenait dans sa main l’Holocron que nous avions étudié et celui-ci était désormais complété par un autre tétraèdre dont la base était collée à celle de la première. Une clé ? L’Holocron irradiait une lueur rouge qui me paraissait teinté de sang, le visage de l’homme que j’aimais toujours.
A cet instant, j’ai compris ce qui s’était passé. Comment avais-je pu être sourde aux murmures de l’Holocron ? Pourtant, je l’avais touché moi aussi… En regardant le visage illuminé de rouge de mon ancien maître, j’ai entendu distinctement un murmure :
« - Ils ne te croient pas… Ils ne comprennent pas ce que tu es en train de réaliser. Ton propre frère se défie de toi. Regarde les… Ils sont amants tous les deux… Elle t’a remplacé dans son lit…. »Horrifiée, j’ai voulu résonner Ons.
« - Ons ? Qu’est ce que tu as entrepris ici ? Parle nous… »Le murmure est devenu plus fort tandis que la lumière rouge s’est intensifiée. Je me suis approchée, prenant garde à ne pas menacer cet homme que je croyais connaître et qui avait tant changé. J’ai tenté de rétablir le lien télépathique que nous avions toujours partagé.
« - Mon amour… Regarde moi. Je t’en prie. Ce que tu fais là, c’est quelque chose qui est contraire à tout ce que tu m’as appris. »Il m’a regardée. J’ai sentis une bouffée de haine soudaine mais immédiatement étouffée par les sentiments très forts qui nous unissaient. Quoi qu’il se soit passé, j’arrivais à toucher son âme. J’étais peut être la seule au monde à pouvoir le faire. J’ai effleurée son bras, lui transmettant tous les sentiments que j’éprouvais pour lui : mon admiration, ma tendresse, ma reconnaissance et mon amour. D’une voix faible, il m’a répondu :
« - Pourquoi es tu venue ? »« - Je suis venue parce que tu m’as appelée. Tu m’as demandé de l’aide… Je suis là pour toi. »Jens de son côté était partagé. Il admirait son grand frère et en même temps il s’agissait de son rival dans mon cœur. Je crois qu’il craignait que nous ne soyons arrivés trop tard. Chez lui amour et défiance se mêlaient en cet instant et je crois que c’est ce qui nous a perdu.
« - Je vais ramener nos compagnons disparu. Je retrouverais tes parents, Lianna. Je pourrais bientôt le faire. Toi et moi nous pourrons être heureux à jamais. Nous vaincrons nos ennemis, ceux qui se défient de nous…. »« - Ons… Qui donc se défie de nous ? Tu es l’un des maître Jedi les plus respectés. Tout le monde serait parti à ta recherche si j’avais fait part de mes inquiétudes pour toi. »Lui qui avait toujours été un orateur hors pair ne trouvait plus ses mots. Je sentais le conflit qui se déroulait en lui, au fond de son âme.
« - Lianna… Ils se méfient de moi parce que je suis allé plus loin que quiconque ne l’a jamais fait. Ils… Les autres ne comprennent pas… Tu me comprends toi. Tu sais ….je… »Jens était de plus en plus nerveux. A cet instant, il craignait plus que tout pour ma vie. Si moi aussi j’étais terrifiée, c’était par ce que je découvrais dans l’âme de mon premier amour.
« - Ons… Mon amour. Laisse moi t’aider alors. Je sais que tu ressens ma peur. Tu te vois au travers de mes yeux et tu sais que ce que je vois, c’est le mal. Tu m’as appelée et je suis venue. Tu veux que je t’aide et je suis là pour ça. Nous sommes tous les deux là pour toi. Parce que nous t’aimons malgré ce que nous voyons à présent. »Cela a l’air stupide et mélodramatique. Je me suis demandée souvent au cours des années qui ont suivi si j’avais échoué piteusement. Peut être aurai-je pu trouver des mots différents ? Mais je devais lutter contre le murmure insidieux de l’Holocron et les mots que je devais trouver ne pouvaient que venir du plus profond de mon cœur si je voulais qu’ils touchent mon ami égaré du côté obscur.
« - Lianna… Je sais que je peux… Comprends donc…»J’ai vraiment cru que je pourrais réussir. En cet instant précis, Ons Andor, le maître Jedi s’est mis à lutter contre sa part sombre, celle inféodée à l’Holocron. Cette lutte était violente et le visage de mon ami s’est déformé. Je ressentais la lutte qui se déroulait dans son esprit. Si le bien semblait prendre le dessus, l’affrontement était terrible. Ons Andor a serré le poing et…
« - Je ne te laisserais plus lui faire du mal ! »Me croyant en danger, Jens a attaqué. La peur, la jalousie et la colère l’ont emporté chez Ons :
« - Je le savais : Tu me l’a prise ! »J’ai reçu de plein fouet une vague de force qui m’a projetée en arrière et j’ai roulé au sol, à moitié sonnée. Dans un coin de mon champ de vision troublé, j’ai distingué un tourbillon de sabres lasers s’entrechoquant avec une rare férocité. A l’attaque de Jens, furieuse et emportée, avait répliqué la contre attaque haineuse et féroce de Ons. Les deux frères se sont lancés l’un sur l’autre, oubliant toute prudence, uniquement guidé par leur volonté d’en finir l’un avec l’autre. Quand à moi, choquée et abasourdie, je suis restée sans réagir devant cette rage mutuelle impensable.
Dès les premiers coups, Jens manqua de peu de tuer son frère. Il l’a repoussé vivement, et Ons n’a pu que reculer pour éviter la mort. Puis le grand sabreur qu’il avait toujours été s’est réveillé et à son tour Jens a du battre en retraite. Pourtant l’un et l’autre n’étaient pas frères pour rien : la violence des premiers assauts passée, le combat s’est équilibré. Si Ons était un fabuleux sabreur, Jens n’avait rien à lui envier malgré son jeune âge. Les coups se sont enchaînés, plus vifs que l’éclair. J’ai hurlé :
« - Arrêtez ! Je vous en prie, arrêtez ! »Je ne pouvais me résigner, alors que j’avais eu l’impression de pouvoir sauver Ons, à me tourner contre lui et briser à jamais la part de bien qui restait en lui. Jens a frappé soudain et la main de Ons a été tranchée. Je me rappelle avoir porté ma main à mes lèvres pour étouffer un cri. Et soudain l’horrible vérité s’est imposée à moi : Les jambes de Jens ont fléchi et il s’est effondré au sol, la poitrine transpercée par le sabre de son frère aîné.
Mon maître venait de tuer mon padawan. Frère meurtrier, touché dans sa chair malgré sa victoire, il se tenait debout devant le corps de sa victime. Il a laissé tomber son sabre laser au sol, submergé par la douleur. Sa main tranchée, tombée dans le sable tenait encore l’holocron serré dans ses doigts. Il a tourné les yeux vers moi et a simplement murmuré :
« - C’est de ta faute. »Cette fois, j’ai levé mon sabre. Des éclairs ont jaillit de sa main valide et je les ai détourné vers le sol d’une parade qu’il m’avait autrefois apprise. Le sable s’est mis à crépiter autour de moi.
« - Non, Ons. Tout est entièrement de la tienne. »J’ai avancé d’un pas vers lui et une nouvelle fois son pouvoir s’est déchaîné. J’ai détourné son assaut une nouvelle fois et je me suis approchée à portée de sabre. Je n’avais eu la puissance d’affronter mon ancien maître en combat égal mais je me sentais capable de mettre un terme à ses jours dans l’état où il se trouvait. Il a certainement lu dans mes yeux que ma décision était prise. Il avait tué mon padawan, il avait tué son frère et commis bien pire encore. Mon devoir me dictait d’en finir.
« -Tu me trahis toi aussi ? Tu ne m’as jamais aimé ! »Ces mots ont arrêté mon sabre. Malgré tout ce qui s’était passé, il restait mon ami. Alors qu’un instant plus tôt, tout était clair dans ma tête, maintenant je ne pouvais plus le tuer… J’ai baissé mon sabre.
« - Ons ? Regarde toi… Regarde ce que tu as fait ! Tu ne vois pas où ta folie t’amenée ? »Que pouvais je espérer ? Que le bien en mon ami pourrait survivre au meurtre de son frère ? Je n’ai pas vu venir l’attaque dévastatrice. Je me suis sentie projetée en arrière. J’ai roulé sur le sable, heurtant un rocher dans ma chute. J’ai tenté de me relever malgré mon corps meurtri mais je n’ai eu le temps que de mettre un genou au sol. Levant mon sabre laser au dessus de ma tête par simple réflexe, j’ai paré une attaque rageuse qui aurait du me trancher en deux. J’ai à nouveau roulé sur le sol pour finalement prendre de la distance. Malgré la perte de sa main gauche, Ons Andor restait un sabreur remarquable. Pourtant j’aurai dû avoir l’avantage car il m’avait bien formé. Seulement, il disposait de la puissance que le côté obscur lui conférait en ces lieux dénaturés.
L’énergie crépitait autour de lui et je devais affronter des vents en furie qui semblaient s’acharner à me renverser. J’ai reculé, et reculé encore, incapable de faire face. Acculée au bord du ravin, manquant de chuter dans le lac, je me battais pour ne pas mourir tandis que Ons scandait à chaque frappe :
« - Traîtresse ! Traîtresse ! »Pourtant, ma garde restait ferme et impénétrable. Ons a rassemblé toute la puissance que lui conféraient les ténèbres pour me frapper. L’attaque, je le sentais, ne serait pas physique cette fois. L’énergie s’est déchaînée tout autour de Ons et… un sabre laser a traversé son cœur, le tuant net. Dans un dernier sursaut de vie, Jens avait projeté son sabre pour me sauver. J’ai senti sa vie le quitter à cet instant et j’ai entendu sa dernière pensée :
« - Je t’aime. »L’énergie accumulée par mon ancien ami s’est déchaînée autour de lui, et prise dans l’explosion, j’ai chuté et je suis tombée dans le lac en contrebas. J’ai senti les flots se refermer sur moi et j’ai perdu conscience…
Ce qui s’est passé ensuite, je ne saurais l’expliquer. Je me souviens d’une conscience qui m’enveloppait, de chants, certains mélodieux et apaisants, d’autre dissonants et angoissants. J’ai vu des myriades de lumières chatoyantes et colorées et au milieu d’elles des vides ténébreux et froids. Je me rappelle que mon esprit s’est senti attiré vers ces zones d’ombre mais que des lumières m’ont entourée et ramené vers la surface de l’eau. Lorsque j’ai repris conscience, j’étais au milieu du lac, entourée d’êtres translucides et luminescents qui semblaient tourner autour de moi en rythme. Ils chantaient…tout naturellement, j’ai repris leur chant et peu à peu nous avons chassé ensembles les ténèbres. La sensation était exaltante. Je me sentais apaisée, libérée… Combien de temps s’est il écoulé ? Je ne l’ai su qu’en consultant les donnée du vaisseau qui nous avait amené sur Tabris. Sans boire, ni manger, je suis restée en transe durant un mois…
Je savais que ce prodige était possible, mais je n’en avais jamais été capable. Et je ne le serais sans doute jamais plus. En plongeant dans le lac, j’étais entrée en communion avec l’esprit collectif des êtres de ce lac. Et je me suis rendue compte que cette conscience s’étendait à toute la planète. Chaque zone de vie était reliée à plusieurs autres, selon un schéma complexe qui m’a rappelé un réseau neuronal. En plongeant dans les eaux, je m’étais connectée et un cours moment à l’échelle de l’évolution d’une planète, j’avais fait parti du collectif. J’ai rompu le contact avec regret, sachant que si je restais, je ne pourrais plus quitter ce réseau merveilleux. Je suis sortie du lac et j’ai pris conscience de ce qui était arrivé et que j’avais oublié.
Une voix résonnait dans ma tête. Je l’avais entendue durant ma transe et c’est elle qui m’avait ramenée à la réalité.
« - Jens ? C’est toi ? »Je n’ai pas reçu de réponse mais je suis persuadée qu’il s’agissait de mon cher apprenti. Il m‘avait sauvée pour la seconde fois.
Au dehors, le vent et la sécheresse avaient momifié les dépouilles de mes deux amis les plus chers. Ons était toujours allongé face contre terre, la surprise déformant encore son visage. Jens quand à lui était allongé sur le dos, les mains croisées sur sa poitrine comme s’il s’était éteint sereinement. J’ai découvert un sourire sur ses lèvres parcheminées. Je me suis agenouillée à côté de lui et j’ai pleuré au dessus de sa dépouille. J’ai pris le sabre que je lui avais offert et je l’ai conservé depuis.
Puis je me suis approchée de Ons. J’aurai voulu le pleurer lui aussi mais je ne pouvais m’y résoudre. Je l’aimais toujours mais sa trahison m’avait coûté si cher que je ne pouvais me laisser aller. Je me suis penchée vers sa main et j’ai saisi l’Holocron. J’ai ressentit sa puissance pulser entre mes doigts. Le murmure insidieux s’est mis à résonner dans ma tête :
« - Quel horreur… Pourquoi n’ai-je pas pu empêcher mes amis de s’entretuer ? Je me sens si faible et si impuissante… Qu’aurais je dû faire ? »Bien que prévenue, j’ai chancelé. La voix résonnait si juste dans ma tête. Je sentais… non je savais que mes réponse se trouvais là, entre mes doigts… C’était si évident….
« - Pourquoi ne pas tenter ? Qu’est ce que je risque à essayer ? Ons était faible tandis que je sais ce que je fais. J’ai des connaissances qu’il n’aura jamais et je ne tomberais pas dans l pige… C’est si simple… »C’était si simple en effet…je comprenais mieux pourquoi mon maître et ami avait succombé. Pourtant l’Holocron avait commis une erreur. S’il n’avait pas tenté de m’envoûter immédiatement, peut être aurai-je pu finir par lui prêter une oreille attentive. Au lieu de cela, j’ai regardé mes deux amis morts par sa faute et d’un geste sec, j’ai séparé les deux parties. L’Holocron fonctionnait pleinement si les deux parts étaient connectées. La partie rouge renfermait la puissance réelle de l’objet. Le second tétraèdre était simplement une clé. Je l’ai conservé sur moi et je me suis occupée des dépouilles. J’ai incinéré les corps et ensuite je suis rentrée au vaisseau.
Le retour fût triste et difficile. J’étais trop choquée pour pouvoir dormir. J’ai fait mon rapport au conseil et je leur ai remis la première partie de l’Holocron, conservant la clé avec moi. Je voulais l’étudier et surtout m’assurer que personne ne pourrait jamais réveiller la puissance obscure de la seconde partie. Je serais la gardienne jusqu’à la fin de mes jours.
J’ai dit au conseil que j’allais prendre du recul et malgré les objections, je l’ai fait, coupant les ponts avec l’ordre jusqu’à ce que je m’estime capable de reprendre du service.
Fin de l’enregistrement, classification du dossier. Reprise de l’enregistrement, données non classifiées. Nouvelles entrées :
- Se rend sur Yavin IV pour étudier les structures et les sites référencés (fin de l'année 5304 avant la bataille de Yavin).
- Rejointe par le Chevalier Iséri Nisa à la demande du conseil afin qu’elle puisse achever sa formation.Le conseil n’allait pas me laisser prendre des vacances bien longtemps. Au bout de trois ans, j’ai reçu pour tache d’achever la formation d’une jeune padawan Twi'lek rose bonbon nommée Iséri Nisa. J’aurai pu refuser et m’isoler encore une fois, mais le conseil savait ce qu’il faisait. La jeune femme venait de perdre son maître et il fallait achever sa formation. N’importe qui aurait pu le faire, mais j’étais une trop bonne prof pour que l’on me laisse croupir sur une lune couverte de jungle. Et puis, j’adore enseigner. Iséri était une passionnée d’archéologie et voulait se spécialiser sur les premiers Jedis elle aussi. Elle est douée et dispose d’atouts bien différents des miens.
Le plus amusant, c’est que je l’ai eu pour élève quand elle était plus jeune. Elle en pinçait pour moi à l’époque et était particulièrement effrontée. J’ai fait ma bougonne au début, mais j’étais ravie eu fond de pouvoir l’aider. Je l’ai vite appelée Bonbon Rose, pour me moquer gentiment d’elle et aussi, je l’avoue parce qu’elle est à croquer, et je l’ai prise sous mon aile. Elle est douée et j’apprends de nouvelles choses avec elle. Elle est différente de Jens, mais elle aussi recèle un potentiel que je me ferais un plaisir de révéler. Sa formatrice a fait un très bon travail.
Quand au reste… « Bonbon rose » en pince toujours pour moi. Elle est plus timide que lorsqu’elle osait écrire « je t’aime » sur ses paupières durant mes cours au temple d’Ossus, mais je trouve très amusant de l’observer essayer de me séduire sans en avoir l’air. Elle a maintenant le rang de chevalier, j’avoue que je lui suis reconnaissante de m’avoir tirée de mon marasme. Je vais retrouver les miens bientôt et essayer de rattraper mes erreurs. Ce qui importe, au fond, ce n’est pas de savoir que l’on peut chuter à nouveau, mais de se dire qu’on se relèvera et qu’on repartira en avant.
Si l’Ordre me fait toujours confiance, je sais ce qui me reste à faire. Comme disait le vieux maître qui avait dissipé mes inquiétude quand j’ai obtenu le rang de maître à mon tour : « je suis là pour vous. » J’ai encore tant de choses à donner à l’ordre Jedi… je vais juste éviter de me marier une quatrième fois, promis !
Fin de l’enregistrement. Données archivée.(Bon voilà c’est fait. Au boulot à présent !)