Parmi les êtres intelligents et sensibles à la Force, pourquoi était-il important de choisir parmi ses membres les plus jeunes ? Pourquoi ne pas se contenter d'accepter tous les êtres réceptifs à la Force, en faisant fi de l'âge ? Parce qu'il était important pour les enseignements de pouvoir dispenser leur apprentissage à des élèves aussi purs que possible, dont l'esprit était absent de tout préjugé et de toute corruption, des esprits qui n'avaient pas encore été témoins de l'horreur et de la sauvagerie présente dans le cœur des hommes. À l'image d'un ouvrage à écrire, il était important de commencer sur une feuille blanche.
Malheureusement la galaxie était grande et beaucoup de jeunes éléments étaient détectés trop tard ou à un âge déjà avancé selon les critères de sélection des jedis, certains d'entre eux étaient gardés malgré tout mais ce n'était pas sans mal. Le monde avait déjà eu le temps de laisser leur marque sur eux et beaucoup d'entre eux rencontraient les plus grandes difficultés à vivre loin de leur famille, incapables de couper ce pont et d'oublier leur vie d'avant, incapables d'oublier les événements marquant désormais ancrés dans leurs esprits malléables. Ces personnes là nécessitaient un peu plus d'attention tout au long de la formation jusqu'à ce qu'ils atteignent le bon état esprit, mais ce n'était jamais sans beaucoup de temps et de difficultés que cette transition se faisait.
Et puis il y avait ceux qu'on pouvait qualifier de chanceux, les autres, ceux qui avaient été recueillis depuis leur plus jeune âge et ne se rappelaient d'aucune autre vie que celle entre les autre murs du Temple Jedi. Oh bien évidemment au cours de leur vie certains ressentaient parfois le désir de s'interroger sur leur famille, mais les enseignants avaient tôt fait de leur enjoindre à ne pas le faire car les liens émotionnels n'amenaient rien de bon quand ils n'étaient pas maîtrisés précautionneusement. Le jeune homme dont je vais vous parler ici faisait partie de ces chanceux, il avait si peu de souvenirs qu'il se demandait parfois s'il n'était pas même né entre les murs du Temple.
Si les tous premiers mois de développement du petit garçon semblèrent tout à fait normaux, ses chaperons se rendirent rapidement compte que son corps et son esprit ne se développaient pas aussi rapidement que ce qu'on attendrait d'un humain. Certains se penchèrent sur l'hypothèse d'une malformation physique combinée à une déficience mentale mais, après quelques tests physiques poussés, il s'avéra que ce petit bout de chou n'avait d'humain que l'apparence. Anzati ? Ce nom vous dit-il quelque chose ? À cette époque cette race n'était pas inconnue du grand public mais néanmoins auréolée de mystère, tout un tas de rumeurs sans fondements et d'histoires à dormir debout circulaient sur ces presque-humains à commencer par la conception qu'ils se faisaient d'une alimentation saine et équilibrée.
Bien sûr il faudrait des années de patience pour que le petit garçon soit e âge de comprendre qui il était vraiment ou plutôt ce qu'il était. Mais comment les professeurs et l'encadrement auraient-ils pu rater ça de toute façon ? Un enfant ne dégageant aucune chaleur corporelle et qui, après quelques examens, semblait dépourvu de pouls et doté d'une physiologie hors du commun. Il ne possédait même pas d'organes vitaux comme on s'attendrait d'un proche humain ou de tout mammifère. Comment faisait-il pour vivre, alors ? Comme ses congénères sa physiologie restait l'un des plus grands mystères de la galaxie, mais au moins ses enseignants étaient enfin fixés quant à la raison de sa croissance lente.
Là où les jeunes éléments de l'Ordre devenaient des initiés en l'espace de quelques courtes années il fallut plus de 15 longues années au garçon pour que son esprit se forme et qu'il commence à avoir des souvenirs et une pensée qui lui soit propre.
Les maîtres qui encadraient et surveillaient la croissance de ce garçon décidèrent de le baptiser Nathanael, Nathanael Kort, à l'aube de ce qui passait pour l'équivalent de trois ans pour un anzati. Un nom court et simple sans signification particulière, certes, mais il fallait au moins il donner un nom pour qu'il se créé une identité propre. D'ordinaire les familles qui laissaient leurs progénitures aux bons soins des jedis avaient le temps de les baptiser avant que ce jour n'arrive, mais pour ce petit garçon nul ne savait qui étaient ses parents.
C'était peut-être mieux ainsi, s'il n'avait pas été sensible à la Force il aurait sans doute été formé pour devenir un assassin, ou pire. À bien y réfléchir, la négligence de ces parents avait probablement sauvé la vie de ce bambin.
Si dans les premières années de son existence le petit garçon se montra curieux de tout comme n'importe quel enfant de son âge, il lui fallut plusieurs années avant de se rendre compte qu'il ne grandissait pas aussi vite que les autres. Difficile d'être aveugle face à l'évidence, il commençait à peine à comprendre le concept de la Force et ce que cela allait impliquer pour lui pendant que ses petits camarades, eux, étaient déjà devenus des padawans à part entière sous la supervision d'un maître jedi. Lorsque ses enseignants commencèrent à sentir l'ombre de la déception et de la frustration poindre à l'horizon, ils décidèrent de tout expliquer au petit garçon concernant ses origines. Bien entendu à son âge il ne comprit pas tout, surtout la partie concernant cette faim insatiable inhérente à tout anzati, les explications devraient donc se prolonger dans les mois et années qui suivirent.
Alors quel était le but de cette explication ? De lui apprendre l'importance de la patience, patience qui serait d'autant plus nécessaire pour quelqu'un qui serait amené à vivre des milliers d'années si tout se passait bien. Il était illusoire d'attendre qu'un enfant comprennent l'ampleur de ce que signifiait cette quasi-immortalité, mais les maîtres crurent bien faire en jouant cartes sur table.
Malheureusement, malgré ces explications, le petit garçon ne fut pas aussi réceptif que ses maîtres avaient espéré. Pendant les jours qui suivirent le bambin ne ressentit que de la tristesse face à cette différence qui, à ses yeux, ne se traduisait que par une mise à l'écart. Comment pouvait-il espérait se faire des copains quand il mettait des années à rejoindre le point que les autres mettaient seulement quelques mois à atteindre ? Car à cette époque tout ce qui l'importait était de ses faire des amis. Les premiers moments qui suivirent furent difficile pour le garçon, malgré l'entourage de ses professeurs. En effet les anzatis étaient une espèce rarissime dans l'univers et, de par leur nature, ils étaient plus souvent attirés par les ténèbres que par la lumière. Malgré toute la volonté du monde il n'y avait personne de disponible pour aider le bambin à comprendre ce que cela voulait dire d'être un anzati et, surtout, comment le vivre.
Il n'avait pas faim comme ses camarades, il ne dormait pas comme eux et ne tombait pas malade comme eux, tout était différent et il peinait à le réaliser et l'accepter. Pourquoi ne pouvait-il pas être comme tout le monde ? Cette réponse resta en suspend pendant des années, des dizaines d'années même jusqu'à ce qu'il accepte enfin ce qu'il était réellement.
Plusieurs années plus tard il fut donc en âge de recevoir ses premiers cours comme n'importe quel apprenti et, si on passait outre son évidente différence d'âge, il n'était guère différent de n'importe quel autre apprenti de ce Temple. Souriant et enjoué, bien que les maîtres soient incapables de dire si cela était sincère ou forcé dans le but de s'attirer la sympathie d'autrui, le garçon montra bien vite une curiosité dont les limites peinaient à être dessinées. Il suivait assidûment les cours et, comme n'importe qui, au bout de plusieurs mois il commença à montrer certaines prédispositions. Sa longévité presque infinie ne faisait pas de lui un être parfait, il restait un individu régit par ses sentiments et, si sa curiosité était un trait évident, bientôt il démontra des prédispositions aux activités physiques.
Il comprenait les enseignements sur la Force et ne s'en sortait pas trop mal dans les exercices basiques qui consistaient à faire appel à cette énergie mystérieuse, mais les exercices physiques étaient ceux dans lesquels il se sentait le plus à l'aise. Était-ce lié à sa propre personnalité ou ses origines ? Une question qui resterait sans réponse.
Au fil des ans les apprentis continuaient de défiler dans la classe de l'anzati pendant que ce dernier restait à la même place. Il voyait des bambins devenir des padawans, des chevaliers à part entière et même des maîtres respectés pendant qu'il était toujours scotché sur les bancs de l'école. Comment ne pas se sentir frustré ? Comment ne pas se sentir humilié par les moqueries discrètes de ses camarades qui voyaient sa longévité comme la marque d'une incompétence ou d'un retard mental ? Les enfants avaient le don d'être cruels entre eux lorsqu'ils n'étaient pas surveillés et, bon gré mal gré, nombreuses furent les fois où le garçon s’emmitoufla dans ses draps pour couvrir le son de ses pleurs. Certes avec du recul il ne pouvait que ressentir de la honte face à une telle réaction, mais à l’époque il n'était qu'une jeune homme aveugle à la cruauté que renfermait le cœur de chaque individu.
Finalement ce fut au bout de cinq dizaines d'années que les maîtres décidèrent que l'apprentissage théorique du garçon était enfin terminé et qu'il pourrait enfin se laisser pousser une tresse, symbole du nouveau rang auquel il accédait.
Soulagé d'avoir enfin passé un cap dans sa formation, le garçon attendit avec impatience d'être sélectionné par son futur maître. Dans les jours et semaines qui suivirent ses camarades de classe furent approchés, un par un, afin de débuter leur formation de padawan. L'anzati fut forcé d'attendre un bon mois avant que, un bon matin, un homme daigne enfin l'approcher. S'entraînant dans son coin, répétant les mêmes séries de mouvements au sabre d'entraînement pour s'y familiariser, les yeux jaunâtres du garçon tardèrent à capter la présence d'un autre homme dans la pièce alors qu'il était vraiment difficile à rater.
Son torse se bombant et s'affaissant à un rythme rapide, résultat d'un effort prolongé, le garçon leva sa tête vers le jedi qui vint le saluer. Le chevalier Kam Lioth – car tel était son nom – était un trentenaire d'une grande taille à la chevelure noire de jais tombante sur ses épaules. Avec ses épaules tombantes et ses joues creusées il était difficile de croire que Nathan faisait face à un représentant du peuple épicanthix, mais pourtant dans ses yeux d'un noir profond pouvait se lire une force de caractère inébranlable. Tout du moins c'était ce que Nathan finirait par y voir au fil des années. Contrairement à ses congénères le chevalier Lioth ne misait pas tout sur la force et, à l'inverse de ses camarades, avait pris le parti de développer sa vitesse et son agilité au détriment de son développement musculaire. Certes il restait un individu d'une carrure impressionnante, selon les critères de n'importe quelle race proche-humaine, mais au sein de son peuple guerrier c'était un homme à la carrure tout à fait banale.
L'homme expliqua au padawan fraîchement nommé qu'il désirait le prendre sous son aile, sans trop rentrer dans les détails. Lorsque le concerné demanda au chevalier pourquoi lui et pas un autre, ce dernier avoua avoir entendu parler de son profil pour le moins particulier. Si Nathan fut légèrement déçu de voir que le seul intérêt qu'on lui portait concernait sa longévité et plus globalement ses origines, son interlocuteur ajouta que sa curiosité insatiable et ses aptitudes physiques faisaient de lui un candidat des plus prometteurs.
Soulagé pour le moment, le garçon hocha la tête et sourit discrètement, acceptant ces mots comme ce qu'ils étaient, comme le premier réel compliment qu’il recevait de toute sa « jeune » existence. Voir quelqu'un lui porter de l'attention et de l'intérêt, reconnaissait le potentiel qui dormait en lui, réchauffait son corps à l'endroit où se tenait le cœur chez tout humain. Les premiers jours qui suivirent furent l'occasion pour le nouveau duo d'apprendre à se connaître. Bien que le jeune padawan n'ait pas grand chose à dire à son sujet il ne manquait pas de conversation, il était surtout curieux de connaître ce que le chevalier avait découvert en dehors des murs de ce Temple, Temple qui avait été le seul univers que Nathanael avait jamais connu. Si le chevalier se montra assez réservé à ce sujet, ne désirant pas trop en dire ni dévoiler les projets qu'il avait pour son nouveau et premier padawan, il ne manqua pas de lui promettre une chose : bientôt il sortirait de ce Temple et découvrirait la galaxie de ses propres yeux. Bientôt, mais avant cela il allait devoir le former à sa propre manière, le mettre sur les bons rails pour ainsi dire.
Les semaines qui suivirent permirent au chevalier d'évaluer le niveau général de son tout nouveau padawan afin de jauger ses forces et faiblesses, dans le but de lui fournir un enseignement adapté. Quelques échanges permirent bien vite de mettre en lumière ses habilités pour le corps à corps et, bien vite, le chevalier se montra désireux d'initier le garçon à son propre style de combat : un savant mélange de Djem So et d'Ataru. Après quelques semaines entre les murs du Temple le chevalier annonça à son protégé qu'ils allaient enfin quitter le Temple mais pas pour n'importe quelle destination : Le Corps d'Exploration Jedi. Si beaucoup de ses membres étaient des recalés de l'Ordre Jedi, trop incompétents ou faibles dans la Force pour devenir des jedis à part entière, cette organisation était tout de même encadrée par un certain nombre de chevaliers et de maîtres respectés. Certes ces derniers ne restaient pas dans le Corps toute leur vie, pour beaucoup il s'agissait d'un simple passage avant de voguer vers de nouveaux horizons, maiq le sang neuf était toujours renouvelé d'une façon ou d'une autre.
Le maître du chevalier Lioth avait été maître de l'Ordre jedi et membre de ce corps avant lui, il l'avait initié à ses coutumes en son corps et, à son tour, Kam renouvelait l'opération avec son propre padawan. Certes rien ne l'obligeait à le faire mais, tout curieux qu'il était, Nathanael était ravi de pouvoir explorer la galaxie d'une façon ou d'une autre. La galaxie était grande, encore vastement inexplorée et la charge revenait aux membres du Corps d'Exploration de l'arpenter et la cartographier.
Rejoindre les rangs des laissés pour compte et rejetés n'avait peut-être rien d'attrayant mais en vérité, de par leur tâche périlleuse, ces membres se devaient d'être plein de ressource et à même de s'adapter à tout type de situation. Il ne s'agissait pas d'un parcours classique mais, en fin de compte, Nathanael n'était pas amené à être un jedi ordinaire de toute façon.
Le garçon emballa ses quelques affaires et s'engouffra dans la navette en direction du vaisseau le plus proche du Corps, un énorme vaisseau parmi ceux qui servaient de bases mobiles en plus des vaisseaux plus modestes qui composaient la flotte d'exploration. Ces vaisseaux pouvaient être considérés comme des temples miniatures car ils fourmillaient de vie, Nathanael eut tôt fait d'y trouver ses quartiers et de s'y faire une place. Rien ne lui permettait de dire combien de temps il resterait, peut-être finirait-il par former un padawan et l'y incorporer à son tour ou peut-être briserait-il le cycle une fois sa formation terminée, mais pour l'heure il désirait surtout profiter au mieux de cette expérience. Il allait être plongé dans un environnement que peu de jedis avaient l'occasion de côtoyer, il verrait et ferait des choses que bien d'autres ne feraient que rêver, il allait avoir l'occasion de remonter les frontières de la galaxie. Il allait également apprendre à être un pilote, un mécanicien, un protecteur, un traqueur, un chasseur, et un explorateur : tout cela à la fois. Combien diable pouvait-il ne pas être excité à cette idée ?
Au moins ici il pouvait recommencer à zéro sans jouir d'une mauvaise réputation. Ici il n'était pas Nathanael l'étudiant qui avait passé cinquante années à cirer les bancs de l'école, il était Nathanael nouveau padawan du Corps d'Exploration Jedi.
Mais avant de devenir un membre à part entière de ce Corps et d'être déployé sur ce terrain il allait devoir être préparé, c'était la raison de sa présence sur cet immense vaisseau où se côtoyaient les vieux de la vieille et les nouvelles recrues. Le vaisseau comportait des quartiers, des salles d'entraînement, des salles de classes et toute autre pièce permettant la bonne marche de l'activité de ce Corps : l'Exploration et la récolte de données. Dans les premiers mois le jeune padawan enchaîna les leçons afin de le préparer à la réalité du terrain, afin de lui expliquer les différentes tâches dévolues à chaque membre du Corps ainsi que la mission générale de ce groupe. Le but étant de lui expliquer dés le départ ce qui serait attendu de lui afin qu'aucune surprise ne soit au rendez-vous.
Il n'était pas là pour être un scribouillard enfermé dans son bureau à analyser des tonnes de données. Son nouveau maître avait bien compris qu'il était fait pour être un homme de terrain comme lui-même l'était depuis plusieurs années.
Après plusieurs mois de cours et de leçons éprouvantes avec son maître et les autres enseignants à bord, le jeune garçon fut rattrapé par la réalité de la façon la plus violente qui soit. Parmi les membres de l'équipage de ce navire, ceux qui avaient été recalés ou laissés pour compte, étaient présents plusieurs de ceux avec qui il avait été en classe dans sa prime jeunesse. Des décennies s'étaient écoulées et le passage du temps avait marqué leur visage à jamais, mais même le temps ne pouvait changer un nom. Il avait été tellement absorbé par sa formation qu'il en avait presque oublié la longévité, qu'il avait fini par oublier que même son maître finirait par rejoindre la Force sans que lui n'ait pris une seule ride. Devait-il accueillir à bras ouverts cette longévité monstrueuse et toutes les choses qu'elle lui permettrait d'accomplir, ou devait-il être attristé par le fait de rester jeune à jamais et de ne pouvoir rester proche de personne ? Car qu'importe comment il voyait la chose, tous ceux qu'il connaissait aujourd'hui finir par vieillir et disparaître sans que lui ne change d'un pouce. Les deux réactions se mélangèrent dans son esprit et parasitèrent ses pensées pendant un moment, nécessitant plusieurs méditations avant de retrouver un semblant d'équilibre.
Sur la demande de son maître, le jeune homme fut envoyé en mission dés sa formation préliminaire terminée. L'épicanthix voulait que son poulain soit mis dans le feu de l'action le plus rapidement possible pour ne pas qu'il passe trop de temps à gamberger sur sa situation comme il l'avait fait récemment. Sinon il finirait par broyer du noir et cela ne serait profitable à personne. Ce fut donc tout d'abord comme pilote de navette que le garçon partit en mission, toujours accompagné de son maître aussi longtemps que sa formation de jedi ne serait pas terminée. Bien sûr il serait inutile de décrire toutes les planètes visitées et les peuples rencontrés, ce serait long et pas forcément très intéressant pour vous, mais le jeune padawan se souviendrait toujours de sa première mission. Il ne s'agissait pas d'une planète particulièrement grande ou belle, elle ne disposait pas d'une position stratégique ou commerciale intéressante, mais Nathanael s'en souvint toujours car il s'agissait de sa première réelle découverte depuis sa sortie du Temple.
Les mains les commandes, enfoncé dans son siège, le garçon ouvrit des yeux ronds comme des coupelles lorsque le vaisseau sortit de l'hyperespace et que cette gigantesque boule bleu-verte apparut dans son champ de vision, c'était la toute première planète que le jeune homme découvrait de lui-même et cette perspective le remplit de joie.
« C'est... »
« Je sais. On ne s'y habitue jamais totalement. »
Le padawan était tellement absorbé par le spectacle devant lui qu'il en oublia, pendant un instant, la présence de son maître sur le siège d'à côté. Ce dernier avait été à ses côtés pendant toute la durée du trajet mais, lorsque cette planète apparut devant les yeux du garçon, ce dernier en oublia jusqu'à où il était et ce qu'il faisait ici. Mais l'intervention de son maître le ramena à la réalité et, resserrant sa prise sur les commandes, le garçon approcha la navette de la planète pour s'y poser. Dans l'autre pièce derrière lui attendaient des explorateurs et autres individus venus ici pour récolter des données sur cette planète, afin d'établir si elle pouvait être habitable ou si elle possédait quelques ressources dignes d'intérêt. Pour l'heure, même si le jedi aurait bien voulu être de ces explorateurs arpentant cette planète inconnue, tel n'était pas son rôle. Il devait se contenter de piloter le navette et, en cas de besoin, d'effectuer quelques réparations sur cette dernière.
Ne sachant pas vraiment combien de temps allait durer cette exploration, le garçon commença à faire quelques vérifications des systèmes et, lorsque celles-ci furent complétées, il profita du temps imparti pour perfectionner son maniement du sabre avec son maître. Certes pour un padawan il avait déjà un excellent niveau, même si son maître ne souhaitait pas le lui dire pour éviter qu'il ne se repose sur ses lauriers, mais il avait encore un long chemin à parcourir.
Même si cette première exploration ne fut pas significative, cette planète ne possédant pas de ressource particulièrement intéressante, le garçon se souvint de cette découverte comme d'une violente claque. Si auparavant il avait été poussé jusqu'à ce Corps par curiosité, aujourd'hui il réalisait que repousser les frontières de la galaxie, amasser des connaissances et explorer de nouveaux territoire était ce qu'il voulait faire. Pourquoi ? Parce que cela impliquait une évidente dose d'action, certes, mais surtout parce qu'il sentait au plus profond de lui que c'était là sa place. Il ne pouvait pas l'expliquer, certains diraient qu'il tirait des conclusions un peu trop hâtives, mais en voyant cette planète il sut aussitôt qu'il avait trouvé sa voie. Il ne voulait pas être le plus sage ou le plus cultivé de tous les jedis, mais il voulait que son nom soit associé à certaines des plus grandes découvertes de cette galaxie : il voulait accomplir quelque chose par lui-même et que son nom ne soit pas oublié. Certes cela allait peut-être à l'encontre des principes de jedis, car une telle volonté pourrait s'apparenter à de l'arrogance, mais il ne pouvait allait contre le désir de son cœur.
Au cours des années suivantes le garçon accompagna d'autres groupes d'exploration à plusieurs reprises et un beau jour, au lieu d'être assigné au pilotage d'une navette, lui et son maître furent envoyés explorer une zone inconnue à bord de deux chasseurs stellaires. Le but ici était de localiser plusieurs planètes potentielles et de récolter des données avec les capteurs du vaisseau depuis l'orbite. Si les données récoltées étaient intéressantes, alors que Corps enverrait un autre groupe pour une exploration plus poussée. Cela pourrait peut-être ne rien donner, peut-être ne tomberaient-ils que sur des cailloux sans vie et sans intérêt, mais c'était un grand pas pour le padawan qui était enfin autorisé à piloter sans soutien. Certes son maître le suivrait de près, cela allait sans dire, ais c'était tout de même une étape importante pour Nathanael qui voyait en cette nouvelle mission une récompense et reconnaissance pour ses récentes participations à l'effort du Corps.
En étant tout seul dans l'espace, dans l'habitacle ridiculement petit de ce chasseur, le jeune padawan ressentit un sentiment d'apaisement que les méditations peinaient à atteindre. Il ne s'agissait pas seulement de la solitude et de l'isolation, il s'agissait aussi de pouvoir lâcher les manettes un instant et laisser son appareil dériver à travers le grand vide stellaire. Tout n'était que ténèbres autour de lui, ténèbres éclairées par les étoiles lointaines, mais pendant un instant il était livré à lui-même avec pour seul fond sonore le ronronnement des moteurs. À force de l'entendre le padawan ne faisait même plus attention à ce bruit de fond, si bien qu'il pouvait réellement méditer sans que rien ne vienne le perturber. Il lui était même arrivé, une fois ou deux, de s'endormir en orbite autour d'une planète le temps que les capteurs fassent leur travail d'analyse. Certes son maître finissait toujours par le réveiller par une communication aussi soudaine que que maudite par le jeune élève, mais cela prouvait bien que c'était dans l'habitacle de pilotage d'un vaisseau que le garçon se sentait le mieux et le plus en sécurité. La dernière preuve – si elle était encore nécessaire – que le garçon était à sa place au sein du Corps d'Exploration Jedi.
Quelques années plus tard et de nombreuses missions de pilotage réussies à son action, avec quelques extractions en urgence dans des territoires hostiles, son maître vint lui annoncer un beau matin que le duo allait pouvoir sortir du vaisseau à la prochaine exploration. Pourquoi ? Parce qu'ils allaient accompagner sur le terrain ceux qui allaient récolter les données. Imaginez-vous le sourire sur le visage du jeune homme lorsqu'il apprit la nouvelle ? Imaginez, oui, mais ce sourire était encore plus rayonnant que ce que vous pouvez penser. Même s'il allait être en charge de la protection du groupe d'explorateur, tout gardien qu'il se destinait à être, il allait pouvoir observer et pratiquer les techniques d'exploration et de traque apprises. Cela n'allait plus être que de la théorie.
Lorsque la navette se posa sur la terre ferme et que la la porte de la soute s'ouvrit, l'air froid et humide frappa le jeune homme en pleine face, lui faisant réaliser que le confort de sa petite navette allait bientôt n'être qu'un lointain souvenir. Capuche rabattue sur sa tête, sabre laser à la ceinture et sac sur le dos, le garçon fit quelques pas en avant et emboîta le pas au groupe qu'il accompagnait. La météo de cette planète était extrêmement capricieuse si bien qu'il y pleuvait constamment, autant dire que le groupe ne voyait pas à vingt mètres devant lui et pourtant il fallait continuer d'avancer.
Fort heureusement pour cette fois les capteurs n'avaient pas détecté de forme de vie sur place, mais le risque de rencontrer des individus ou bêtes hostiles n'était jamais bien loin. Selon les dires de son maître les premières explorations de Corps ne furent pas sans pertes, si bien que ce risque évident poussa l'Ordre à incorporer des gardiens au corps d'exploration. Toujours en avant du groupe, la main sur le sabre laser et les sens aux aguets, le chevalier Lioth et son padawan Kort arpentaient les plaines humides tout en laissant leurs protégés récolter des échantillons et faire les révélés qui détermineraient le potentiel de ce gros caillou où la pluie ne s'arrêtait littéralement jamais.
La première confrontation du jeune homme avec la dure réalité se produisit à la mission suivante. Le groupe tomba sur une planète qui semblait de prime abord totalement aride et rocailleuse, pendant des relevés indiquèrent une certaine activité souterraine. Le groupe débarqua avec tout un tas d’appareil pour prendre des relevés du sol et, comme de bien entendu, de découvrir ce qu'il se cachait sous la surface. Bien vite ils découvrirent que si la surface était stérile, la nature semblait s'être protégée en survivant dans un réseau de cavité à quelques mètres de profondeurs. Ici l'humidité permettait l'existence de la flore et, au même titre, de la faune également. Mais le groupe n'était pas arrivé assez préparé, le jeune padawan s'en rendit bien compte lorsqu'une bête quadrupède atterrit face à lui, des crocs aussi longs que sa main à quelques centimètres de son visage.
Cette bête à la peau noire et graisseuse ne vint pas seule, tous furent pris d'un élan de panique mais en plongeant ses prunelles rayonnantes dans les billes jaunâtres de ce prédateur, le jeune Nathanael fit instinctivement abstraction de tout ce qu'il se passait autour de lui. Il savait que son maître aboyait des ordres pour que ses camarades gardent leur calme, il savait aussi que lesdits explorateurs courraient dans tous les sens à la vue de ces effrayantes créatures, mais le padawan ne bougea pas d'un centimètre pour autant. Était-ce la couleur similaire de leurs prunelles qui poussa la bête à attendre et observer, ou bien sentait-elle autre chose chez celui qu'elle avait désigné comme sa proie ? Le padawan n'en savait rien, il se contentait de garder ses sens aux aguets pour agir lorsque la bête se déciderait enfin à attaquer...car elle le ferait forcément.
Alors que ses billes jaunâtres se firent plus brillantes encore, l'espace d'un instant la bête couleur d'ébène bondit vers sa proie qui roula sur le côté pour éviter l'assaut. Se redressant d'un seul bond, sabre laser à la main, son arme venant éclairer son visage et la cavité d'une lueur bleutée, le futur chevalier bondit lui aussi en avant et sa lame fut plus prompt à agir que les griffes de la bête qui retomba lourdement à terre. Sa poitrine se gonflant et s'affaissant à un rythme effréné alors que l'adrénaline circulait à travers ses veines, posant ses yeux sur la trace nette laissée sur le flanc de la bête, le garçon redressa la tête et fut ramené à la réalité. Si un des explorateurs n'avait pas été aussi chanceux que lui, les trois autres bêtes connurent un destin bien funeste de la main du chevalier Lioth. Si le garçon était plutôt fier de sa prestation, ou tout de moins d'avoir su garder le contrôle même en situation de stress, il ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu déçu en voyant le fossé qui existait entre lui et son maître. Ce dernier était un véritable prodige du sabre laser, il aurait même pu devenir maître d'armes s'il l'avait voulu et le fait de le voir en action eut au moins un effet positif sur son poulain : lui donner un objectif à atteindre. Égaler et dépasser son maître dans le maniement du sabre laser, voilà un objectif concret auquel il pouvait se raccrocher.
Durant les années qui suivirent le garçon devint élément fiable et utile du Corps d'Exploration, prouvant aux maîtres aux commandes mais aussi à son propre mentor qu'il pouvait aussi bien être utile aux commandes d'un chasseur que sur le terrain. Au fil des ans il réalisa enfin pourquoi est-ce que les gardiens envoyés ici étaient meilleurs que les autres, ou au moins bien plus expérimentés. En effet s'entraîner à longueur de journée dans une salle était une chose, mais rien ne valait la violence de la pratique, rien ne permettait à un homme de se découvrir plus que l'imminence de sa mort. Les jedis du Corps d'Exploration se rendaient dans des territoires inconnus et assez souvent hostiles, ils étaient donc ceux qui voyaient le plus d'action et qui devaient se confronter à tout une palanquée d'adversaires différents. Bêtes, insectes, humanoïdes armés de lames ou de blasters, environnement dangereusement mortel : toutes les occasions étaient bonnes pour les mettre en danger afin qu'ils puisent dans leurs tripes et en ressortent le potentiel enfoui en eux. Au fil des ans le jeune homme affina donc son talent pour devenir un talentueux pilote doublé d'un bretteur intrépide.
Sans même s'en rendre compte que le garçon atteint bientôt son âge adulte lorsqu'il passa le cap du siècle d'existence et, à ce titre, la faim présente chez tout anzati se réveilla en lui un beau matin. Il avait senti son cœur le démanger toute la nuit si bien qu'il était resté agité des heures durant mais, lorsque son maître vint le réveiller afin de préparer le briefing pour la prochaine mission, l'épicanthix écarquilla les yeux en voyant son poulain prostré à terre, les dents serrées comme s'il essayait de retenir un hurlement de douleur. On lui avait déjà expliqué que ce jour finirait par arriver mais personne n'avait été capable de lui expliquer comment cette faim se manifesterait, aussi fut-il incapable de comprendre quel était ce feu qui brûlait dans ses veines.
« Qu'est-ce...qui m'arrive ? »
Sa gorge le brûlait, tout son épiderme semblait parcouru de milliers d'aiguilles sans parler de ce qu'il ressentait au plus profond de son corps. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant? Pourquoi ?
« Mon corps...ça brûle ! Ça brûle ! Maître ! »
« Respire, Nathan. Fais le vide dans ta tête. »
« Je...ne peux pas. C'est...insupportable ! Faites que cela cesse, par pitié ! Maître ! »
« Ton corps te pousse à te nourrir, tu ne dois pas céder ! Puise dans la Force, puise dans la lumière pour calmer ta douleur et retrouver tes esprits ! Tu peux le faire ! »
« Ça...fait pas trop mal ! »
« Veux-tu devenir un danger pour tes camarades ? Ton corps te pousse à te nourrir de la cervelle du premier venu, je refuse de croire que tu veux y céder ! Alors sors-toi les doigts du cul et repousse ce désir monstrueux qui empoisonne ton esprit ! Allez ! »
Le jeune homme était habitué au franc parler de son maître et ne rebondit donc pas dessus, il n'était d'ailleurs pas vraiment en état de le faire. En vérité même si son maître ne le lui disait pas clairement, le jeune homme savait que l'épicanthix n'hésiterait pas à le passer par le fil de son sabre laser plutôt que de le laisser attenter à la vie de ses camarades présents sur ce vaisseau. Ce n'était pas la bonne méthode, pas la façon de faire des jedis, mais certainement la façon la plus rapide et efficace de désamorcer la bombe à retardement qu'était l'anzati. Conscient de cette menace à peine dissimulée, désireux de ne pas fuir ses responsabilités, le garçon tenta tout de même sa chance.
Se redressant approximativement, fermant les yeux, le garçon étendit une première fois son esprit pour appeler la Force à l'aide mais le contact se rompit bien vite lorsqu'une autre vague de douleur le tétanisa, l'obligeant à serrer les dents car il ne voulait pas autoriser la douleur à sortir de son corps. Nécessitant plusieurs dizaines de secondes pour s'en remettre, le garçon ouvrit son esprit à la Force de nouveau en préparant son esprit aussi bien que possible, au vu des circonstances. Pendant quelques instants la douleur recula quelques peu avant de revenir à la charge, clouant le garçon au sol tout en lui montrant que cela restait réalisable.
Cette lutte dura pendant une heure complète jusqu'à ce que, finalement, le garçon parvienne à tenir cette douleur en laisse, comme le plus sauvage des animaux. Il était là, assis par terre, les jambes croisés et les mains posées sur ses genoux. De prime abord on aurait pu croire qu'il se reposait mais son maître le voyait bien, lui. Il voyait bien le léger tremblement qui parcourait chaque fibre de sa peau et, surtout, il ressentait bien son état émotionnel à travers la force. En vérité ce n'était pas une lutte entre instinct et raison, cela ressemblait davantage à une tentative d'attraper une tornade avec un lasso. Mais, contre toute attente, le jeune homme était arrivé à attraper cette tornade et, même s'il lui faudrait des semaines entières pour parvenir à combattre et utiliser la Force sans que sa poigne ne faiblisse, il tenait définitivement le bon bout.
Lorsque son maître revint le lendemain matin, exactement 24 heures plus tard, ce dernier trouva son poulain dans la même exact position sans qu'il n'y ait le moindre signe qu'il ait bogué au cours des dernière heures. S'asseyant face à lui, contemplant son visage fermé et ses yeux clos, ressentant un calme un peu moins crispé à travers la Force, c'est avec soulagement que l'épicanthix lâcha :
« Félicitations, Nathanael. Tu es désormais un jedi accompli. »
Le jedi concerné ne comprit pas tout de suite le sens de ces mots, supposant qu'il s'agissait simplement d'un moyen de le féliciter pour avoir gardé le contrôle, il perdit sa concentration l'espace de quelques secondes lorsque le Lioth lui annonça qu'il pourrait passer les tests dés qu'il se sentirait prêt. Quels tests ? Ceux qui lui permettraient de couper sa natte, de forger son propre sabre laser et de pouvoir à son tour former un jedi quand il se sentirait prêt.
S'il fallut des semaines au garçon pour tout réapprendre à zéro, ou tout du moins pour apprendre à faire ce qu'il connaissait déjà tout en maintenant sa faim constante en laisse, il se sentit finalement prêt et passa les épreuves avec brio ce qui ne manqua pas de le mettre en confiance pour la suite. Pourquoi une telle confiance soudaine ? Parce qu'il était capable de faire aussi bien que n'importe quel autre futur chevalier avec un certain handicap en plus ce qui, techniquement, le mettait au-dessus des autres quoi que puisse en dire son maître. Au final, sans vraiment s'en rendre compte, cette première grande victoire allait mettre le futur chevalier sur les rails qui feraient de lui le présomptueux explorateur et le talentueux bretteur qu'il était aujourd'hui.
Plutôt que de former un padawan comme le voulait la tradition, le nouveau chevalier Kort décida de voir un peu du pays et de retourner au Corps d'Exploration jusqu'à ce qu'il se sente prêt à passer le flambeau. Au vu de sa longévité il pourrait se passer des décennies voire des siècles avant qu'un tel déclic ne se produise mais, de toute façon, il avait devant lui tout le temps du monde. Sans plus attendre il prit son chasseur et retourna sur le vaisseau qu'il considérait comme son foyer, il n'allait plus faire que suivre son maître mais bien participer à des missions en solo, peut-être même mener certaines d'entre elles. Durant les années suivantes il ne chôma clairement pas, enchaînant les missions à un rythme effréné tout en se permettant quelques échanges avec son ancien maître de temps à autres. Si chacune de ses explorations renferma un risque évident, aidant le jedi à forger l'individu qu'il serait amené à devenir, l'une d'entre elles eut un plus grand impact sur le chevalier Kort que toutes les autres missions réunies.
Cela devait être une mission de routine, la tâche du jeune homme était de s'arrêter en orbite de plusieurs planètes récemment repérées et, avec son chasseur, effectuer les relevés préliminaires : rien de nouveau sous le soleil. Ce genre de mission l'emmenait loin des siens pour plusieurs semaines voire facilement plusieurs mois, il en avait l'habitude désormais. Seulement voilà, la réalité du terrain étant toujours bien différente de la préparation théorique, le jeune homme fut victime d'un léger pépin lorsque son chasseur sortit de l'hyperespace au beau milieu d'une ceinture d’astéroïdes. Ses calculs avaient-ils été mauvais ? Était-il réapparut trop tôt ou trop tard ? Apparemment oui. Il agrippa donc fermement les commandes et tenta de naviguer au beau milieu de ces innombrables rochers mais, avec l'effet de surprise contre lui, le jeune homme ne parvint pas à éviter l'un des plus petits rochers qui frôla son appareil d'un peu trop près. Son chasseur endommagé par cet impact, perdant de sa stabilité et du carburant, ce fut en catastrophe que le jedi fut forcé de se poser sur cette planète inconnue. Cela commençait vraiment bien !
Il pénétra donc dans l'atmosphère de cette planète tropicale, celle-ci était principalement recouverte de forêt mais avait également quelques planètes et une seule chaîne montagneuse mais le jeune jedi n'eut pas l'occasion d'observer davantage. Il fut forcé de se concentrer pour ne pas crasher son vaisseau à atterrissage. Fort heureusement sa chute fut ralentie par toute une tripotée de branches, ce qui lui permit d’atterrir au beau milieu de la forêt, non sans que ses train d’atterrissages ne rendent l'âme grâce à la violence de leur rencontre avec le sol. Il était donc désormais seul au beau milieu d'une planète où il faisait chaud et humide, sans renfort et surtout sans savoir si ce lieu était déjà habité. S'extirpant prestement de son appareil, le jeune homme posa les pieds sur l'herbe et commença à se balader un petit peu dans les environs, afin de repérer un point en hauteur depuis lequel il pourrait couvrir une plus large zone, mais la seule possibilité semblait de grimper à ces gigantesques arbres.
Lorsqu'il revint sur le lieu de son arrivée, un grognement puissant suivant d'un bruit sourd parcourent l'air. En levant les yeux en ciel, le jeune homme ne crut pas tout de suite à ce qu'il vit. C'est lorsque ce gigantesque rocher vint s'écraser sur son vaisseau qu'il réalisa ne pas être en train de rêver. L'instant d'après l'épave partit en flamme, provoquant une explosion dont le souffle projeta le garçon sur un tronc d'arbre derrière lui. En regardant ce qui restait de son chasseur, le jeune Kort ne put que lâcher :
« C'est une blague, j'espère. »
Regardant dans la direction d'où venait le projectile, vers l'horizon, le jeune homme aperçut une forme bipède qui semblait être responsable du cri de tout à l'heure. Était-celle aussi la lanceuse du rocher ? De sa position, le jedi ne pouvait pas le dire. Sabre laser à la main, furieux que son seul moyen de transport et de communication ait été réduit à l'état de carcasse, Nathanael s'avança de cette forme à grandes enjambées tout en s'écriant à pleins poumons :
« Hey ! C'était mon vaisseau ! Oh putain, viens ici ! J 'vais te faire ta fête ! »
Si la créature ne semblait pas vouloir bouger, sa carrure et sa taille ne firent qu'augmenter à mesure que le garçon se rapprochait d'elle. Une fois à portée le jedi réalisa enfin l'erreur de son empressement. Cette bête bipède avait une peau à la teinte maronné mais, plus que sa carrure, c'était sa taille atteignant presque les dix mètres de haut qui forçait le respect.
« Peut-être pas, en fait. »
Des bruits dans les arbres forcèrent le garçon à lever la tête pour voir d'autres créatures similaires le toisant du regard. Celles-ci ne faisaient pas plus de 3 mètres de haut, avec la peau plus verdâtre, mais elles avaient les mêmes caractéristiques que la bête gargantuesque face à lui. Pouvait-il vaincre ce monstre ? Si son côté guerrier téméraire le poussait à croire que oui, son instinct de survie savait bien que non. Se faisant violence pour reporter cet affrontement à un jour plus propice, le nouveau chevalier tourna les talons et s'aida de la Force pour travers la forêt à grande vitesse, préférant mettre le plus de distance entre lui et ces étranges bêtes avant qu'elles ne décident de faire du jedi leur prochain repas.
Où était-il tombé ?
En un instant il passa de mâle alpha à bêta, de prédateur à proie, de loup à mouton se cachant pour survivre à ses très nombreux prédateurs, car ces monstres massifs étaient loin d'être les seuls à habiter cette planète. Était-ce de la peur qui le poussait à se créer des abris aussi discrets que possible ? La crainte d'une mort potentielle l'obligeait-il à se cacher de la sorte ? Non, ce n'était nullement de la peur mais une simple déduction logique. Le jeune homme avait appris à analyser le terrain et s'adapter en conséquence, ici il était sans matériel et livré à lui-même au milieu d'innombrables prédateurs qui se feraient une joie d'en faire leur prochain repas. Il pouvait arpenter la forêt sabre laser à la main, tranchant tout ce qu'il y aurait devant lui, mais il savait aussi que cette méthode ne lui permettrait pas de durer bien longtemps. Il s'épuiserait vite et rejoindrait la Force tôt ou tard. Il devait être plus malin que cela, il était plus intelligent que cela.
Si durant les premiers jours le jeune homme espéra qu'on vienne le chercher rapidement, il se rendit rapidement compte que personne n'attendait son retour avant plusieurs mois et qu'il faudrait encore plus de mois avant qu'ils ne commencent à s'inquiéter. Acceptant ce fait, ce fut à partir de ce moment-là qu'il chercha un moyen de survivre à cette planète et de ne pas simplement se cacher comme un mouton apeuré. Après tout il était un chevalier jedi, un jedi particulièrement talentueux en plus de cela : il quitterait cette planète un jour ou l'autre ! Une année complète, douze mois, ce fut le temps que le jeune homme passa sur cette île et, durant ce séjour qui fut une lutte de tous les instants le garçon changea drastiquement surtout sur le plan physique. Le manque de matériel de soin corporel poussa le jeune homme à se laisser pousser les cheveux et la barbe jusqu'à ressembler au look qu'il possède encore aujourd'hui, lui donnant un aspect plus sauvage que celui qu'il en arrivant. En vérité jusqu'à maintenant il avait toujours fait attention à son apparence physique, impeccable rasé et habillé, mais les circonstances l'avaient obligé à changer. Ce n'était pas plus mal ainsi.
Après plus d'une année sur cette planète, à quelques semaines près, le jeune homme entendit un puissant vrombissement dans l'air. Curieux, réveillé et aux aguets depuis l'aube, il s'extirpa de son abri réalisé à partir d'un arbre couché sur le sol et grimpa jusqu'au sommet du plus haut spécimen qu'il put trouver. Quelle ne fut pas sa surprise de voir un appareil s'approcha d'une partie dégagée à quelques kilomètres à l'ouest de sa position. Venaient-ils enfin le chercher ? Apparemment. Ce fut donc un homme nouveau, transformé, plus sauvage qui se présenta à l’orée de la forêt. Les vêtements déchirés, les cheveux longs attachés en arrière, la barbe dense, c'est avec méfiance qu'il accueillit ses sauveurs. Posant un regard plus dur qu'auparavant sur les personnes qui sortirent de l'appareil, ne pouvant se débarrasser en un instant de toute une année passée en territoire terriblement hostile, il lâcha sur un ton cassant :
« Ah bah putain, vous avez pris votre temps. »
Il lui faudrait des semaines entières pour retrouver son calme et son flegme habituels, des jours entiers pour se sentir de nouveau en sécurité et ne pas regarder systématiquement dans son dos à chaque instant, mais il finirait par y arriver. Dans la vie d'un individu les événements qui marquaient au fer rouge le cours de cette existence pouvaient généralement se compter sur les doigts d'une main et, à n'en pas douter, ce petit séjour en solitaire était l'un d'entre eux. Cela avait été une expérience terriblement éprouvante sur le plan physique et moral, luttant contre le désespoir et la fatigue à chaque instant, mais au final le jedi s'en était sorti et cela lui avait au moins permis de gagner en confiance. S'il était capable de repousser sa faim constante, s'il était capable de survivre sur une planète où tout semblait vouloir sa mort, alors il n'avait pas à s'en faire pour l'avenir : il deviendrait rapidement un maître jedi de renom.
Cela faisait désormais trente années que le jeune homme était devenu un électron libre, qu'il avait coupé sa natte et forgé son propre sabre laser mais il n'en était encore qu'au début de son chemin. S'il se savait – ou du moins se pensait a- au niveau d'un maître, sabre laser à la main, il savait très bien que sa grande confiance en lui et son attitude en générale étaient les principales raisons pour lesquelles il n'obtiendrait pas le rang de maître de si tôt. Mais allait-il changer sa façon d'être pour autant ? Pas du tout, c'était son attitude qui l'avait mené à être l'homme qu'il était aujourd'hui. C'était son attitude qui avait fait de lui l'un des nombreux piliers du Corps d'Explorations Jedis et c'était cette attitude qui le mènerait vers les sommets qu'il visait. Être chevalier était une étape mais seulement la première d'entre elles.
Il était un membre éminemment actif de l'ordre jedi, un pilote émérite, un bretteur de talent et un explorateur intrépide. Voilà qui était le chevalier Nathanael Kort.